V - La libraire encore

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La nuit du vendredi fut l’une des plus longues de l’été. On se tannait la gorge tant le ciel pesait lourd. On ne respirait plus malgré les fenêtres ouvertes. L’air se faisait teigneux, virait pendard. Il ne répondait plus aux appels. C’était plus vivable la température dans ce pays. Ça virait fournaise en terres urbaines !

Tout de même, je réussis à dormir plus de huit heures. Une impression de rêve flottait au matin. Je ne m’en souvins que très peu. En même temps, je ne m’en souvenais presque jamais de mes songes. Ils n’avaient pas tellement d’importance. À mon réveil, il faisait encore très chaud au sein de l’appartement. Je me rendis compte de l’heure. J’amassai alors quelques affaires pour mon cartable gris : feuilles de papier, pomme, gomme, et polaroïd. En sortant, surprenante découverte : un document glissé sur le palier de ma porte d’entrée. C’était un courrier épais, inséré dans une enveloppe kraft couleur brune. Je l’introduisis dans mon cartable, puis dévalai les escaliers en deux-deux pour ne rien louper de la suite.

Par malheur, quelqu’un m’attendait au dehors de l’immeuble. Valentin que c’était. Il semblait marqué par la crainte : des cernes creusés au visage, la tête tournée vers le crasseux. Quand il me vit arriver, il se précipita à mon encontre : « Je peux te demander conseil mon gars ? » Cela m’ennuyait, mais comme je ne voulus pas lui faire de peine, je répondis « Oui ». Des gouttes perlaient sur nos deux fronts. Le ciel avait beau être couvert à moitié, on cuisait déjà sur le trottoir. La canicule était là. « Lola ne veut plus me voir mon gars. Elle ne répond plus à rien. Hier, c’était mon anniversaire… Je lui ai acheté des fleurs. Je te l’ai dit : c’est mon petit coeur. Nous devions aller à la place des fêtes pour danser le canard, bouffer du calisson, s’envoler dans le carrousel ! Quelle vie… à dix-neuf heures, toujours pas de réponse. J’ai mangé tout seul comme un con… » Lola, c’était l’infirmière de Valentin. La fille qui s’occupait de lui quand il était chez les fous. Ça devait être sérieux cette histoire. Ses yeux de chien avaient perdu de leur superbe. Il était aux abois le bon français. J’étais toujours autant embêté. Il semblait attendre quelque chose de moi, mais je ne savais quoi lui donner. « Depuis que j’ai arrêté la kéta’, je ne l’intéresse plus. Je pense qu’elle voit quelqu’un d’autre. Quelqu’un de la clinique. Un mec perché, comme je l’étais à mon arrivée. Je m’attends à tout, quasiment tout avec elle, mais le pire, ce serait quand même un bicot. Ah ça… je m’en remettrais pas mon gars… » Il mit à l’arrêt son potin. Un bruit régulier de marteau-piqueur se faisait entendre à l’intérieur, le rire gras des ouvriers pas loin. Soudain, ses pupilles se redressèrent, lueur d’espoir : « Cette gamine-là, c’est de passion dont elle a besoin. De trempe. De panache. De bravoure ! Et je vais pas laisser le premier bicot venu le lui donner mon gars. J’irai la voir, aujourd’hui, dès que je finis, avec mes tripes, ma faim, mon coeur ! J’irai la voir, et je lui montrerai bien que c’est soit moi, soit rien mon gars. Si je peux plus vivre sans elle, alors elle pourra plus vivre du tout non plus. C’est moi qui te le dis. Crois-moi ! ». Il disait vrai. Je n’avais aucune raison d’en douter. Ah, quel courageux luron ! Excellente initiative. Il eut un sourire mauvais, et m’adressa des remerciements pour le mot. Il savait à quoi s’en tenir. Ce n’était pas grand-chose mais je les lui pris tout de même. Quand il fit mine d’allumer sa tige, je compris que je pouvais filer. La pente raide, rue de la mare, était encore devant moi. Je devais vriller le pas.

Tout en haut de cette dernière, je reconnus l’immeuble en terre creuse et aux fenêtres à meneaux. Le seul du quartier. Les volets de mademoiselle Binet étant fermés, je me trouvais encore plus à la bourre que ce que je pensais. Habituellement, la jeune femme était toujours l’une des dernières à monter aux Jardins. En arrivant rue Botzaris, je reconnus la silhouette allongée sur le sol. Monsieur Pavlo que ça se présentait. Il était couché ivre-mort sur la chaussée. Difficile de savoir ce qu’il avait bu la veille, mais ce n’était pas du petit lait. On aurait pu mettre n’importe quoi à ses côtés : il ne s’en serait jamais douté.

Aux Jardins, personne ne manquait. Comme je m’y attendais, mademoiselle Binet était bien là, encore, rayonnante comme jamais. Madame Walter, elle, claudiquait légèrement dans sa trotte. Les années commençaient à la rattraper. Une surprise était toutefois à noter : je remarquai que madame de Marelle était de retour, le visage radieux, le voile qui le marquait désormais éloigné. Quelque temps déjà que je ne l’avais aperçue aux Jardins. Pour la première fois, je la voyais accompagnée à la lumière. C’est qu’elle trottait avec sa môme, sa chère fille, sa petite greluche ! Ah, quelle scène ! Elles faisaient frémir l’âme de tous les amoureux d’ici. On se poilait le coeur de ces demoiselles. Ça caquetait même dans les environs. Les remerciements des canetons, provenant de l’étang.

Un banc, une position convenable, et le soleil en loisir ? Tout le nécessaire à mon plaisir. Après m’être assis, je sortis l’enveloppe laissée sur le palier et m’occupai de son pli. Elle était bien épaisse comme garniture. À l’intérieur, une liasse de feuilles, accompagnée d’un petit mot. L’expéditeur ? Juste un prénom. « Alexandre » qu’était signé sur le carton. Il avait lu mes nouvelles envoyées sur Agartha, et m’invitait ainsi à croiser le front. Que j’avais du talent. Qu’il pouvait servir ! À quoi ? Je ne savais pas. Pas plus de précision. Et les feuilles ? Une ribambelle d’articles en tout genre. Des trucs d’intellos, assez guindés, je ne voyais pas en quoi cela pouvait m’intéresser. Mais bon, dans ma grouille, je l’avais oublié mon crayon. Je n’avais pas de quoi griffonner le moindre trait. Il fallait faire mine, alors je les lus ses textes à cet illuminé.

S’occuper était une sorte de sécurité. On devrait toujours se brandiller sur une nouvelle bricole. Une bonne planque les Jardins, mais fallait pas en abuser. Et je songeais en connaissance de cause, m’étant déjà fait gauler. Avant, les commerces étaient de loin mes coins de prédilection. Pas ceux des pauvres, pas ceux de Couronnes ou de Belleville, où les vieux et les gueux viennent pour bouffer et pavoiser. Je parle ici des boutiques des beaux quartiers : ceux de Gambetta, ou plus loin dans l’hyper centre, au Marais et près des quais. Je m’y trimballais souvent à l’aube de mes jeunes années, quand j’avais pas de sous pour égayer mon sort. Là-bas, les bonnes femmes y passaient leur journée. Elles effleuraient tous les objets comme pour y laisser leur humeur. Du melon des étals, jusqu’au jus de citron pressé. Mes lieux de coeur étaient pourtant ceux pour la coquetterie. J’y demeurai dans ces allées jusqu’à la fermeture, en contemplant le défilement des dames. Ah, j’étais mioche encore ! La discrétion ne faisait pas partie de mes qualités. Les caméras de surveillance, je ne savais rien de leur existence. Quand le vigile me prit par le col, je crus que tout était fini. C’est qu’il faut les voir pour y croire les vigiles des épiceries ! Djibril et son frère, c’était de la gnognotte à côté. Un coup de pied dans le train, et je me retrouvais à quatre pattes sur la chaussée. Interdiction d’y rentrer.

Mais ce ne fut pas le pire. Une fois, je me pris le train, le vrai. Pour me rendre à Celles-Sur-Belle, voir monsieur Poulain, sa femme, le reste. D’abord, je me devais de descendre à Niort ; il allait m’y récupérer le vieux Poulain. Deux heures que pouvait durer l’affaire. Dans mon caisson, trois qu’on était. Une dame, son gars, et celui que vous connaissez. La femme, je n’en avais jamais vu de telles Parisiennes. Bien dodue comme il fallait. Elle avait passé les cinquante balais, mais semblait pas se l’avouer la mignonne. Ses formes débordaient de partout en protubérances. Elle était habillée comme les jeunettes, avec la courte jupe, le haut échancré, les cheveux bouclés, le bandeau autour. Et son gars, elle le lâchait pas. Elle le bécotait comme pas deux. Elle palpait le bonhomme comme s’il allait lui échapper. Un bonhomme du sud, au regard de sa peau cuivrée. Bien jeune le gaillard, beaucoup plus jeune que je ne l’étais. Qu’elle devait être contente de l’avoir trouvé son cambroussard !

Au début, je disais rien moi, je m’occupais dans l’ombre. Le paysage à ma fenêtre témoignait du temps balbutiant : tantôt plein de soleil, au travers de ses étendues de blé, tantôt bruineux en perspective, le long de ses interminables vallées. Mais même les âmes les plus tranquilles ont la croûte à pas dépasser. Fallait pas me tenter. Les petits suçons, les frottis-frottas répétés, les cajoleries à peine dissimulées, j’en pouvais plus moi : ils avaient qu’à se becqueter avec dignité ces deux-là ! Je me mis donc à me tâter. Mes doigts, je pouvais plus trop les contrôler. C’est la grosse qui hurla la première. Un cri d’hyène, et même le fracassement des wagons ne tint pas la dragée. Son petit gars, lui, me sauta dessus. Une mandale, puis deux, puis trois. Ça s’enchaînait vite ces marchandises-là. Une quatrième pour trouver mon chemin ensuite. J’étais à sa merci. C’est qu’il cognait fort tout de même, au point que j’en fus surpris. Ma tête dansait au milieu des étoiles. Après, il fut repu le monstre. Il eut marre de moi. Il me lâcha. De toute façon, le train venait d’entrer en gare, les agents de wagon l’avaient tout juste annoncé. Dehors, monsieur Poulain me demanda à quoi était dû le coquard qui pointait. Je haussai les épaules. Il m’avait eu au lycée. Il y était habitué.

Mais tout cela était de la vieille histoire. On m’y reprendrait plus à faire le naïf dans les allées, ni à prendre des trains trop bondés. Aux Jardins, je ne me mettais pas en danger. Je m’occupais de mon derche. D’un coup, retour à la réalité. On venait de se planter à ma droite, une silhouette familière : c’était la libraire aux jolis doigts de pieds, toujours munie de son panier. Je ne l’avais plus revue depuis la dernière. Elle ne mangeait rien, elle semblait égarée dans cet endroit ; qu’est-ce qu’elle faisait là ? Dans ma tête, je dus causer trop fort. Elle parut m’entendre. Après plusieurs secondes, elle sortit un livret du panier et se mit à gribouiller. Je voulus tendre l’oeil mais je me serais fait griller. Les papiers d’Alexandre devaient m’occuper la bille. Un quart d’heure plus tard, je songeai tout de même que cela durait son moment. Près de nous, les Jardins prenaient vie. Les familles, les mômes, même les chiens étaient de sortie. Ils agitaient fièrement leur liberté au monde les coquins. Seuls les enfants rivalisaient, à une nuance près : pas de laisse pour les rappeler, eux, à qui ils appartenaient.

À ma droite, la libraire rangea son carnet. Elle se leva assez vite, soudain pressée. J’attendis, le temps de lui laisser mettre deux arbres entre nos vies. Puis je pris mon courage à deux mains, et la suivis.

Au début, elle emprunta le même trajet qu’à la dernière occasion. Les feux de la route, eux, furent plus rapides, et je n’eus pas le temps de faire usage de mon polaroïd. Arrivé à l’intersection de Ménilmontant, il y eut un changement de direction : elle ne se défila pas vers le bas, rue Sorbier qu’elle préféra cette fois. Au numéro quatre, elle ralentit le pas, prit le temps d’un soupir. Elle devait se remettre de la foulée. Ensuite, elle loucha dans son panier, fouilla l’intérieur, en sortit ses clés. Ce fut bien inutile : la porte du bâtiment, vitrée, n’était pas fermée. Comme on pouvait y voir au travers, je saisis l’opportunité. Il fallait l’oser ce coup d’oeil, faire le fripon curieux, pas trop longtemps tout de même. Il y avait une terrasse à côté, ses tables semblaient pleines. À l’intérieur, je vis la jeune libraire ouvrir une boîte aux lettres. Elle prit le courrier qu’elle contenait, rangea l’affaire, et utilisa la clé pour franchir la deuxième porte du vestibule. Elle disparut après.

Pareilles aubaines, fallait pas trop se faire prier. En pénétrant au sein de ce vestibule, j’identifiai la boîte aux lettres utilisée. Sur celle-ci était écrit son nom complet. Ah, la veine ! D’habitude, je devais me contenter de l’appellation officielle. Là, j’avais droit à son petit nom. Romane Scherbatsky qu’elle s’appelait. Romane, beau prénom. Aussi élégant que son menton. Je pouvais la laisser vaquer à ses occupations.

Ça se choura vite ma raison. Je ressentis une vague appréhension en sortant. De l’autre côté de la rue, il y avait un banc vide offrant refuge. De là, je pouvais apercevoir un bout de fenêtre du premier. Petite comme elle l’était la bicoque, c’était forcément son lieu de vie à la Scherbatsky. Je ne pouvais y voir qu’à moitié. Malgré la chaleur, elle ne considérait pas opportun de bien flanquer ses rideaux d’intérieur. La rambarde m’était toutefois offerte. Romane faisait pousser de la jacinthe dans un pot accroché au rebord. Main verte, tête pleine, qu’en était-il de son sort ?

Après cela, j’attendis encore, une heure ou deux, puis, jusqu’à la fin de la journée. Lorsque le ciel commença à tomber, enfin, elle remit le nez dehors. Elle descendit la rue Ménilmontant, longea l’église Notre-Dame-de-la-Croix, et arriva vers un coin de quartier : la place Maurice Chevalier. C’était un modeste lieu d’allégresse, où des éclats de rires guillerets émanaient des terrasses de différents établissements. Elle était située juste devant l’entrée de l’église. De grands escaliers en pierre, larges d’une bonne vingtaine de mètres, espacés sur cinq niveaux, permettaient d’accéder à l’édifice gothique. Surélevé d’une dizaine de mètres par rapport au sol, il régnait seul en maître aux alentours.

Tandis que Romane s’approchait d’une des tables de la place, je rejoignis les marches de l’église. Sur celles-ci, de multitudes groupes de jeunes gens, l’allure débrouillarde, s’enthousiasmaient de la beauté du monde qui s’offrait à eux, au prix d’une pinte blonde et d’un tabac brun à rouler. Je me montai les trois premiers niveaux qui se présentaient devant moi, puis m’assis sur l’une d’entre elles, dos à l’église, mon regard couvrant Romane et cet horizon particulier. L’espace continuait de se remplir du bon peuple de Ménilmontant, soucieux qu’il était de célébrer la fin d’une semaine de juste cagnardise, pour les uns, et de gaieté laborieuse, pour les autres. Dès lors, artisans de la pierre, comédiens en galère, étudiants en arts naissants, et autres littéraires insouciants, tous adeptes d’une certaine forme de culture rouge, souvent débonnaire, rarement révolutionnaire, s’afféraient à bonder la place, sous les lueurs déclinantes d’un ciel orangé.

Après quelques temps, après que la lune eut été désignée reine, au détriment de ce bon vieux soleil, une dame aux lèvres fines vint aux pieds de l’église. Elle pria le monde présent de déguerpir. De loin, je pouvais m’apercevoir que Romane n’avait pas bougé. Elle était toujours assise à la même table, quoique désormais accompagnée. Je ressentis un creux ; la pomme n’avait pas suffi. Je partis donc laissant ma libraire en douce compagnie.

Les rues sur mon trajet furent bondées de bruit comme de chaleur. Ça bagottait en meutes, on devait faufiler pour se frayer chemin. À quelques mètres de la résidence, je discernai une silhouette devant la porte d’entrée. Valentin que ça se profilait. Son torse n’était couvert que d’une chemise en flanelle, trop large pour lui. Il tremblochait. Moi, j’avais faim, et puis j’étais ennuyé qu’il pût monter, mais le malotru s’était bien placé : on ne pouvait pas le contourner. « J’avais raison mon gars ! Elle m’aime. Elle m’aime ma Lola, et elle me l’a bien montré. Tous nos errements ne seront bientôt que du passé. » Après ces mots, il enleva la chemise qu’il portait. Son corps était couvert d’ecchymoses et de plaies. Avec lui, ce fut quelque chose de franchir les escaliers. Une vraie panade ! Et puis il n’avait pas pris que de la blonde le Valentin, son haleine en témoignait. Comme je n’avais pas de canapé, je pris quelques serviettes sales pour lui faire un lit de fortune, dans le salon. Je ne souhaitais pas que le mien fût utilisé. Il s’écroula vite. Sa causerie ne faisait toutefois que de commencer : « Au début, elle a pas voulu me le dire qui elle voyait. Qui c’était le sale bicot qu’elle fréquentait ! Je l’ai bien vu dans ses yeux qu’ils étaient plus comme avant, qu’elle me regardait plus de la même façon. Alors j’ai cherché. Son téléphone, elle voulait pas me le donner, mais tu me connais mon gars, je sais être convainquant. Ça a pas mis trop de temps. C’était pas un patient qu’elle se tapait ma Lola, c’était le patron ! »

Le ton était haut, grondant. Fallait tout cracher, se débarrasser de la toxine, du bouillon, sans plus tarder, avant le roupillon. Tandis qu’il se vidait, je rangeais le portrait de Romane que j’avais pu immortaliser sur les marches de l’escalier. Il n’était pas de la meilleure qualité. Je fis un tour dans la cuisine aussi. Dans le frigo, il restait du riz, une soupe, et des bouts de poisson frais de la veille. Suffisant pour pas crever. Je revins au salon. Valentin m’attendait pour continuer : « Évidemment, je me suis décidé à aller le voir. Elle a essayé de me retenir un peu, pour me tester. Je l’ai vu dans ses yeux mon gars : ça la rendait folle de me voir comme ça. Elle renaissait de plaisir ma Lola ! Le con de bicot, il fumait sa tige à l’entrée de la clinique. L’air de rien. Je lui ai fait comprendre le monde. J’ai dû lui en mettre quatre, cinq. Je me contrôlais plus mon gars. Quand ses gorilles l’ont relevé, il était dans un sale état. J’en avais jamais vu moi un homme chigner pareil. Ma Lola, elle est venue ensuite jusqu’à chez moi. Tous les bleus que tu vois là, c’est elle qui me les a faits mon gars. Et puis j’ai retrouvé ses yeux. Je les avais même jamais vus comme ça ! Après, on a repris des bonbons, histoire de se laisser percher. À la fin, elle m’a dit qu’elle allait y réfléchir à notre truc, que je lui laisse le temps pour ses affaires. Le sourire que tu vois aujourd’hui, il vient de là. »

Vint enfin la conclusion de sa petite histoire. Il aurait pu continuer des heures ainsi, mais il dut le comprendre mon ennui. On étouffait dans la pièce. Mon crâne se trempait de chaleur. « Je veux juste que tu retiennes une chose mon gars : la vie, c’est un combat. Si tu veux pas crever la gueule ouverte, l’amertume dans le coeur, faut y aller, faut se cogner, faut en redemander ! C’est bien ça ce qu’elle m’a appris ma Lola. Prends-en de la graine mon gars… »

Belle tirade quand même, vaillante logorrhée. Il respirait fort désormais mon pélot, son soulagement. Celui d’une victoire sur la vie, sur son funeste sort. La juste preuve que nous n’étions pas morts. Du moins, pas encore.

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