Sélection sexuelle et hiérarchisation
“Survival only becomes important to the extent that is tributary to reproduction” (Buss, 1998)
Contrairement à la pensée communément admise, la théorie de Charles Darwin (1871) ne se base pas uniquement sur le concept de sélection naturelle pour expliquer l’évolution des espèces. Elle s’appuie également sur un deuxième principe, beaucoup moins souvent cité, et pourtant non moins fondamental : celui de sélection sexuelle. Ce dernier formalise les différences constatées en termes de pression de sélection entre les mâles et les femelles d’une même population. Pour cela, il s’appuie sur deux phénomènes tout à fait complémentaires : la sélectivité intersexuelle et la compétition intrasexuelle (Buss, 1998).
Dans le processus de reproduction, la sélectivité intersexuelle concerne le choix effectué par les individus d’un même sexe. Si ces individus affichent un consensus sur les qualités désirées chez les partenaires de l’autre sexe, alors les détenteurs de ces qualités se différencieront de leurs pairs par un succès reproducteur plus important. L’exemple le plus remarquable en la matière est celui du paon mâle, dont la traîne multicolore devrait normalement constituer une faiblesse au regard de ses multiples prédateurs.
La compétition intrasexuelle, quant à elle, désigne tout affrontement se généralisant entre personnes de même sexe. En effet, si des individus sont en compétition les uns contre les autres, et que les vainqueurs bénéficient de la préférence du sexe opposé, alors les qualités qui mènent au succès dans ces compétitions se verront favorisées sur le long terme.
Chez la plupart des mammifères, la compétition intrasexuelle est en réalité beaucoup plus féroce entre les mâles, là où la sélectivité intersexuelle survient davantage chez les femelles. Fisher (1930) l’explique par l’écart dans l’investissement parental. À l’amorce de l’accouplement, la femelle met très souvent en jeu beaucoup plus de ressources que son partenaire afin d’aboutir à la naissance du nouveau-né.
Il résulte de ces deux phénomènes des résultats assez édifiants. Chez les éléphants de mer, par exemple, Dawkins (1976) étaye que sur près de 25 mâles, un seul est en réalité impliqué dans près de 90% des copulations observées. Ils ont ainsi pour habitude, une fois par an, de s’engager dans des combats extrêmement violents, parfois mortels, dont le sort détermine la structure hiérarchique de la société à mettre en place.
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