Chapitre 21

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« Je vais voir ma frangine et son mec, ce week-end. Tu veux m’accompagner ? » fit Loïc, le mardi matin en repassant dans la chambre pour s’habiller.

Maxine, une peluche dans les bras et les yeux ensommeillés, se retourna vers lui en négligeant toute pudeur résultant de ce mouvement. Loïc s’approcha pour remettre le drap où il aurait dû être, afin d’éviter d’avoir des idées qui pourraient le mettre en retard.

« Bien sûr. Mais c’est Sarah qui va me tuer. À chaque fois, c’est elle qui doit s’adapter à mes changements de plannings. Et puis, après elle m’oblige à être gentille avec elle. »

Loïc, de dos à cet instant, ne put s’empêcher de froncer les sourcils et de se demander ce que cette gentillesse recouvrait en réalité. Il se retourna et se pencha pour embrasser Maxine sur le bout de son nez, vu qu’elle planquait sa bouche sous sa peluche.

« Tu me confirmes ça, dans la journée ? »

Maxine se redressa au-dessus des draps et hocha la tête. Dieu qu’elle pouvait être indécente le matin au réveil, se dit Loïc, qui se dépêcha de filer au travail.

*

À onze heures trois minutes, Loïc reçut un message de la part de Maxine.

« C’est fait. Je serai dans tes bagages ce week-end. En revanche faut qu’on rentre avant dix-neuf heures. Dimanche soir, je bosse. »

Il ignorait comment elle avait négocié avec Sarah mais elle avait été plus qu’efficace. Trois petites minutes ? Sa petite-amie l’étonnait un peu plus tous les jours.

*

« Tu ne parles pas beaucoup de ta sœur. À quoi elle ressemble ?

— C’est ma sœur jumelle, mais physiquement, elle est à mon exact opposé.

— Comment c’est possible ? fit Maxine en fronçant les sourcils.

— Tu ne te souviens pas de mes parents ? »

Maxine leva les yeux au plafond pour mieux visualiser ses souvenirs.

« Ok, je vois… Mais c’est vraiment possible ça, pour des jumeaux ?

— Autant qu’il est possible que ma sœur soit une fille et moi, un gars. »

Maxine se tut un instant et puis continua ses questions.

« Je croyais que les jumeaux étaient toujours inséparables. Pourtant, je ne te vois jamais l’appeler. Et comme j’ai dit, tu n’en parles pratiquement jamais.

— Le côté inséparables, ça dépend de quoi on parle. Avec ma frangine, on n’a pas vraiment ce genre de relation et quelque part, ce n’est pas forcément un mal car à partir du moment où l’on est ensemble, les gens passent leur temps à nous comparer. Or, nous sommes différents et pourtant avec ma sœur, c’est évident. Bref, c’est ma sœur, pas mon âme sœur.

— C’est sûr. Ton âme sœur, c’est moi. »

*

Maxine continua à interroger du matin jusqu’au soir Loïc sur sa gémellité jusqu’au début du week-end. Il sembla que le sujet la passionnait et qu’elle était excitée d’avoir un spécimen vivant sous ses yeux. Ce ne fut qu’une fois dans la voiture en route pour aller chez cette frangine, qu’elle se résigna à changer de sujet de conversation.

La rencontre entre sa sœur et Maxine revêtait un certain enjeu pour Loïc car ce qu’il avait omis de dire, c’était que sa frangine était loin d’avoir été une tendre vis-à-vis de ses anciennes conquêtes, du moins pour celles qui avaient suffisamment duré pour passer cette confrontation. Cette fois-ci, les choses lui semblaient un peu différentes et il comptait sur la capacité qu’avait Maxine de ne jamais agir comme on pouvait s’y attendre.

*

Loïc était persuadé que Maxine n’anticipait pas le fait de rencontrer Rachel et Adrien parce qu’il gardait en mémoire sa rencontre avec ses parents. Mais il négligeait le fait que tout était arrivé complètement à l’improviste.

Cette fois, Maxine avait eu quatre jours complets pour appréhender les choses et comme c’était la sœur de Loïc, elle cogita. Elle ignorait comme on faisait pour parler à une sœur. Avant, l’autre était fils unique alors elle n’avait jamais pu s’entraîner. Et d’ailleurs comment allait-elle expliquer cet « autre », si jamais le sujet débarquait dans la conversation. Et puis… Tout se bousculait dans la tête de Maxine.

« Tu descends ? Adrien nous a vus. Il descend pour nous ouvrir. » fit Loïc.

Ce dernier vit bien le regard un peu hagard de sa compagne et il décida de s’accroupir devant elle.

« Ça ne va pas ? Tu es toute pâle, d’un coup. Ma sœur ne va pas te manger. Et Adrien encore moins. Quoique vu la taille du lascar, il le pourrait vraisemblablement. »

Cette dernière remarque réussit à arracher un sourire à Maxine. Elle sortit de la voiture et attrapa le bras de Loïc comme une gosse qui refuserait de se laisser abandonner.

« On y va. Mais serre moins fort mon bras, sinon je vais terminer anémié avant même d’arriver à l’appartement. »

*

« Rachel n’est pas encore là, elle finit quelques courses, mais entrez ! Comment tu vas ? » fit le grand blond balèze qui ouvrit la porte.

Loïc fit les présentations et Adrien profita de l’entrée de Maxine dans le salon pour faire un discret pouce en l’air à son adresse.

« Ne faites pas attention au bazar. La semaine a été un peu compliquée et nous n’avons pas trop eu le temps de nous occuper de l’appartement. »

Adrien était un gars sympa, plutôt bosseur et qui ne manquait jamais une occasion de gaffer. Et cela ne tarda pas.

« Apéro ? Je t’offre quoi, Pauline ?

— Moi, c’est Maxine. Tu peux m’appeler Max aussi. »

Adrien tenta de dresser une liste à la Prévert de tous les breuvages qu’il avait dans son bar, mais finalement tout le monde se rabattit sur les bières du frigo.

Sur ses entrefaites, Rachel fit son apparition et force fut de constater pour Maxine, que Loïc ne lui avait pas menti. Elle était en effet, totalement à l’opposé physiquement de son frère. Petite, cheveux châtains, le teint pâle avec une peau quasi comparable à la sienne, une voix plus grave aussi. Au premier abord, elle ne paraissait pas bien féroce, surtout à côté de son copain qui faisait deux fois sa taille, mais il ne fallait pas s’arrêter à ces signes extérieurs. Il y en avait d’autres et ceux-là disaient bien autre chose. Cela dit, Rachel semblait plutôt ravie de rencontrer Maxine.

« Au moins, tu tires moins la tronche que les autres, fit-elle.

— C’est toujours sympa pour les autres, répliqua Loïc avec un ton plein de reproches.

— Quoi c’est vrai ! Toi, Max, je suppose que tu ne les connais pas. Mais honnêtement, à chaque fois, je me demande comment elles te font kifer, ces meufs, continua Rachel à l’intention de son jumeau. Au moins, elle, elle rigole, elle est à l’aise ! »

Maxine hocha la tête. C’est vrai qu’elle avait réellement appréhendé toute la semaine la rencontre, même quelques dizaines de minutes auparavant, et là, vu la manière dont lui parlait Rachel, elle sentait qu’elle pouvait peut-être s’en faire une amie. C’était le même sentiment qu’elle avait eu la première fois qu’elle avait croisé le regard de Loïc.

Il devait y avoir un truc de famille, mais quoi ?

« Au fait, je ne vous ai pas demandé. Vous restez dormir à la maison, ce soir ? »

Maxine n’avait pas prévu cette question et se tourna vers Loïc.

« C’est comme tu veux, Max. Moi, je ne vais pas dire non. C’est ma frangine après tout. Je suis lié à elle depuis vingt-sept ans et pour l’éternité, alors tu te doutes bien que je ne vais pas la contrarier ! fit-il en riant.

— Espèce de lâche, s’exclama Maxine. Cela veut dire que je compte moins que ta sœur pour toi ?

— Oups, zone marécageuse, commenta Adrien à l’attention de Loïc. Cependant, nous sommes curieux d’entendre la réponse. »

Loïc regarda tout le monde en souriant.

« Sûr que non.

— Sûr que non, quoi ? renchérit Rachel.

— Sûr que non que Maxine compte moins que toi. Avec toi ce n’est pas pareil. Je peux te dire les pires atrocités, en fin de compte tu resteras ma jumelle. Alors que Maxine… Y a un enjeu. »

Rachel rétrécit ses yeux.

« Le sexe quoi. »

Maxine avala de travers. Elle ne s’y attendait pas.

*

Le repas, la journée jusqu’à la soirée filèrent à toute vitesse dans une ambiance comparable au repas du midi. Loïc s’assura à plusieurs reprises que Maxine se sentait bien car tout au long de leurs activités, il vit qu’elle restait parfois en retrait ce qui ne correspondait pas à sa manière d’être habituelle. Mais en vérité, il n’y avait rien de bien surprenant. Maxine se mettait juste en mode observation car le trio Rachel, Adrien et Loïc semblaient fonctionner depuis plus longtemps qu’elle et Loïc. Elle se faisait l’impression d’être une touriste en séjour dans un pays étranger. Certes avec le meilleur guide du coin mais cela ne changeait rien à sa situation.

Au milieu de la soirée, Loïc remarqua que Maxine commençait à décliner et il demanda à sa sœur s’ils pouvaient se retirer pour aller se reposer. Rachel comprenait parfaitement même si elle avait remarqué que le coup de mou de Maxine avait été brutal et que son comportement était un peu différent.

« Tu es sûre qu’elle n’a pas choppé un truc, un virus, un machin-chose dans le genre ? »

Satané gémellité. Sa sœur semblait parfois avoir des antennes pour débusquer la vérité.

« Ne t’inquiète pas, elle ira mieux demain quand elle aura eu une bonne nuit de sommeil. »

Adrien demanda un peu d’aide à Loïc pour transformer le canapé du salon en lit double.

« Normalement, il est confortable, on l’a déjà testé avec ta sœur.

— Ok, je te crois sur parole. Pas besoin de détails. » fit-il en rigolant.

Maxine arriva dans le salon, salua tout le monde et se réfugia sous les couvertures. Rachel et Adrien se regardèrent un peu surpris, et après avoir dit bonne nuit, s’éclipsèrent dans leur chambre.

*

Quand Loïc rejoint sa compagne dans le lit, il crut au moment de s’endormir que ce serait jusqu’au petit matin. Mais bien entendu, ce ne fut pas le cas. Maxine dormit profondément jusqu’aux environs de trois heures du matin. Était-ce le fait de dormir dans un lieu qu’elle ne connaissait pas, toujours est-il qu’elle n’arriva pas à se rendormir. Elle commença donc à s’agiter et à vouloir mettre au garde à vous, le petit soldat de son compagnon.

Ce dernier, en état d’hypnagogie, ne réalisa pas tout de suite ce qu’il se passait. Il se contenta de mettre les mains dans les cheveux de Maxine pour accompagner ses mouvements. Contrairement aux débuts, il n’avait plus à guider les gestes ou indiquer le rythme. Elle allait et venait enserrant de ses doigts, de sa langue, la chose qui peu à peu, enflait jusqu’à emplir plus d’espace dans sa gorge qu’elle ne pouvait en contenir. Mais ce n'était pas grave puisque c’était pour elle, le signal pour remonter doucement en surface, en arrachant à chaque palier, une caresse, une main baladeuse ou un baiser. Elle gardait cependant l’objectif en éveil, massant, frottant pour garder la grosseur au mieux pour l’instant à venir. Puis dans un mouvement félin, elle remonta ses hanches, la main sur le manche pour mieux s’empaler et ressentir ce moment où la chaleur s’engouffra en contrariant son intérieur.

« Reste-là. Au fond. »

Elle aurait voulu que la vigueur de son homme se figea, pour rester en suspens puis reprendre quand elle l’aurait voulu, ses va-et-vient. Elle savait très bien qu’elle en demandait beaucoup alors elle resserra son étreinte. Loïc était désormais parfaitement éveillé et voyant les manœuvres de Maxine, il comprit ce qu’elle voulait. Il posa ses mains sur le haut de ses petites fesses et enserra ses hanches. Puis attendant son signal, il l’accompagna dans ses à-coups, empreints d’une certaine violence, surprenants venant d’un corps si mince et si frêle tel que celui de sa compagne.

Maxine n’entendait plus le monde extérieur. Elle était dans une sorte de lutte, physique pour atteindre son état ultime d’apesanteur. La sueur commença à perler sur son front, dégoulinant dans son cou, dans son dos, roulant jusqu’au creux de ses reins. Elle se mit à gémir mais dans les secondes qui suivirent, la main gauche de Loïc vint pour l’en empêcher. Elle se débattit et se mit à pousser, à ancrer toujours plus profondément son corps au sien et au bout de quelques minutes, elle se mit à ruisseler, prise de tremblements et de soubresauts incontrôlés. Loïc qui n’avait pu que suivre la même voie, fournit un ultime effort de lucidité pour l’accompagner dans la redescente. Elle posa sa joue sur le torse de son compagnon, essoufflée, ankylosée mais plongée dans cette béatitude dont elle ne se lassait pas, quelles que fussent les folies à faire pour l’atteindre.

Elle bougea un bras pour aller chercher de sa main droite, celle de Loïc et la ramener contre sa joue, puis elle s’endormit.

*

Le lendemain matin, malgré qu’elle fût satisfaite de sa nuit, Maxine fit sa ronchonne lorsqu’il fallut se lever.

« Houlà, Cendrillon n’est pas du matin, on dirait, fit Rachel. En même temps, vu qu’elle a complètement grillé sa permission de minuit, je crois que je comprends. »

Maxine fronça les sourcils car elle refusait de comprendre ce qu’insinuait la sœur de Loïc. Elle se tourna vers lui.

« Oui, non, pour la discrétion, on repassera, fit-il dans un sourire embarrassé.

— On repassera, on repassera. Mollo. Ce n’est pas une salle d’exam, ici ! » rappela Rachel faisant non du doigt.

Du coup, Maxine modéra sa mauvaise humeur matinale. Elle avait la sensation d’avoir quelque chose à se faire pardonner même si c’était fondamentalement ridicule. Rachel vint à sa rescousse pour lui dire qu’elle n’avait rien à se reprocher. Juste, il fallait le reconnaître, il était compréhensible de ne pas être à l’aise avec ce genre de chose. Après tout, Loïc était son frère et elle, sa sœur. Autant entre amis, ça pouvait facilement passer, autant avec le lien gémellaire, c’était clairement plus compliqué voire malsain. Bref, elle n’était pas à l’aise et Maxine lui avoua qu’elle n’y avait pas pensé.

« Encore heureux que tu n’y as pas pensé ! fit Rachel prise d’un fou-rire.

— Je m’enfonce un peu plus à chaque fois que je dis quelque chose.

— Hum, je t’adore. » fit Rachel en la gratifiant d’une bise sonore sur la joue.

*

Comme pour tous les week-ends, le temps fila à toute vitesse. Loïc et Maxine durent reprendre la route en tout début d’après-midi.

« A priori, tu as passé ton exam d’entrée, haut la main, avec ma frangine.

— Tu trouves ?

— Fais-moi confiance. Tu es même la première pour laquelle elle m’a donné son assentiment. »

Maxine n’avait aucune idée si Loïc disait cela pour lui faire plaisir, ou bien si c’était qu’il y accordait une importance quelconque. Mais elle se sentait bien, tout en étant incapable de comprendre dans quel univers, elle venait de débarquer.

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