Chapitre 24

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Maxine attendit qu’ils eussent tourné à l’angle de la rue, pour lâcher la main de Loïc et se retourner.

« Alors ? J’étais bien ? » demanda-t-elle avec une expression qui laissait clairement deviner qu’elle était fière d’elle.

Il fallut une bonne vingtaine de secondes à Loïc pour réaliser ce que signifiait la question. Pour quelle raison étrange, Maxine semblait considérer son entrevue avec son père comme une sorte de jeu de rôles ou une sorte d’examen ?

« Je ne te suis pas. N’est-ce pas plutôt à toi de dire comment tu as reçu ce que t’a dit ton père ? »

Maxine regarda Loïc. Le sourire de son visage s’effaça. L’inquiétude se mit à briller au fond de ses yeux.

« Ce n’était pas bien ? »

Voyant l’expression de Maxine et comprenant qu’il allait déclencher une mauvaise réaction chimique dans sa tête, Loïc dût changer son fusil d’épaule.

« Non, je n’ai pas dit cela. Tu étais très bien, tu m’as même surpris car j’ai trouvé à un moment que ton père exagérait.

— Ah bon ? » fit Maxine, visiblement interpelée.

Loïc tentait de réfléchir vite afin de se sortir de la situation dans laquelle il venait de se mettre. Plutôt que de l’accompagner dans son cheminement de pensée, il avait pris la balle au bond et tenté de diriger l’échange.

« Tu as trouvé tout ce qu’il t’a dit, correct par rapport à toi ? »

Maxine, comme elle avait l’habitude de le faire dans ce genre de cas, leva les yeux pour fixer un point imaginaire, puis elle finit par répondre.

« Pas vraiment, mais il n’y avait rien de réellement faux dans ce qu’il a reconnu. Ma mère m’avait toujours dit qu’il l’avait abandonnée et c’était vrai, il l’a dit. Mais là où moi, j’ai pensé que c’était parce qu’il ne voulait pas de moi, ou qu’il avait une maîtresse, a priori, ce n’était pas le cas. Il n’a juste pas eu le courage de supporter ma mère, et si j’ai bien compris, il ne croyait pas au fait que je puisse être une solution pour oublier la mort de mon frère. Il n’avait pas tort, non ? »

Loïc était sidéré. Pas en mal. Il écoutait les paroles de Maxine et elles lui paraissaient miraculeusement limpides. Pauline avait raison sur toute la ligne. Maxine n’était pas cette petite chose fragile qu’il avait cru naïvement, avec toutes les meilleures intentions du monde, avoir à protéger d’une réalité crue et froide. Elle ne se révoltait pas comme une adolescente comme on aurait pu le craindre parce que, par moments, c’est ce qu’elle donnait à croire dans ses sautes d’humeur. Elle ne partait pas non plus dans une dépression parce qu’elle aurait pu juger que toute cette accumulation d’événements qui avaient un impact plutôt négatif sur sa vie, était injuste et qu’elle ne pouvait pas l‘endurer. Non, elle était Maxine, cette espèce de petit miracle sur pattes qui traversait à sa manière toutes les épreuves de la vie comme une funambule. Loïc avait déjà, et c’était une évidence, une affection pour Maxine dont il était difficile d’imaginer l’intensité. Mais cet amour était calé sur l’image de cette Maxine qu’il avait malgré lui, enfermée dans des limites qu’il croyait indépassables pour elle. Pourquoi le croyait-il ? Pire, ne le voulait-il pas ? Pauline lui avait donné la clé et lui, il avait trouvé une raison de ne pas y croire.

« Je pense, oui, finit-il par répondre.

— Du coup, il n’a pas tort en disant qu’il n’y a rien à se faire pardonner. Je ne suis pas certaine que, moi, dans les mêmes circonstances, je n’aurais pas pris les mêmes décisions. Je ne sais pas, en plus. Je n’y étais pas. C’est toi-même qui me l’as dit : on ne peut que se faire une idée en posant les questions à tout le monde. Du coup. Il ne veut pas se faire pardonner ? Je ne lui pardonne pas alors. Je comprends. Après il veut faire des choses avec moi, me connaître par exemple, que je puisse le connaître : pourquoi pas. J’ai tort ? »

Loïc s’avança vers Maxine jusqu’à rentrer en contact avec elle et la prendre dans ses bras.

« Non, fit-il. Mille fois, non. »

Et il embrassa le plus vigoureusement qu’il put, une Maxine qui eut un bref instant, les yeux qui s’arrondirent comme des soucoupes, mais qui, devant la fougue de ce baiser, se laissa emporter en fermant les yeux.

*

Après ce moment un peu spécial, Loïc eut envie de faire quelque chose pour fêter ceci et bien qu’il n’eût rien préparé, il dit à Maxine de réserver sa soirée du lendemain. Cette dernière fronça un peu les sourcils, car elle ne voyait pas ce que cela cachait, mais après tout, vu que Loïc paraissait enthousiaste quant à gérer le programme, elle accepta volontiers.

Loïc avait dans l’idée d’emmener Maxine dans l’un des restaurants les plus select de la ville. Le séjour au bord de la mer, exception faite de l’épisode aux urgences, lui avait particulièrement plu et donc, il semblait plausible qu’une telle soirée lui fasse plaisir de la même manière. En rentrant à la maison, Loïc laissa donc Maxine regarder la télévision toute seule une petite demi-heure, le temps de faire la réservation. Il eut une chance assez monstrueuse car le restaurant affichait complet sur plusieurs semaines mais quelqu’un venait de décommander et moyennant un petit coup de piston de la part d’une relation, il réussit à griller la priorité sur les personnes en liste d’attente. Il n’était pas très fier de cela mais pour l’occasion et pour Maxine, il estima que c’était légitime.

« T’as l’air bien content de toi, fit Maxine lorsqu’il s’assit à côté d’elle sur le canapé. Une bonne nouvelle ?

— Oui. Mais t’en sauras plus demain. En attendant, qu’est-ce que tu regardes ?

— Pas la moindre idée, y a deux filles qui causent avec un gars dans une cuisine depuis tout à l’heure et je ne comprends pas l’intérêt de leur conversation. Paraît que c’est la dernière émission tendance, mais bon… Je trouve ça ennuyeux à mourir. Si t’as fini avec l’ordinateur, je peux te le piquer ?

— Le tien est en panne ?

— Euh… Non. Mais il est lent. Du coup, j’ai tout bazardé sur le tien ce matin et je me suis dit que… Je pourrais te l’emprunter un peu quand tu ne l’utilises pas pour faire mes trucs.

— C’est quoi ? Un nouveau shooting olé-olé ?

— Non, espèce de pervers, va ! Juste des photos que j’ai prises en me baladant dans la ville cette semaine. Mais pour le shooting olé-olé… Je suis en train de réfléchir à un truc. »

Maxine se tut et sembla cogiter intensément. D’un coup, elle se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Elle attrapa les clés de la voiture de Loïc et se retourna.

« Je fais un saut par chez moi et je reviens ! »

*

Loïc n’eût même pas le temps de lui poser une question qu’elle avait déjà disparu dans les escaliers. À quoi avait-elle pensé ? Qu’était-elle allée chercher chez elle ? De toute évidence, cela devait avoir rapport avec le shooting. Allait-elle lui faire une séance privée en tant que modèle ? Le voulait-elle lui comme modèle ? Loïc se gratta la tête. Peu importe l’hypothèse qui se révélerait la bonne, si Maxine avait décidé de faire la chose quelle qu’elle soit, lui ne pourrait pas refuser. Le fonctionnement de Maxine était limpide dans ce genre de circonstance. Sauf à déclencher le drame absolu, en refusant la décision de sa Majesté Maxine, il ne lui était plus possible de faire marche arrière.

Loïc attendit donc avec une certaine appréhension le retour de sa petite amie. Et une demi-heure plus tard, Maxine débarqua dans l’appartement avec tout un petit attirail, un vrai studio photo portable. Elle avait même ramené une sorte de petite télécommande qui lui permettait de déclencher son appareil à distance.

Elle installa les lumières dans le salon, alla dans l’armoire de la chambre pour récupérer une grosse couette qu’elle jeta par terre. Elle refit un voyage pour récupérer les deux gros oreillers du lit. Elle installa ensuite l’appareil photo sur son trépied, vérifia l’angle et l’objectif. Puis elle se jeta sur la couette et fit signe à Loïc de la rejoindre. Celui-ci s’avança prudemment et dès qu’il fut à portée de main, Maxine le fit basculer à côté d’elle.

Elle l’embrassa et commença à défaire un à un, chacun de ses vêtements. Chaque fois, elle demandait à Loïc de prendre des pauses précises, lui faisant mettre les mains sur les endroits qu’elle découvrait. Puis d’une pression sur la télécommande, elle déclenchait la prise de photo.

« Embrasse-moi. »

Elle prit la tête de son compagnon et l’orienta de telle manière qu’elle puisse prendre le baiser sous toutes les coutures. Puis elle commença à déshabiller Loïc, vêtement après vêtement. Ce dernier tenta de protester mais Maxine eut tôt fait de lui répondre.

« Pas de privilèges. Monsieur. »

Loïc commença à ouvrir la bouche et pour couper court à la tentative de rébellion, Maxine de sa main gauche investit les dessous de son pantalon.

« Vous vouliez dire, Monsieur ? »

Loïc secoua la tête. Maxine déclencha une seconde salve de photos. Et elle continua ainsi pendant une bonne heure. Alternant photos et petits plaisirs.

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