Chapitre 4

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La Maxine qui ressuscita aux aurores, avait fait disparaître toute trace de fatigue et l’obscure humeur qui l’avait habitée toute la soirée de la veille. La Maxine nouvelle était d’humeur câline. Emmitouflée sous la couverture, elle s’était débarrassée des sweat, joggings et autres sous-vêtements. C’était donc nue comme un ver qu’elle s’était approchée de Loïc, l’enlaçant comme elle aurait enlacé un traversin et frottant les parties sensibles de son corps, qui contre son torse, qui contre la main qu’elle avait enserrée entre ses cuisses.

Lorsque Loïc émergea, quoiqu’un peu flou et pataud au départ, il ne put rester immobile, en simple spectateur. Il ne résista pas au besoin de repositionner sa main pour accompagner le mouvement lascif de Maxine. Manœuvrant de ses doigts dans les replis humides, il alterna caresses délicates pour lubrifier la zone et frôlements ciblés pour la sentir tantôt vibrer, tantôt frissonner. Le cri légèrement plus aigu qui venait effacer quelques secondes, le ronronnement félin continu de Maxine, consacrait l’atteinte d’objectifs délicieusement gradués. Lorsque le pic fut en vue, Maxine tendit encore un peu plus chacun de ses muscles, planta ses ongles dans la peau de Loïc en laissant la trace blanche et rougie d’une légère griffure. Loïc accéléra l’exécution du final et reçut une décharge de satisfaction lorsqu’il entendit sa partenaire retomber dans une respiration paisible et comblée.

Maxine revint mettre sa tête contre la poitrine de Loïc et ce dernier en profita pour embrasser ses cheveux. La manière dont Maxine l'avait utilisé, était loin d’être conventionnelle, mais encore une fois, cette façon d’agir était complètement naturelle, prévisible venant d’elle. Quand son plaisir, ses envies se présentaient à elle, là où certains hésitaient, discutaient, gesticulaient, elle, profitait de l’occasion. Loïc trouvait cela bien. Au moins, avec Maxine, tout ce qui bouillonnait à l’intérieur, trouvait un chemin pour s’évacuer à l’extérieur. C’était préférable à tout faux-semblant compliqué, empreint de frustration et contrition.

S’il devait regretter un élément, c’était que du côté de son plaisir à lui, les choses n’avaient été remplies qu’à la moitié. Il était en train de se dire que ce ne serait que partie remise, quand Maxine, revenue de son moment d’extase, remit ses mains en mouvement. La gauche ne s’embarrassa pas de détail et trouva le chemin de ce qui allait faire souffrir son partenaire si elle ne s’en occupait pas. De la droite, elle entreprit de rapprocher leurs visages pour qu’ils s’embrassent langoureusement. Loïc ne put s’empêcher de sourire et de casser légèrement le baiser, lorsqu’il vit les yeux de Maxine s’arrondir quand elle réalisa l’effet stimulant de ses doigts. Elle continua en rythme pendant quelques minutes, scrutant dans le fond des yeux de son partenaire, les indices de son plaisir. Puis, sans prévenir, elle décida de changer de stratégie et plongea sous la couverture pour finir son œuvre avec sa langue et sa bouche. La première réaction de Loïc fut de la gêne. Il ne lui avait rien demandé, et il n’était pas certain que si pour lui, c’était effectivement une méthode dont il ne pouvait récuser l’efficacité, cela soit plaisant pour elle. Cela dit, cette réticence ne fit pas long feu et il ferma les yeux pour se concentrer sur ses propres sensations. Sans être une experte, Maxine ne mit ainsi que quelques minutes, pour allumer la mèche du bouquet final. De la même manière que pour elle, le corps de Loïc se raidit et elle sentit toute la chaleur de son plaisir envahir le fond de sa gorge. Elle revint à la surface, la bouche fermée mais les yeux pétillants de joie, fière d’elle. Son expression était tellement trop chou, que Loïc, même s’il n’était pas encore remis du tour qu’elle venait de lui jouer, se mit à rire. Du coup, elle fut obligée de déglutir, avant d’elle aussi se mettre à rigoler.

Comment était-ce possible ? Comment, en si peu de temps, en si peu de tâtonnements sur leurs ressentis respectifs, arrivaient-ils à s’entendre et se comprendre ? Pour l’un comme l’autre, il y avait quelque chose qui tenait du miracle. Mais il ne fallait pas commencer à se poser des questions. Il fallait continuer. Leur aventure n’avait qu’à peine deux jours et il était hors de question d’enclencher le moindre système qui pourrait leur nuire.

Loïc en était convaincu et il semblait que Maxine aussi. Il n’y avait donc rien à réfléchir et il fallait juste foncer.

*

« Bon, il va falloir que je me lève, fit Loïc.

— C’est obligé ? Je trouve qu’on est bien là dans le lit. Dans ce cas, tu peux m’attraper mon téléphone et me le donner ?

— Disons, poursuivit Loïc en se redressant et faisant glisser délicatement la tête de Maxine de son torse à ses cuisses. Si je ne me lève pas et que je ne vais pas au marché, je ne vais pas pouvoir te nourrir à midi. C’est très terre à terre, je sais… Mais on n’a pas vraiment le choix. Je me trompe ? »

Maxine fit la grimace et secoua la tête pour confirmer.

« Tu aurais pu y aller hier après-midi, pendant que je bossais. C’est le marché couvert du centre-ville dont tu parles ?

— Oui, je n’en connais pas d’autre.

— J’évite d’y aller, moi. Y a des gens que je ne veux pas croiser et qui risqueraient d’y être. En même temps, le dimanche, j’ai un doute. Du coup, je veux bien t’accompagner.

— Tu peux aussi flemmarder ici, si tu veux. C’est toi qui bosses ce soir. Donc je comprends très bien que tu n’aies pas envie de te lever de trop bonne heure.

— Mouais, Mais j’ai quand même envie de ne pas rester seule. C’est moins drôle quand t’es pas là.

— Parce que je suis drôle ?

— Bah. On s’amuse bien depuis vendredi soir, tu ne trouves pas ? Moi, si.

— Moi, aussi, fit Loïc en se penchant pour lui poser un baiser sur les lèvres. Allez, je vais te préparer un petit déj’ avant tout ça. T’es quoi ? Croissant, pain aux raisins, céréales ? »

Ce fut finalement tranche de pain, œufs au bacon et un grand mug de café. Pour éviter de perdre du temps, Loïc profita du moment où Maxine vint prendre son petit déjeuner pour filer se débarbouiller.

« J’aime bien ton appart, fit Maxine en élevant la voix pour que Loïc l’entende malgré les bruits d’eau. Mais il manque de déco. Va falloir remédier à ça.

— Si tu veux. Je considère mon appartement comme quelque chose d’un peu trop utilitaire pour lui accorder du temps et donc le décorer.

— Je comprends. Mais comme je vais y vivre moi aussi, va falloir y apporter quelques modifications. »

Ça y était, le petit bulldozer, quarante-cinq kilos tout mouillé, était parfaitement réveillé et planifiait déjà l’avenir d’une manière peu commune pour deux personnes qui venaient juste de se rencontrer. Mais bizarrement, Loïc aimait ça. Pas d’ordre établi, pas de délai. Juste l’envie de l’instant. Et bien qu’il ne fût pas croyant, bon dieu que ça faisait du bien.

*

Loïc et Maxine se rendirent donc au marché. Maxine n’était clairement pas une habituée mais, se balader comme cela au milieu des étals et choisir celui qui offrirait le meilleur rapport qualité-prix, l’amusa un peu. Cependant, ce qui lui donnait son sourire, c’était de se balader aux côtés de ce gars un peu étrange qu’était Loïc.

« Depuis le début, j’ai toujours su que tu étais bizarre. C’est vrai ! Qui fait encore ses courses ailleurs qu’en grande surface ou dans une supérette ? Quand je dis qui, c’est un mec de moins de cinquante ans qui n’a pas été élevé dans une dimension parallèle ! »

Sous un certain angle, elle n’avait pas tort. Loïc savait qu’il avait quelques signes distinctifs. En était-il pour autant quelqu’un de spécial ? La réponse était évidemment non. Mais bon, si Maxine tenait à le singulariser de cette manière, ça lui convenait.

Une fois rentré et repu, le couple décida de se consacrer au farniente durant tout le reste de la journée. Tous deux étaient conscients que les heures avançant, celle de la séparation approchait, elle aussi.

« Je suppose que tu vas rentrer chez toi, ce soir, après le boulot ? »

Maxine acquiesça et expliqua qu’il fallait bien qu’elle remette les pieds chez elle. Ne serait-ce que pour prendre des affaires. Mais il y avait aussi Oups, son chat. Il fallait bien qu’elle retourne s’occuper de lui. Sa mère s’en était chargé durant les deux derniers jours mais tout avait une fin.

« Bah en tout cas, tu passes quand tu veux. Envoie-moi un message juste avant, pour que je confirme que je peux. En principe c’est oui mais on ne sait jamais.

— Des fois qu’il faille que tu planques ta seconde maîtresse avant que j’arrive ?

— T’es sérieuse, tu crois qu’avec ce qui s’est passé ce week-end avec toi, j’ai envie de me coltiner une autre chieuse ? Tu es définitivement ma chieuse préférée. Pas moyen qu’une autre te surpasse. »

Maxine rougit un peu. Sa peau blanche et laiteuse de rousse ne lui permettait pas de tricher. À dix-huit heures trente, ils s’embrassèrent une dernière fois en se promettant de s’appeler autant que possible dans les prochains jours.

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