L'ombre qui s'installe

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La journée s’écoule lentement, un poids lourd sur mes épaules. L’appétit m’a quitté, remplacé par une nausée persistante. Le téléphone sonne, la voix de Rose, inquiète, me parvient à travers un voile de confusion. Je n’ai même pas le temps de répondre, une obscurité profonde m’engloutit. Son appel, sa voix, résonnent comme un lointain écho, incompréhensible, hors de portée. Quand je reprends connaissance, une douleur lancinante me perce le crâne.
Je suis dans une ruelle sombre, la chemise déchirée, le corps engourdi. L’odeur âcre du bitume et des égouts me pique les narines. Mon appartement, ma vie, me semblent incroyablement lointains. Je me relève avec difficulté, chaque mouvement provoquant une douleur intense. Mes jambes tremblent, mon équilibre vacille. Je marche, ou plutôt, je titube, vers mon domicile, une ombre oscillant dans la nuit froide.
L’arrivée à l’appartement est un soulagement mitigé. Le chaos intérieur contraste avec l’apparente tranquillité de mon petit espace. Une profonde fatigue m'accable, un épuisement qui dépasse de loin la simple douleur physique. Je suis seul, dans le silence pesant de la nuit, les souvenirs de l’évanouissement flous, lacunaires. Mais quelque chose a changé. Une présence lourde, une sensation d’étrangeté, s’est installée en moi.
Le seuil de ma porte franchi, je trébuche, vacillant sur mes jambes. Mais la porte s’ouvre avant même que je puisse me rattraper. Rose est là, surprise, ses joues rougissant sous le faible éclairage de l'entrée. Je suis à moitié dénudé, ma chemise déchirée accrochant à mon corps comme un suaire.
Elle me soutient, me traîne jusqu'une chaise où je m'effondre, les membres lourds comme du plomb. Ses questions fusent, une série de phrases pressées, inquiètes, mais les mots me parviennent comme à travers de l'eau, lointains, inintelligibles. Je ne réponds pas, incapable de former une seule syllabe cohérente. Une profonde fatigue, un vide mental, m'accablent.
Elle s’approche, sa main frêle posée sur mon front. Je sens sa peau contre la mienne, fraîche et douce, en contraste frappant avec la chaleur qui irradie de mon propre corps. Ses doigts s'attardent un instant, puis se retirent brusquement. Son regard s'assombrit.
Mon front est brûlant, la peau tendue et sèche. La fièvre monte, une chaleur infernale qui consume mon corps de l'intérieur. Une nouvelle vague de nausée me submerge, et je ferme les yeux.
Il faut t’emmener à l’hôpital ! » s’écrie Rose, la voix tremblante d’inquiétude. Je secoue la tête, un geste faible, presque imperceptible. Mon corps est une masse de douleur, mais l’idée même de l’hôpital me répugne.
Je lui fais comprendre, tant bien que mal, que j’ai juste besoin de repos, de calme. Nous ratons les cours. Je dors, un sommeil profond et agité, hanté par des images confuses et angoissantes. Rose veille sur moi, son attention constante un baume apaisant sur mes maux.
Je sens ses larmes chaudes couler sur ma peau, un contact à la fois douloureux et réconfortant. Je resserre mes bras autour d’elle, la serrant contre moi avec une force surprenante, compte tenu de ma faiblesse. Nous restons ainsi pendant des heures, immobiles, unis dans un silence lourd et pesant. Sa présence est un ancre dans le tourbillon de ma souffrance physique et mentale.
Dans ce silence partagé, une étrange paix s’installe, une paix fragile et précaire, mais une paix tout de même. Le mystère qui m’entoure, l’origine de ma maladie, demeure entier. Mais dans les bras de Rose, au moins, je trouve un refuge temporaire contre la tempête qui fait rage en moi.

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