Nous nous enfoncions dans la montagne, le sentier devenant de plus en plus escarpé et difficile. La végétation dense et luxuriante laissait place à des rochers imposants et à des falaises vertigineuses. Le soleil, déjà bas sur l’horizon, peignait le ciel de teintes orangées et violettes, tandis que l’ombre menaçante des arbres nous enveloppait.
Rose, malgré sa faiblesse physique évidente, marchait avec une détermination incroyable. Son silence, différent du silence inquiet d’avant, était maintenant un symbole de force et d’assurance. Je sentis une connexion plus profonde avec elle. Plus qu’une simple amitié, une solidarité face à la menace qui planait sur nous.
L’ascension était épuisante. Les pentes étaient abruptes, les rochers glissants, et le manque d’air se faisait sentir. À plusieurs reprises, je dus m’appuyer sur Rose pour ne pas perdre l’équilibre, pour ne pas chuter dans le vide. C’était un chemin secret, connu uniquement des habitants de cette région montagneuse, un chemin qui contournait les sentiers balisés et évitait les lieux habités.
Le sol, sous nos pas, changeait constamment de texture : la terre meuble, les pierres lisses, les rochers acérés. Des racines d’arbres noueuses et imposantes barraient notre route, nous forçant à grimper, à nous faufiler, à nous frayer un passage avec précaution. L’obscurité grandissante rendait le chemin encore plus difficile à suivre, mais nous nous laissions guider par un instinct, une intuition.
Des bruits étranges, des craquements de branches, des cris d'oiseaux nocturnes, troublaient le silence de la montagne, nous rappelant sans cesse le danger qui nous guettait. Pourtant, ni Rose, ni moi, n’avions peur. La peur était remplacée par une détermination implacable, une envie farouche de trouver ces sorciers et de mettre un terme à cette malédiction. Chaque pas que nous faisions nous rapprochait de notre but, de l'espoir d'une solution, peut-être même d'une rédemption. Le sommet, encore lointain, était notre étoile guide, notre seule promesse d'un futur moins sombre. Le vent glacial soufflait sur nos visages, mais nos cœurs brûlaient d'un espoir tenace. Devant nous s’étendait un village, étrange et merveilleux. Des maisons aux toits pointus, aux couleurs vives et chatoyantes, semblaient pousser directement des racines d’arbres géants et noueux. Des animaux étranges, mais terriblement attachants, gambadaient partout : des lapins roses à trois oreilles qui sautillaient avec grâce, des écureuils volants à la fourrure turquoise et aux yeux dorés, et des chats violets aux plumes chatoyantes, miaulant des mélodies suaves. L’air était saturé d’une douce odeur de miel et de fleurs inconnues. Le tout baignait dans une lumière crépusculaire, douce et chaleureuse, qui semblait prolonger indéfiniment le coucher de soleil.