Un vieil homme, voûté par le temps, s’avança vers nous, appuyé sur une canne en bois sculpté d’étranges symboles. Ses yeux, malgré les rides profondes qui sillonnaient son visage, brillaient d’une intelligence vive et pénétrante.
« Bonjour, bienvenus dans notre monde. Qui êtes-vous ? » demanda-t-il sa voix, rauque mais chaleureuse.
« Je suis Malik, fils d’Iarish, et voici Rose », répondis-je, ma voix tremblant légèrement malgré mon effort pour paraître calme.
Le vieil homme écarquilla les yeux, un mélange de surprise et de… reconnaissance ? Il appela alors un nom, sa voix vibrant d’une émotion palpable : « Umliac ! Umliac ! Il est revenu ! »
Un silence pesant suivit, ponctué uniquement par le doux murmure du vent dans les arbres. Puis, au détour d’une ruelle fleurie, apparut un homme. Il était grand et mince, avec une longue chevelure noire tressée et des yeux d’un bleu profond et intense. Son visage, fin et délicat, portait les stigmates du temps, mais sa démarche était assurée, presque royale. Il portait une longue robe de couleur pourpre, brodée de fils d’argent qui scintillaient à la lumière du crépuscule. Il ressemblait à une créature sortie d’un conte de fées, une image qui contrastait fortement avec le cauchemar que j’avais vécu jusqu’à présent.
Une tension palpable s'installa entre nous. J'attendais, le cœur battant à tout rompre, de voir quelle serait la réaction de cet Umliac à la révélation de mon identité. Le vieux homme, lui, nous observait, son regard scrutateur, lourd de significations. L’air même semblait vibrer d'une anticipation fébrile. Que se passerait-il maintenant ?Un sourire étrange, mi-amer, mi-compréhensif, se dessina sur les lèvres d’Umliac. « Alors, vous êtes revenus ? Votre vie n’était donc pas assez tranquille ? Vous voulez redevenir ce que vous étiez autrefois ? » sa voix était douce, presque mélodieuse, mais une pointe d’inquiétude vibrait sous le ton posé. Je pris la parole, ma voix rauque d’émotion.
« J’aimerais que vous enleviez cette chose de mon corps. » Umliac secoua la tête, ses yeux bleus foncés s’assombrissant. « Je ne peux pas. Si je l’enlève, c’est vous que j’enlève. Vous mourrez tout simplement. » Le désespoir me serra la gorge.
« Faites-le ! Je vous en supplie, tuez-moi ! J’ai déjà fait trop de victimes ! » Un long silence suivit mes paroles, un silence lourd de gravité. Umliac sembla hésiter, son regard se perdant dans le lointain, comme s’il pesait le pour et le contre d’une décision impossible. Puis, un soupir profond échappa à ses lèvres.
« Si c’est vraiment ce que vous voulez… » Il se tourna alors et, sans plus de paroles, nous guida vers une grotte sombre et profonde, dont l’entrée était dissimulée derrière une cascade d’eau cristalline. L’air y était frais et humide, une odeur de terre et de mystère emplissait mes narines. Chaque pas que nous faisions dans l’obscurité semblait s’éloigner un peu plus de l’espoir, et me rapprochait inexorablement d’une fin que j’avais moi-même invoquée. L’incertitude me tenaillait, plus pesante que la culpabilité qui me rongeait depuis tant de semaines. Que nous réservait cet endroit mystérieux ? « C’est ici. » La voix d’Umliac résonna dans la grotte, brisant le silence pesant.