L’écho du néant
Les heures qui ont suivi le coup de téléphone ont été un enfer silencieux.
Un temps suspendu, où chaque minute semblait durer une éternité, où l’air lui-même me paraissait trop lourd pour que je puisse le respirer. Je me sentais seule, complètement seule, malgré la présence distante des murs familiers autour de moi.
Lucas, mon petit frère, est venu me parler quelques minutes à peine. Quelques minutes pour m’expliquer l’impensable. Il tremblait, sa voix cassée à peine audible.
— Elle… elle a pris un tube de somnifère, a-t-il murmuré, incapable de soutenir mon regard.
Mon cœur s’est arrêté. Je voulais hurler, pleurer, m’effondrer. Mais je n’ai rien fait. J’ai juste écouté, figée.
Cette fois… cette fois, c’était arrivé. Mon pire cauchemar. Pauline avait déjà essayé, plusieurs fois, raté, sauvée à temps, mais cette fois… cette fois elle n’avait pas été rattrapée. Elle était partie.
— C’est… c’est Paul qui l’a trouvée… murmura Lucas.
Paul… mon ancien amour… Les images de son visage figé me hantèrent immédiatement, glaciales et irréelles. Ces mots ont frappé plus fort que n’importe quel coup de poing. La pièce a tourné autour de moi. Tout est devenu flou. Je n’avais jamais imaginé que la vie puisse mêler douleur et ironie avec une telle cruauté.
Après ce court échange, Lucas est reparti, les yeux embués, et m’a laissée seule. Je suis restée toute la soirée chez moi, incapable de bouger, incapable de penser. Le monde extérieur continuait, mais je n’existais plus dans son rythme.
Le lendemain, je me suis réveillée dans mon lit, seule, sans nouvelles de personne, enveloppée d’un silence étouffant. Mon corps était là. Mon esprit, lui, avait disparu. Black-out total.
Je ne sentais plus ni faim, ni fatigue, ni douleur. Juste un vide immense. Chaque respiration semblait impossible.
J’appelais ma famille, encore et encore, mais personne ne répondait. Le néant.
Un silence plus cruel que n’importe quel mot.
Trois jours de silence, à entendre battre mon propre cœur dans la maison vide.
Trois jours à comprendre que rien ne serait plus jamais pareil.
Trois jours à pleurer, à tourner en rond, à chercher un peu de chaleur humaine qui ne venait pas.
J’errais de pièce en pièce, incapable de dormir, incapable de manger. Les objets du quotidien semblaient des témoins indifférents de ma douleur. Chaque bruit, chaque lumière, chaque souffle d’air me rappelait qu’elle n’était plus là. Et je devais affronter ce monde seule, avec ma peine et mes souvenirs.
Comment allais-je survivre?
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