Louison 6 ans - Pauline 2 Ans
Je me souviens de ce matin-là, quand nous avions six et deux ans. Le soleil entrait timidement par la fenêtre de notre chambre, et j’avais décidé que ce serait ma journée pour m’occuper d’elle.
Je voulais lui préparer son petit-déjeuner, choisir ses vêtements, la coiffer… tout pour lui montrer combien je l’aimais.
Mais Pauline… Pauline était déjà possessive et jalouse, surtout de l’attention que je recevais de nos parents. Elle fronçait les sourcils quand maman ou papa me regardait, tirait sur ma main quand je m’approchais d’elle, et refusait que je touche son bol de céréales.
— Non ! C’est Ma cuillère ! criait-elle en me repoussant doucement.
J’étais incrédule. Moi, qui rêvais de la chouchouter, je me retrouvais repoussée par ses petites mains minuscules et son regard boudeur. J’ai souri malgré tout, incapable de m’emporter. Elle était si petite et déjà capable de se montrer si forte et si exigeante.
Je me suis accroupie à sa hauteur, j’ai pris ses mains dans les miennes et je lui ai murmuré :
— Je veux juste m’occuper de toi, Pauline.
Elle a arrêté de bouger un instant, m’a regardée de ses grands yeux clairs, et un léger sourire est apparu. Ce sourire, fugace mais vrai, m’a suffi pour savoir que ce lien fragile et précieux nous unirait pour toujours.
Le soir, après le bain et le dîner, nous nous sommes installées sur le canapé pour l’histoire du soir. Je lui ai lu son livre préféré, et elle s’est blottie contre moi, ses petites mains serrées sur mon bras. Quand j’ai fermé le livre, elle m’a regardée et m’a dit, avec cette innocence pure :
— Je t’aime, Louison.
Je l’ai serrée contre moi, sentant tout l’amour et la complicité de notre lien malgré les petites jalousies de la journée. Ce soir-là, je me suis endormie le cœur léger, sachant que peu importe les disputes ou les petites blessures, nous serions toujours là l’une pour l’autre.
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