Souvenir

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Je me souviens de mon treizième anniversaire comme si c’était hier. J’étais excitée, heureuse, fière d’avoir grandi un peu plus, prête à souffler mes bougies entourée de ma famille. Les cadeaux étaient soigneusement disposés sur la table, et j’avais hâte de les ouvrir.

Mais Pauline, neuf ans à l’époque, semblait avoir décidé que ce jour lui appartenait. Dès que je posai les yeux sur mes cadeaux, elle s’avança en courant, les mains tendues vers les paquets.

Moi ! Moi ! Je veux ouvrir tes cadeaux ! cria-t-elle, les joues rouges de frustration.

Pauline… attends… ce sont mes cadeaux… c’est mon anniversaire… écarte-toi, s’il te plaît… murmurai-je, essayant de garder mon calme.

Je m’en fiche ! Maman ! Je veux les ouvrir ! hurla-t-elle en tapant du pied.

Je restai figée, incapable de la faire changer d’avis. Ma mère, depuis le salon, intervint d’une voix ferme :

Louison, laisse-la faire ! Tu es grande maintenant !

Mon excitation se brisa en mille morceaux. Le sourire triomphant de Pauline s’agrandit, victorieux. Elle avait encore gagné.

Au coin de la pièce, je l’aperçus alors. Paul. Mon petit chéri de l’époque, tout frais dans ma vie, encore secret pour mes parents. Il était là, un peu gêné, souriant timidement. Je me rapprochai doucement de lui, cherchant un peu de réconfort.

Salut… murmura-t-il, presque en chuchotant, comme pour m’envoyer un rayon de chaleur au milieu du chaos.

Salut… répondis-je, un peu étranglée, mais soulagée de le voir.

Pauline, remarquant sa présence, fronça les sourcils.

Qui c’est lui ? demanda-t-elle d’un ton froid, les mains sur les hanches.

Mon ami Paul… il est dans ma classe au collège… balbutiai-je, sentant la tension monter.

Ah OK… je croyais que c’était ton amoureux à toi ! lança-t-elle, malicieuse.

Un nœud se forma dans ma gorge. Je me laissai glisser sur ma chaise, impuissante. Les cadeaux entre ses mains, le sourire discret de Paul posé sur moi comme un souffle léger, et Pauline triomphante devant mes yeux… je devais sourire, alors que mon cœur se serrait.

Derrière mon sourire, je sentais la petite pointe de tristesse et de frustration. Mais je savais déjà que ce genre de tempêtes allait marquer notre relation : Pauline, fragile, possessive et jalouse, et moi, Louison, essayant toujours de l’aimer et de la protéger, malgré tout.

Ce jour-là, j’ai compris que l’amour pouvait demander des sacrifices silencieux, que même lorsque l’injustice frappait et que l’on se sentait lésé, il fallait parfois ravaler sa peine pour ne pas briser ce fragile équilibre familial.

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