Entre larmes et silence

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Je marche à peine, mes jambes sont lourdes, mon esprit embrouillé. Gabriel est à mes côtés, silencieux, me raccompagnant après les funérailles. Il ne parle pas, il n’a pas besoin de parler. Sa présence suffit.

Ça va aller… ? finit-il par murmurer, doucement.

Je secoue la tête, incapable de formuler un mot. Mes yeux brûlent de larmes retenues. Tout se mélange : la douleur du vide laissé par Pauline, les mots glacials de ma mère, le silence écrasant de mon père.

Je… je… Je m’effondre soudain, laissant mes larmes couler. Tu comprends… je n’ai plus personne… pas vraiment…

Gabriel ralentit, me prend doucement par la taille pour me soutenir. Je respire mal, je suffoque presque, mais je continue, presque sans réfléchir.

Elle… Pauline… elle a toujours été fragile… fragile depuis toujours… Elle a fait des tentatives… des fois où j’ai cru la perdre… et je l’ai sauvée… mais cette fois… cette fois… je n’ai rien pu faire…

Les mots sortent en rafale, comme si j’avais attendu toute ma vie pour les dire à quelqu’un. Il ne me juge pas, il m’écoute, simplement.

Et Paul… mon amour de jeunesse… je murmure, la gorge nouée. Elle s’est mise avec lui… j’ai cru que tout s’écroulait… Je l’aimais encore… mais elle… elle m’a volé ce que j’avais de plus cher… Et moi, je n’ai rien pu dire, rien faire…

Gabriel me laisse parler. Son silence est rassurant, un filet de calme au milieu de mon chaos.

Depuis un an… je continue, la voix tremblante. Depuis un an, elle et moi… on est devenues des étrangères. Je lui ai tendu la main mille fois… et elle a toujours refusé mon aide. Et maintenant… maintenant elle est partie… et tout est fini…

Je sanglote. Mon corps entier tremble. Il y a tellement de colère, de chagrin, de regrets mêlés. Et pour la première fois depuis des heures, je sens qu’il y a quelqu’un pour accueillir tout ça. Pas pour me sauver, pas pour remplacer ma sœur, juste pour être là, tout simplement.

Tu n’es pas seule… dit Gabriel, doucement. Tu n’as jamais été seule. Même si tu le crois. Même maintenant.

Je hoche la tête, un mince filet d’espoir se glissant entre les fissures de ma douleur. Il n’a pas de mots magiques, rien qui efface le chagrin, mais c’est suffisant. Pour la première fois depuis ce matin, je respire un peu.

Le chemin jusqu’à chez moi paraît moins long avec lui à mes côtés. Et je me surprends à penser que, peut-être, il y a encore une petite place pour la confiance, pour la lumière, même dans le noir qui m’entoure.

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