Le temps guérit les maux...

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La fin de journée s’installait doucement.

Il était environ 18h30, et les effluves de cuisine du restaurant de Gabriel flottaient jusque dans la rue, éveillant les sens et apaisant un peu mes pensées. Je poussai la porte et respirai profondément : l’odeur des herbes fraîches et du pain chaud m’offrait un petit réconfort.

Gabriel était derrière le comptoir, affairé mais attentif. Son regard croisa le mien et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
— Bonsoir Louison, tu as repris quelques couleurs, cela fait plaisir, dit-t-il.

Je souris à mon tour, surprise par la douceur de ce compliment qui m’atteignit plus que n’importe quel mot.

Je pris place à une table près de la fenêtre. Peu de temps après, Lucas arriva, suivi de Laura, sa petite amie. Les salutations furent rapides mais chaleureuses. Les discussions commencèrent, simples et légères, comme une parenthèse bienvenue dans le chaos des derniers jours.

— Alors, comment va maman ? Demandais-je, la voix neutre, mais curieuse.
Je levai les yeux, un pincement au cœur. Toujours aucune nouvelle, et la rancune envers elle depuis l’enterrement était intacte.
— Tu sais comment elle est, elle ne dit rien, n’en parle pas. Elle ne montre aucune émotion. Même pas sur, qu’elle se rende compte de la cruauté de ses mots….

Un silence s’installa, mais il était confortable, pas lourd. On parlait de choses simples : le travail de Lucas, le projet de Laura…. La vie quoi !
Je me surpris à rire légèrement à une de leurs histoires, un son presque oublié, et je sentis que cette légèreté, même temporaire, me faisait du bien. Un souffle d’air frais au milieu de la tempête, un petit moment de normalité dans le tumulte de ma vie.

Gabriel passait de temps en temps pour vérifier si nous avions besoin de quelque chose. Je ne sais pas si cela venait de moi, mais j’avais l’impression que parfois, de loin, son regarde se posait sur moi. Un regarde empli de tendresse….
NON n’importe quoi Louison, tu dérailles, il a juste pitié de toi ! Je me faisais des idées, mon cerveau aussi se mettait à dérailler….
Le monde extérieur semblait s’effacer, laissant place à ces instants simples mais précieux.

La soirée touchait à sa fin. Lucas et Laura se levèrent, ramassant leurs affaires avec un sourire.

— Merci pour ce moment, Louison, dit Laura. C’était vraiment sympa. Ca fait du bien.

— Oui, reprit Lucas en me serrant légèrement l’épaule. On devrait faire ça plus souvent, même si maman reste muette comme une tombe, ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.

Je souris à mon tour, sentant un léger apaisement dans ma poitrine.
— Avec plaisir… et merci à vous d’être venus, répondis-je.

Ils quittèrent le restaurant, riant doucement dans le couloir, et je restai quelques secondes à les regarder disparaître dans la rue.

Alors que j’allais emprunter l’escalier menant à mon appartement, Gabriel me hèle depuis le comptoir :
— Louison… attends une seconde.
Je me retournai, intriguée. Son sourire était discret, mais plein de chaleur.
— Si tu as encore un peu de temps… je me demandais si tu voulais partager un verre, ici, juste tous les deux.

Je restai un instant, surprise par cette attention simple mais délicate. Puis, doucement, je hocha la tête, un sourire fragile mais sincère se dessinant sur mes lèvres.

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