Taquinerie
La soirée semblait paisible, mais dans le salon de la maison familiale, une tension invisible pesait sur chacun de nous. Tous réunis : mes parents, Lucas, Paul et moi. Pauline, assise tout près de Paul sur le canapé, dégageait une énergie étrange, électrisante. Ses yeux brillaient d’un mélange de malice et de défi.
— Tu es sûre que tu ne veux pas goûter un peu de mon smoothie ? demanda-t-elle à Paul, sa voix douce mais piquante, comme un petit coup de vent inattendu.
Paul sourit, mal à l’aise, et secoua la tête.
— Non, merci… murmura-t-il.
Mon estomac se noua immédiatement. Pauline posa sa main sur le bras de Paul, un geste qui semblait innocent mais que je connaissais trop bien. Elle se pencha légèrement, un mouvement calculé, son décolleté exposé juste assez pour attirer son regard. Ce petit sourire mesquin sur son visage… je le connaissais par cœur, et il me fit frissonner d’agacement.
Je me penchai, tentant de garder ma voix calme : — Pauline… arrête, s’il te plaît…
Elle leva les yeux, feignant l’innocence avec une perfection déconcertante : — Arrêter quoi ?
— Nous en avons déjà parlé, Pauline… je t’ai expliqué…
Autour de nous, le silence pesait comme un rideau lourd. Paul détourna le regard, embarrassé, tandis que mes parents semblaient paralysés. Lucas, assis par terre, les yeux rivés sur son portable, trahissait son malaise dans chaque mouvement furtif. Personne ne voulait provoquer Pauline, pas même d’un mot.
Elle se redressa, théâtrale, chaque geste amplifiant sa présence : — Louison, tu es toujours si jalouse… tu devrais apprendre à te détendre un peu ! Je suis ta sœur, je vais pas te « piquer » ton mec !
Je respirai profondément, me rappelant les mots du psychologue : « Reste solide. Ne réponds pas aux provocations. Ne nourris pas le conflit. »
Puis, elle frappa doucement le dos de Paul avec sa main, un geste tendre en apparence, mais soigneusement calculé. Paul sursauta.
— Pauline… tu le mets mal à l’aise, dis-je en posant ma main sur son bras, doucement.
— Lâche-moi ! s’exclama-t-elle, toujours avec ce sourire provocateur, qui me donnait envie de grincer des dents.
Soudain, mon père, qui d’ordinaire restait silencieux dans nos querelles, se leva. Il fixa Pauline droit dans les yeux :
— Pauline, ça suffit maintenant ! Ton comportement est déplacé ! Respecte ta sœur !
Ma mère voulut intervenir pour protéger ma sœur, bien sûr, mais mon père la coupa net :
— Non, Marta. Ça va trop loin. Puis, se tournant vers Pauline :
-- Va te coucher maintenant ! C’est ridicule…
Le temps semblait s’étirer. Chaque respiration était lourde, chaque regard pesant. Le salon retenait son souffle, comme si l’air lui-même attendait l’explosion d’un mot de travers.
Enfin, Pauline se leva brusquement, laissant Paul respirer un peu. Elle lança un dernier regard en coin, un défi silencieux, puis murmura : — Vous êtes tous trop sérieux. Moi, je m’amuse… C’était pour rire. Mais ici, comme toujours, je suis le problème…
Elle s’arrêta, laissant ses mots flotter dans l’air :
— De toute façon… vous savez…
Et elle ne termina pas sa phrase.
Je restai figée, les poings serrés sous la table. Paul posa sa main sur la mienne, un geste discret mais chargé de soutien. Lucas ne bougea pas. Mes parents semblaient figés, incapables d’intervenir.
Je compris alors que, malgré ma maîtrise, la tempête n’était jamais loin avec Pauline. Dans cette maison, chacun vivait sur une corde raide, un équilibre fragile où un seul mot pouvait tout faire basculer.
Quelques jours plus tard, elle recommença… une tentative de plus. Retour aux urgences. Cette fois, les médecins parlèrent d’isolement.
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