Hôtes - Partie 3

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Trois silhouettes descendirent de la voiture en riant, emmitouflées dans des manteaux de mi-saison. L’un d’eux, lunettes rondes et bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles, leva les bras comme pour célébrer leur arrivée.

— Le château de Sarnanger, les amis ! Le début du week-end !

Roger et Élise s’avancèrent pour les accueillir, souriants. Antonin s’était déjà glissé dans les bras de son père, les yeux encore pleins de curiosité.

— Bonsoir, bienvenue à vous ! lança Élise. Léo Duval, c’est bien ça ?

— En chair et en os ! répondit le jeune homme en lui serrant la main. Et voici Marion… et Jules.

— Enchantée ! Moi c’est Élise, et voici Roger, mon mari. Et Antonin.

Antonin leva les yeux vers eux, un peu timide. Roger les salua d’un signe de tête chaleureux.

— On vous fait faire le tour ?

Une fois la visite des lieux terminée et les bagages déposés à l’étage, les trois amis redescendirent dans la pièce principale, baignée de lumière sous la verrière.

— Ici, c’est votre espace, expliqua Élise en désignant la pièce. Pour le petit déjeuner, mais aussi bouquiner, papoter, jouer, traîner… comme à la maison.

Marion s’approcha du billard, passa un doigt sur le tapis vert.

— Parfait pour ma revanche, Léo.

— Revanche que tu vas perdre encore une fois, répondit-il avec un sourire de défi. Puis, se tournant vers Élise et Roger :

— On a failli annuler, en fait. Et puis on s’est dit : si c’est le dernier week-end avant un moment… autant en profiter.

— Et on a bien fait, ajouta Marion. On n’est pas venus pour rester enfermés. On veut découvrir un peu le coin, les vins, l’ambiance.

— Alors vous tombez bien, répondit Roger avec un sourire complice. Les caveaux, ça ne manque pas par ici. Vous allez vous régaler.

— Ce soir, on pensait se faire un petit tour des bars à vin, rien de trop planifié. Vous auriez une adresse sympa à conseiller ?

— Et demain, enchaîna Jules, ce serait la journée des caveaux… et le soir, si tout va bien, soirée salsa au Crescent, à Mâcon.

Roger hésita une seconde, puis secoua la tête, l'air désolé :

— Le Crescent… Oui, c’est une super salle. Mais ils ont annulé les concerts de ce week-end. À cause de l’épidémie. La nouvelle est tombée hier.

— Sérieux ? fit Jules, visiblement déçu.

— Ouais, ça bouge tous les jours en ce moment, soupira Roger. On a du mal à suivre.

Jules s’approcha du piano et effleura les touches du bout des doigts. Un accord léger résonna dans l’air, presque timide.

— Ben sinon… on va pouvoir jouer ici. Franchement, y’a tout ce qu’il faut pour passer un bon moment.

— Vous êtes musiciens ? demanda Roger, l’œil un peu plus vif.

— Surtout Léo, répondit Marion avec un sourire en coin. Il enseigne la musique à Lyon. Jules et moi, c’est plus pour le plaisir. On joue à l’oreille, on se débrouille.

— Pop-rock, précisa Léo. Un peu de rock français aussi, parfois des trucs plus planants… Et puis on aime bien fouiller du côté de la folk ou de la soul, ça dépend des humeurs.

Roger hocha doucement la tête, intéressé.

— Je vois.

Il laissa un temps, puis ajouta :

— J’ai été régisseur son, dans une autre vie. J’ai bossé avec pas mal de groupes, sur des tournées, des gros festivals… Le Printemps de Bourges, les Eurocks, les Francos, les Charrues. Maintenant je me suis posé, mais j’ai toujours un pied dans le truc. Je file encore un coup de main aux salles du coin, et j’ai monté un petit studio ici.

— Franchement, c’est génial. On pourrait voir ça ?

— Oui, bien sûr.

Il sortit une petite carte de sa poche arrière et la tendit à Léo.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez toujours sonner au château. Le portail se ferme à 21h30, mais vous pouvez l’ouvrir avec vos téléphones : il suffit d’appeler le numéro au dos. Et voici mon portable, au cas où.

— Parfait, merci, répondit Jules.

— Profitez bien de votre soirée, ajouta Élise. Et reposez-vous quand même un peu : les dégustations, c’est du sport.

Quelques plaisanteries fusèrent encore, puis Roger et Élise les laissèrent s’installer. Leurs voix s’éloignèrent dans le couloir, emportées par les rires qui résonnaient déjà sous la verrière.

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