Chapitre 8
Alors qu’elle fouillait la maison accompagnée de son compère aux multiples cicatrices sur le visage, la démone borgne pesta tout en replaçant son cache-œil :
- J’ai horreur de chercher mes futures victimes. C’est une perte de temps… Tu n’es pas d’accord Augustus ?
Son compagnon, le regard masqué derrière d’impressionnantes lunettes de soleil qui rendraient jaloux Yann, répondit :
- On va les débusquer. Tu es impatiente Mona... C’est pour ça que le Baron te traite encore comme une enfant. Fais attention, tu risques de finir comme ce pauvre Mickael.
Ce n’est pas drôle, reprit Mona tandis que son partenaire tentait de contenir son rire. Je ne suis pas comme cet idiot. J’ai déjà fait mes preuves. Allons-y.
La démone ouvrit la porte de la cuisine. Une personne était assise près du frigo et fredonnait frénétiquement. Son regard était bloqué sur l'écran de son téléphone qui en plus d'éclairer son visage, illuminait une partie de la pièce. Mona avança d'un pas déterminé dans sa direction, mais Augustus l’attrapa par l’épaule pour la freiner. Il la ramena face à lui et lui expliqua sans cacher son agacement :
• C’est un des membres de The Band.
Le beubarz ne semblait pas avoir remarqué leur présence, il était bien trop concentré sur sa musique. Mona, après avoir repoussé Augustus, examina le beubarz sous ses moindres coutures :
• Thomas… Il est fort ?
• Aucune idée, commenta le démon. C’est le plus mystérieux d’entre eux. Il s’affiche très peu.
• Dommage pour lui, il n’aura pas l’occasion de le faire plus.
Mona, suivie d’Augustus, fit quelques afin de s'approcher de Thomas. Soudain, il bougea brusquement la tête, à la surprise des intrus, et demanda :
• La fête est finie ? Je ne vois vraiment pas pourquoi ils m’ont dit d’attendre ici ….
• Qu’est-ce qu’il raconte ? s’étonna la démone en remettant sa mèche d'un geste agacé. Tu es sûr que c’est bien l’un de ceux dont on doit se méfier ?
• Il y a quelque chose de pas normal, indiqua Augustus en fixant le Beubarz qui commençait à se lever de sa chaise.
Soudain, il entendit un craquement derrière lui. Il pivota légèrement la tête, poussa un cri et eut juste le temps de se placer devant sa partenaire. L’instant d’après, une puissante bourrasque souffla la cuisine et les démons furent expulsés violemment hors de la pièce, traversant l’un des murs de l’habitation. Ils volèrent sur plusieurs mètres avant d’atterrir lourdement dans la rue adjacente, s'occasionnant au passage de graves blessures. Toto contempla la scène sans broncher et se tourna vers la personne à l’origine de toute cette agitation :
• Pourrais-tu m’expliquer Vincent, pourquoi je suis toujours le dernier au courant ?
Vincent, à peine surpris, répliqua :
• Peut-être parce que tu vas te planquer dans la cuisine alors que Kevin t’a demandé de rester avec nous dans le salon, à tout hasard.
• Je croyais qu’il voulait me faire perdre le cache-cache.
• Bon Dieu… tu ne nous aides vraiment pas…
Le géant agrippa son compagnon par le poignet et tous deux sortirent de la maison, afin d'en découdre avec les assaillants. Augustus, malgré sa régénération démoniaque, se releva péniblement. Mona, folle furieuse, se jeta sur lui et lui aboya au visage :
• POURQUOI AS-TU FAIT ÇA ? J’AURAIS TRÈS BIEN PU ESQUIVER !
Le vieux combattant souffla, en se tenant les côtes :
• C’est drôle… Tu dis ça et pourtant il me semble t'avoir sauvé la vie.
Mona serra les dents, et se leva en marmonnant alors que les deux Beubarz s’approchaient d’eux :
• Ils vont payer pour ce qu’ils t’ont fait !
Lily surveillait la porte tandis que ses amies essayaient de calmer les invités qui les interrogeaient sur les bruits assourdissants et les secousses qui commençaient à se multiplier. Flavie chercha à les rassurer :
• C’est parce… les garçons sont en train de tester la sono et ils ont un peu trop forcé sur les basses. D’où tout ce bruit et ces secousses.
Roxane marmonna tout en levant les yeux au ciel :
• Ça ne fonctionnerait jamais.
• Tais-toi, je sais ce que je fais, murmura Flavie en guise de réponse.
Mais au grand désarroi de Roxane, les convives crurent le mensonge de Flavie. Mais alors que Flavie se réjouissait de sa performance, un des invités se mit soudainement à l'insulter. La jeune femme, d'un naturel sanguin, fonça pour confronter ce rustre. Cependant, il fut vite rejoint par les autres invités qui profèrent des vulgarités non seulement à Flavie, mais aussi aux autres filles. Elles tentèrent de calmer le jeu pour ne pas se faire répérer, mais la situation dégénrait de plus en plus alors que nos héroines se faisaient méchamment bousulés.
Lily bougea pour intervenir, mais une main transperça la porte qu’elle gardait et l’attrapa à la gorge, bloquant sa respiration. Ses amies essayèrent de l'aider, mais les invités faisaient barrage afin qu'elles ne puisse pas passer . La porte vola en éclats et révéla une silhouette qui se révéla être Maunet, le démon vêtu comme un barman. Ce dernier souleva la spéciale de terre et susurra, tout en reniflant son parfum :
• J’ai horreur de faire cela à une si jolie jeune femme, mais les ordres sont les ordres. et j’ai déjà fait ma bonne action de la soirée. Il ne faudrait quand même pas que je devienne un saint.
Sous les cris de ses compagnons, Lily rassembla de l'énergie dans la paume de sa main pour riposter, mais Maunet s'en aperçut et resserra aussitôt son étreinte pour l'en empêcher. Elle sentit sa trachée se broyer sous la force du démon et peu à peu, un voile couvrit ses yeux et ses pensées devinrent confuses...
Avec fracas, deux mains traversèrent le sol, et attrapèrent ses pieds. Il baissa les yeux, offrant une opportunité d'évasion à Lily. Elle frappa son poignet de tout ses forces, ce qui le fit lacher prise. Lily chuta sur le plancher, et cherchait à remplir ses poumons d'air frais. L'instant d'après, une force surhumaine entraina Maunet aux étages du dessous, qui tenta d'emporter la jeune femme dans sa chute. Cependant Emma et Flavie tirèrent Lily afin qu'elle soit hors du portée du monstre. Au même moment, tous les invités enragés s'immobilisèrent, puis tombèrent dans les pommes simultanément.
Viviane, sous le choc, prit Lily dans ses bras:
• Tu n'as rien de casser ? Tes cheveux ? T'as pas perdu de cheveux hein ? Puis tes doigts de pieds ?
• Ça va ! toussa Lily. Ça va.
Roxane examina les convives inconscients afin d'obtenir une piste sur le pouvoir de leur agresseur :
• Ce démon doit avoir un pouvoir de contrôle mental, et il a utilisé ces gens pour faire diversion. Rien de plus simple.
• Et qui nous a sauvé la vie ? interrogea Flavie tout en aidant Lily à marcher.
• Ça, par contre… Je ne sais pas… Même si j’ai quelques soupçons.
Maunet traversa les différents étages de la maison, pour finir sa course tête la première dans la cave. Cependant, cette attaque sournoise ne fut pas suffisamment puissante pour le désarçonner, et il se remit sur pieds comme si de rien n’était. Il retira la poussière de son veston, remit en place son nœud papillon puis dit à haute-voix tout en observant les alentours :
• Je dois admettre que je me suis fait avoir à mon propre jeu. Mais je dois t’avertir, c’est la dernière fois que l’on me piège ainsi. Maintenant, montre-toi que je puisse te voir avant de mettre un terme à ta vie.
Une voix familière rétorqua en réponse :
• Derrière toi.
Maunet se retourna et se trouva face à face avec un marteau géant, dépassant largement sa propre taille. La seule chose qu’il parvint à placer avant l’impact fut un simple « Oh », le tout saupoudré d'un visage marqué par l’indifférence. Le coup fut si violent qu’il créa une onde de choc qui balaya les différents outils trainant dans le coin, et une fois de plus, il traversa la totalité des étages, manquant d’emporter Emma dans sa course, pour finalement toucher les nuages. Le marteau se désintégra en une fine poudre multicolore que Max traversa avant de balançer :
• On ne s’en prend pas à ma petite sœur.
Adrian était adossé à un mur de la salle à manger. De l’autre côté de la pièce, la démone aux cheveux blancs et aux multiples tâches de couleur sur le visage. Elle s’assit face à lui et engagea naturellement la conversation:
• Je suppose que tu es… Adrian… C’est bien ça ?
• Je vois que tu es bien informée.
• J’aime bien être préparée quand je m’attaque à une cible, surtout une de votre calibre. J’ai hâte de vous ajouter à mon palmarès.
Adrian, amusé, chercha à en savoir plus sur celle qu’il allait affronter :
• Et quel est le nom du stratège qui est censé me tuer ?
• … Vénus, dit-elle d'une voix à peine audible.
• Vénus ? Selon le tableau de Botticelli ?
• Oui… C’est le patronyme que m’a donné mon maitre. Car je suis un chef-d’œuvre selon lui.
• Présomptueux de sa part… Mais je dois reconnaitre une chose… C’est que votre maitre à énormément de goût.
Les deux interlocuteurs s’observèrent en silence. Vénus brisa la glace et alla droit au but :
• On va continuer à s’admirer longtemps ou alors on va se battre ?
• Ça dépend, tu comptes périr dans la douleur ou en douceur ?
À ces mots, la démone poussa un grognement contrastant avec son personnage et frappa la table face à elle d’un puissant coup de pied, ce qui la fit valser vers notre héros. Il la stoppa dans les airs d’un geste de la main droite. Soudain, le poing de la femme la traversa et manqua de toucher Adrian. Ce dernier se défendit en utilisant son autre main pour bloquer son adversaire dans les en plein saut. Émerveillée que quelqu'un puisse lui tenir tête, elle ne put résister à l'envie de le flatter :
• Des pouvoirs psychiques ? Je sens qu'ils sortent de l'ordinaire.
• Merci du compliment, dit Adrian en fronçant les sourcils.
• Mais ... le sont-ils assez pour esquiver ça ?
• Que…
La démone ouvrit la bouche et un laser d’énergie maléfique rouge en sortit. Adrian eut juste le temps de déployer une barrière pour absorber une partie de l’attaque, mais il ne put se défendre de l'explosion qui suivit. La majorité du salon fut détruite et le psi fut expulsé hors de la maison. Le feu commença à se propager dans l’ancienne cuisine menaçant de dévorer la bâtisse. Vénus traversa les flammes et se tint au bord de l’immense trou béant qu'avait créer sa déferlante d'énergie. Elle contempla le point de chute du stratège, savourant ce qu'il venait de se passer. Elle fit un bond en avant et flotta lentement vers l'endroit où s'était crashé sa victime, puis se posa pour s'écrier, en tournoyant sur elle-même :
• Déjà fini ?! C'est tout ?
La main du Beubarz, qui dépassait d'un tas de pierre, tressaillit. Les pierres se mirent à flotter tout autour de lui, le libérant de sa prise. Son corps se leva d'un seul coup, et alors qu'une énergie surnaturelle émanait de son corps, il la pointa du doigt :
• Au contraire. Ce n’était que l’échauffement.
No sursauta à cause d'une forte vibration, et a court d'explications rationnelles, elle chercha à obtenir une réponse chez la personne qui devait les protéger :
• Quels étaient tous ces bruits ? Et cette explosion ?
Rom commençait à préparer la voiture tandis que les filles étaient prostrées dans le. Ce dernier, un peu soulé par le comportement de la jeune femme, essaya de la rassurer du mieux qu'il pouvait :
• Ils sont déjà là… C’est pour ça que je dois vous éloigner d’eux… et surtout toi.
Se sentant agressée, No se laissa pas faire:
• Je te demande pardon ? Puis c’est quoi cette histoire ? Je peux savoir pourquoi tu dis des choses pareilles sur mon compte ?
• Ce n’est pas vrai ? interrogea Rom. Donc si je comprends bien… Tu n’es pas poursuivi par quelque chose… ou plutôt par quelqu’un, car tu as sans doute pris quelque chose qui lui appartient et qui est très précieux.
No était bouleversée par ce que venait de dire le beubarz. Elle fit un pas en arrière :
• Comment …. Comment sais-tu cela ?
• Tu crois vraiment que Max ne s’était pas posé de questions sur les personnes qui ont tenté de t’enlever il y a quelques semaines ? On a mené notre petite enquête. On a découvert que tes kidnappeurs étaient liés à de nombreux meurtres sur Vannes… et puis, on a croisé un de tes poursuivants.
• Je…
• Nous en parlerons une fois que je vous aurais sorti de là, déclara Rom. Montez dans la voiture !
Les filles s’exécutèrent sans dire mot. No fixa Rom pendant quelques secondes, puis elle les rejoignit. Le jeune homme prit le volant puis alluma le moteur. Mais sans raison, il se figea.
Après quelques secondes, Sandra se leva de son siège et essaya de faire réagir Rom qui était toujours silencieux :
• Ça va ?
• Chut, rétorqua Rom en faisant signe aux trois amies de se taire. J’entends…
Il fut interrompu par une lame qui traversa le toit de la voiture et qui manqua de lui trouer le torse. Un liquide acide s'en écoula et grilla le cuir de la voiture en tombant dessus. Rom la repoussa du mieux qu'il put, puis le silence envahit de nouveau la pièce. Cinq nouvelles transpercèrent la porte côté passager et l’arrachèrent comme si c’était du papier mâché. Rom se retrouva face un démon ayant d’impressionnantes griffes à la place des doigts. Il était doté d’un corps frêle qu’il cachait derrière une combinaison en kevlar. Rom remarqua son visage enfantin :
• Je ne savais pas que votre patron vous recrutait dès la crèche.
L’ingénu ria jaune puis riposta s,ur un ton des plus monotones :
• Je suis sûrement plus vieux que toi, alors apprend un peu le respect.
Sans plus de cérémonie, une sorte d’appendice visqueux passa par l'ouverture côté passager, s’enroula autour de Rom, et le lança hors de l’automobile sans qu’il puisse s’y opposer. Le tentacule l'écrasa plusieurs fois contre les étagères accrochées au mur avant de lâcher prise. C’est là que Rom vit une démone trôner sur le dessus de la voiture. Elle avait le crâne rasé et un visage très marqué, comme si elle n’avait pas mangé depuis plusieurs semaines, et six tentacules noirs naissaient depuis le milieu de son dos. Chacune d’entre elles possédait une lame à son extrémité, capable notamment de traverser aisément le toit d'une voiture.
Rom se releva, et se permit de placer une petite blague en remettant son épaule en place:
• Une pieuvre et un chat contre moi… Je crois que j’aurais tout vu…
• Je trouve que tu plaisantes beaucoup pour un homme au bord de la mort !
Le démon prit ses appuis, et plongea en direction de Rom qui n’avait pas totalement récupéré du choc précèdent. Mais alors que la collision semblait inévitable, une personne se mit entre les deux et bloqua son l’offensive.
Kevin, dont le corps entièrement métallisé, avait arrêté les griffes de l’assaillant sans problème, l’attrapa par le cou et le balança en direction de la porte du garage. Rom envoya des lances d’ombres qui, plus nombreuses que les tentacules de la démone, débordèrent et l’éloignèrent de la voiture où se trouvait sa cible. Agacée, elle menaça les garçons qui courraient à toute allure vers le véhicule :
• Ça ne fait que retarder votre chute. Donnez-nous la fille et nous vous offrirons une mort rapide et ...
• Désolé, coupa Rom. On ne négocie pas avec les terroristes. Surtout s’ils sortent tout juste de la crèche.
Enragée par les multiples moqueries du Beubarz, la démone bondit dans leur directio , mais son adversaire la stoppa dans les airs en retournant sa propre ombre contre elle. Kevin transforma son bras droit en diamant, et frappa la jeune femme en plein estomac, cette dernière finit sa course dans le bras de son compère qui récupérait.
Alors que nos deux combattants grimpaient dans l’automobile, Kevin ne put que constater l'étendue des dégâts :
• Mais… qu’as-tu fait à la voiture à Vincent ? Il va encore se mettre à chialer !
• Elle serait en meilleur état si tu étais venu m’aider directement au lieu de faire le beau devant les filles.
• Excuse-moi, répliqua Kevin en prenant un air sidéré. Je n’y peux rien si tu n’es pas foutu de voir que deux démons se baladaient dans le garage alors que tu était censé les protéger !
Sandra prit les deux garçons par les épaules et essaya de rappeler quelles étaients leurs priorités :
• Je ne veux pas vous alarmer, mais les démons sont en train de se relever.
Rom regarda alors dans le rétroviseur et constata que Sandra disait vrai. Effectivement, les démons se remettaient des attaques de nos héros et arboraient des visages marqués par la colère.
Rom ne chercha pas plus longtemps et écrasa le champignon. Le véhicule démarra sur les chapeaux de roues et traversa la porte du garage. Elle s’engagea dans l’allée, passant près de Vangog et Yann qui étaient toujours en train d’échanger des coups. Le démon aperçu No dans la voiture, et tenta de faire barrage pour les stopper, mais Yann se mi en travers de son chemin :
• C’est moi ton adversaire.
Vangog, agacé de voir cet humain se mettre en travers de sa route, décida de laisser place à ses plus bas instintcs :
• Dans ce cas, je vais devoir vite en finir avec toi…
Mais alors qu’il s’apprêtait à lâcher tout son pouvoir sur le Beubarz, deux cris stridents retentirent dans le quartier. Vangog se figea, et ses yeux s’illuminèrent d’une lueur malfaisante. Il murmura :
• Finalement… Je ne vais pas avoir à m’en charger. Ils vont le faire pour moi.
Yann sentit alors l’atmosphère se faire plus étouffante, et la pression autour d’eux devenir plus lourde, comme si des puissances interdites avaient été soudainement déchainées. Ce qu'il restait de la porte du garage explosa en mille morceaux, dévoilant les deux agresseurs de Rom et Kevin sous leur véritable visage, leur forme démoniaque. La démone possédait des blanches à la place des yeux, de longues canines acérées et des tentacules qui recouvraient la totalité de son corps. Son comparse quant à lui ressemblait maintenant à un tigre à dents de sabres humanoïde, le tout doté d’une fourrure noire et d’appendices dorsaux faits d’os, s’échappant de son dos.
Vangog s’écria :
• Gericho ! Medusa ! Je compte sur vous !!
Les deux démons répondirent avec un hurlement, puis se lancèrent à la poursuite du véhicule qui s’était déjà engagé dans le centre-ville. Vangog empêcha Yann en lui balançant un orbe d’ombre qui explosa près de lui. Notre héros riposta avec une onde tranchante qui manqua de peu son adversaire. Cette dernière coupa en deux le portail puis finit sa course dans une voiture qu’elle détruisit. Vangog, impressionné, flatta alors le sabreur:
• Je ne m’attendant pas à ça de ta part… Je suis agréablement surpris. Finalement, ce combat ne va pas être si ennuyeux que ça.
Yann ricana et rétorqua :
• Je peux qu’approuver.
Le Beubarz asséna un coup d’épée que le démon para avec son poing nu, créant une décharge d’énergie.
Max arriva à l’endroit où s’était écrasé Maunet quelques instants plus tôt. Ce dernier l’attendait sagement, les jambes croisées. Le rouquin, surpris, demanda :
• Je te dérange ?
Le démon répondit avec un sourire :
• Tu en as mis du temps ! Je commençais à me languir de toi.
• Te languir ? s’étonna Max. Je pensais que ce serait plutôt l’inverse après ce que tu as reçu en pleine poire.
• Une formalité pour moi, j’ai encaissé bien pire. Aussi bien physiquement… que moralement.
• Je ne vois pas ce que ça vient là-dedans, rétorqua Max en s’approchant du démon, tu essayes de me faire passer un message ?
Son adversaire se releva et déclara avec une certaine monotonie :
• Tu ne dois sans doute pas t’en souvenir… Mais à cause de toi… J’ai perdu quelqu’un de très cher… Un membre de ma famille qui a été envoyé à la prison pour démons… Ma sœur.
Max ne dit pas un mot. La voix de son opposant commença à tressaillir, ce dernier étant ravagé par l’émotion :
• Elle est devenue folle à cause de l’enfermement et elle a préféré mettre fin à ses jours … Maintenant, j’ai une chance de la venger.
Il retira son blouson, révélant deux valves sur ses épaules. Max, qui était préoccupé par ce que venait de lui révéler son opposant , murmura :
• Ça me dit quelque… Oh non… Qu’est-ce que…
Au même moment, le démon ouvrit les valves, ce qui déversa un étrange liquide de couleur dorée qui se mélangea à son sang. Dès lors, Maunet gagna en taille et musculature, de manière exponentielle, pour finalement atteindre plus de quatre fois celle du beubarz. Des flammes s’extirpèrent de sa bouche et des veines ressortaient sur tout son corps, qui semblait au bord de la rupture. Notre héros faisait face à un véritable titan. Le sol se fissurasous son poids, et les animaux cachés dans les alentours prirent tous la fuite.
Max fixa l’incroyable créature se tenant devant elle, puis souffla :
• Nausika… Le titan démoniaque… Je m’en souviens…
• Parfait… Cette petite transformation t’a rafraichi la mémoire… Maintenant il est temps que tu paies pour ce que tu lui as fait !!!
Le démon poussa un cri si puissant que la terre en trembla, et que le Beubarz fut propulsé en arrière. Cependant, Max ne se laissa pas impressionner pour autant. Il ouvrit son sac, attrapa une poignée de poudre multicolore et tout en créant un géant composé de terre, il s’exclama :
• Tu espères quoi ? Des excuses de ma part c’est ça ? Tu n’en auras pas et tu sais pourquoi ?! Elle a tué plusieurs dizaines d’innocents avant qu’on ne l’arrête. Tu ne me feras pas payer parce que j'ai fait mon devoir de l'enfermer ... Elle n'a subit que la conséquences de ses choix.
À ces mots, le visage de Démon se déforma sous la colère. Il fixa le Beubarz et déclara sur un ton glacial qui trahissait toute la haine qu’il éprouvait envers lui :
• … Tu n’auras pas du dire ça… Je jure que je vais te tuer… de la plus horrible des façons… Et puis… J’ai cru entendre que tu avais une sœur toi aussi, non ?
Le sourire en coin de Max disparu aussitôt. Maunet comprit qu’il avait touché un point sensible, et son expression passa de froide à profondément sadique, se délectant de ce qu’il venait d’accomplir. Il reprit alors, cette fois sur un ton plus enjoué, cherchant à pousser le jeune homme à bout :
• Je vais faire en sorte qu’elle sache que tu n’as rien fait pour la sauver, et je prendrais un malin plaisir à lui arracher sa vie et à me repaitre de son…
Il ne put finir sa phrase. Un poing englobé d’une lumière s’écrasa sur sa joue droite. D’un seul bond, Max avait traversé son golem de terre, et s’était retrouvé face à son adversaire qui se trouvait encore en plein speech. Les iris des yeux de notre héros brillaient de mille couleurs:
• Ma soeur n'a aucunement besoin de moi pour se défendre ....Elle t'aura brisé avant que tu puisses l'approcher. Mais heureusement pour toi, tu n'auras pas à subir sa colère.
Le monstre, malgré la main du Beubarz, tourna la tête comme si de rien n’était, à la grande surprise du rouquin qui avait décocher une droite dévastatrice. Il lui chuchota calmement :
• À mon tour de m’énerver.
Des petites étincelles noires commencèrent autour d’eux. Max sentit le danger arriver, et tenta de s'éloigner, mais son opposant l’en empêcha en l’attrapant au visage. Il le plaqua violemment contre terre et s’en suivit un véritable déferlement de poings qui s’écrasèrent sur sa victime avec toute la force que Maunet possédait. Cela dura une très longue minute. Puis le titan s’arrêta. Max était inerte, et s’était enfoncé de plusieurs dizaines de centimètres dans le sol. Son corps était couvert de blessures, et du sang s’échappait de plusieurs d’entre elles. Le démon se baissa et toucha la poitrine du rouquin. Plus aucune vie n’émanait de lui. Il détourna le regard et s’en alla en direction de la maison. Mais alors qu’il était à mi-chemin, un frisson parcourut la totalité de son être. Il se figea net. Il sentit une énergie qui ne devrait plus exister.
Il se retourna et vit Max face à lui, debout. Il affichait toujours son sourire malgré ses multiples blessures. Le titan, d’abord abasourdi, se ressaisit et pensa que c’était de la chance s’il était encore en vie. Il n’avait qu’à lui asséner quelques coups comme plus tôt et l’affaire serait dans le sac. Mais alors qu’il était en train de réfléchir, Max disparu de nouveau de son champ de vision, et réapparu une nouvelle fois juste devant lui. Le Beubarz prit de l’élan, et s’apprêtait à décocher une droite au démon, comme quelques instants auparavant. Maunet ne daigna même pas l’éviter, connaissant déjà le résultat de cette offensive. Mais il faut bien surpris quant à la place de ne rien ressentir, il fut foudroyé par une vive douleur lorsque le poing de Max toucha son visage. Le choc fut violent que ses forces l’abandonnèrent et il tomba sur les fesses. Pour la première fois dans sa vie, ce démon centenaire se trouvait dans une position de faiblesse.
Un lampadaire qui avait été endommagé dans la bagarre se mit à clignoter, et à chaque fois que la lumière s’éteignait, une silhouette difforme aux yeux multicolores remplaçait celle de Max. Puis il finit par ne plus fonctionner. L’endroit où se déroulait le combat fut alors plongé dans le noir total, et un lourd silence s’abattu sur Maunet maintenant effrayé.
Max réapparu, entièrement d’une aura arc-en-ciel, et, imitant le démon dans sa manière de parler :
• À mon tour… de m’énerver.
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