Après la demande de sa mère, Allan accepte, bien qu'à contre cœur, d'aller déposer les livres à la librairie en fin d'après midi. Il décide quand même de prévenir Alistair, au cas où.

- Allo, mec, j'ai un gros problème. Ma mère veut que j'aille déposer des livres à la librairie.

Alistair qui buvait un soda manque de s'étouffer, crachant tout le contenu de sa bouche sur la table basse du salon.

- Quoi !? Al, n'y va pas, cet endroit craint.

- J'ai pas vraiment le choix à vrai dire. Puis, si tout le monde y va, ça doit pas être si terrible. Le type qu'on a vu est peut-être juste un peu allumé.

Alistair réfléchit en marmonnant.

- Mouais, tu marques un point. Fais gaffe quand même et tiens moi au courant.

Allan acquiesce et ne peut s'empêcher de sourire à l'autre bout du fil, il reconnaît bien là son meilleur ami, toujours à s'inquiéter pour lui.

- T'inquiète pas, je gère.

Au alentours de 18h, alors que le froid commence à devenir de plus en plus mordant et que le ciel s'assombrit, laissant les nuages cacher les derniers rayons de soleil et plonger la ville dans l'obscurité, l'adolescent décide de partir pour la boutique. Dehors, les rues sont vides et silencieuses. Seule l'odeur des cheminées flotte dans l'air. Au bout de quelques minutes, il finit par arriver et reste quelques secondes face à la devanture à réfléchir, puis entre.

- Bonjour...

Le lieu semble vide. Une odeur de vieux livre et de moisissure s'en dégage. De grandes bibliothèques couvertes d'ouvrages entourent le centre de la librairie. La pièce principale possède un étage, affublé d'une balustrade en bois vernis et les murs semblent encore couverts de poussière, chose étrange pour une réouverture.

- Euhhh... Y a quelqu'un ? Je viens déposer des livres.

Personne ne répond, le jeune homme décide alors de faire un tour dans la boutique. Soudain, un livre attire son attention, comme si il était irrésistiblement poussé vers lui: "Vivarus". Allan approche lentement sa main vers lui, pour le toucher, le contempler, l'ouvrir...

Quand tout à coup, une voix juste derrière sa nuque le fait sursauter.

- Bonjour, jeune homme, vous cherchez quelque chose ?

Cet homme, c'est celui qui les a observés ce matin . Il semble plus âgé que Allan ne le pensait, probablement entre 60 et 70 ans. Le garçon bafouille, tant son esprit est troublé.

- Je... Non, oui... Si, je...

- Allons, allons, jeune homme, ne soyez pas mal à l'aise.

L'homme dit cela très calmement, il est dur pour Allan d'imaginer que c'est celui qui lui a sourit.

- Oui, pardon, ma mère m'a demandé de venir vous déposer ces livres, pour votre réouverture.

L'homme le regarde, visiblement amusé.

- Vous devez être le fils de Hannah.

Allan, choqué, n'arrive pas à dissimuler son étonnement.

- Vous connaissez ma mère ?

L'homme, vêtu d'une sorte de robe noire, remonte ses manches, devenant soudainement plus distant.

- Oui, on peut dire ça...

Un blanc s'installe alors, poussant Allan à vouloir quitter l'endroit où il se trouve.

- Bon, et bien... Je vais vous laissez, bonne soirée.

Le vieillard l'attrape par le bras.

- Attendeeez, je n'ai pas souvent de compagnie, restez un peu.

Allan, perplexe, se demande ce que veux cet homme et commence presque à être effrayé.

- Euh... C'est à dire que...

Le vieil homme serre plus fort. Puis relâche lentement son étreinte.

- Je vous ai vu regardé mon livre. "Vivarus", n'est-ce-pas ? Un bon livre, vous aimez ça le fantastique ?

Allan, pourtant jusqu'alors effrayé et dont la passion reprend le dessus:

- Oui, j'adore !

L'homme sinistre se met à rire.

- Hihihi, voyez-vous ça...

Puis, il regarde Allan, en changeant de ton, devenant presque inquiétant.

- Dis-moi, mon garçon, tu aimerais vivre ce genre d'aventure ?