Chapitre 8 : Choix cornélien

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Allan sent à ce moment précis que l'attitude de l'homme a changée, mais ne sait pas comment réagir. L'atmosphère même de la librairie semble avoir changée, une sorte de froid intérieur s'y ressent, comme si le temps s'était figé lors de cette discussion.

- Et bien, oui. J'aimerai, bien sûr, mais c'est imposs...

- Tatata, je ne te demande pas ce que tu penses possible, mais ce que tu désires.

Allan est perplexe, non seulement l'homme devient de plus en plus étrange, mais il le tutoie désormais, sans qu'Allan n'est donné de quelconque accord.

- Hm...Oui j'aimerai bien.

Le vieil homme laisse apparaître un rictus.

- Et si je te disais que je peux t'y envoyer par magie ?

Allan ne peux s'empêcher de pouffer de rire.

- Pardon, pardon. Et bien, je vous appellerai Merlin.

Le sourire de l'homme s'efface aussitôt.

- Moque toi, petit malin. Ecoute, jouons à un jeu, je te propose quelque chose, si tu acceptes je t'y envoie. Sinon, tant pis pour toi.

Allan, prenant un peu trop confiance, nargue l'homme.

- D'accord, faites moi rire, je ne connais même pas votre nom et nous voilà à créer un pacte magique.

L'homme recommence à rire, mais quelque chose semble différent.

- Paaaarfait, si tu n'y crois pas, pas de raison de ne pas s'amuser. Je m'appelle Elfed Trevils et toi ?

Allan, toujours amusé.

- Bizarre votre nom. Moi, Allan Foster. Alors votre proposition ?

Le vieillard glousse.

- Ne sois pas si pressé ! Alors, alors...Voyons voir... Oui j'ai trouvé ! Si je t'y envoie tu devras montrer à quel point tu as envie d'y aller, en sacrifiant quelque chose.

Allan réfléchit, la proposition lui semble louche, mais en même temps qu'est-ce-que qu'un vieil homme pourrait faire ?

- Hm...c'est un genre de test, c'est ça ? D'accord, ça me va. Et ce quelque chose à sacrifier, c'est quoi ?

L'homme semble en extase face à ce petit jeu.

- Ouiiii, bonne réponse. Si je t'envoie là-bas, tu devras... Accepter que j'y envoie tous tes amis proches avec toi.

Allan ne peux retenir son étonnement, la demande le gênant un peu. Ce n'est pas quelque chose que l'on entend communément. L'atmosphère est de plus en plus froide. Dehors il fait totalement noir et le bruit du vent se révèle de plus en plus violent. Devant la longue réflexion de Allan, l'homme s'impatiente.

- Alors ? Que décides-tu mon garçon ?

Allan, jusque là amusé, redeviens plus sérieux, malgré le fait que cela ne soit, à ses yeux, qu'une simple farce, il ne peux s'empêcher d'imaginer à nouveau sa vie dans un autre monde. Sa passion pour ces histoires le pousse à jouer le jeu du vieil homme.

- Okay, j'accepte votre proposition. Et maintenant ? Vous allez me donner une potion de transplanage ?

L'homme n'arrive définitivement plus à retenir son amusement.

- Bien, bieeeeen ! Non, non, pas de potion. Tiens, signe juste ce papier.

L'homme lui tend une feuille à l'aspect ancien, ainsi qu'une plume. Allan en profite pour relancer une pique.

- Oh, un contrat magique, comme c'est original !

Il s'appuie sur une vieille commode couverte de poussière.

- Voilà, c'est signé. Et ensuite ?

Soudain, un orage éclate dehors, le bruit est si déchirant qu'Allan sursaute. Le vent semble également s'emballer de plus en plus. Si un oiseau volait à ce moment, il se verrait emporter immédiatement. Dans la librairie, c'est l'inverse qui se produit, il fait de plus en plus chaud. Tellement qu'Allan se met à suer à grosses gouttes.

- Hé, monsieur, vous avez mis le chauffage un peu trop fort je crois. On crève de chaud ici.

L'homme, qui vient de tourner de dos à Allan, ne lui répond pas. Cependant, il semble marmonner quelque chose. Allan s'approche doucement pour entendre ce qu'il dit.

- Enfin, ouiiii, j'ai réussi monseigneur... Aaaaah, enfin...!

Allan commence à avoir peur et se met doucement à reculer en direction de la porte.

- Tu ne peux pas partir...Tu ne peux plus. C'est trop tard, mon garçon. Tu as voulu jouer et tu as perdu.

Allan essaye d'ouvrir la porte, mais elle semble verrouillée et ne bouge pas d'un millimètre.

- Ouvrez la porte monsieur. S'il vous plaît.

L'homme se met à rire.

- Pourquoi ? C'est toi qui voulait ça, non ? Ton ami t'avais pourtant dis de faire attention.

Allan décontenancé, commence à s'énerver.

- Quoi ? Comment vous savez ça !? Vous êtes qui bordel !?

L'homme demeure à nouveau silencieux et part chercher une craie dans un placard poussiéreux, à l'autre bout de la pièce, opposé à Allan et s'en sert pour débuter le traçage d'un simple cercle sur le sol. Allan garde un oeil sur lui, tout en tentant aussi bien que mal d'ouvrir la porte de la boutique. Dehors, les arbres sont repoussés par le vent, les feuilles d'automne s'envolent haut dans le ciel et des éclairs commencent à naîtrent de l'orage de plus en plus violent. L'homme finit son marquage et se place dans le cercle, blanc de craie, avant de prononcer distinctement:

- Vivarus, liaison !

Le cercle commence alors à changer de couleur et vire au bleu-violet. Puis, le sol commence à se craqueler et le cercle se transforme en un trou béant, qui semble sans fond. Malgré cela, le vieillard ne semble pas s'y enfoncer et semble léviter. Allan commence à hurler:

- Putaiiiiin ! Monsieur, arrêtez-ça, je déconnais, s'il vous plaît ! Je me moquerai plus de votre nom !

L'homme se met à rire.

- Ne t'inquiète pas pour moi, Allan, je suis satisfait de ce qui arrive.

Allan sent alors un vent fouetter ses oreilles et une odeur de sapin enveloppe la pièce. Soudain, une sorte de rugissement tonitruant né du trou qui n'est plus qu'une sorte de trou noir. Allan, apeuré.

- C'était quoi ça...?

A ce moment là, le trou se met à aspirer chaque objet dans la pièce et Allan se met à être tiré vers lui.

- Noonnn ! Putain, je veux pas crever, arrêtez ! Mamaaaan !

Tout à coup, l'orage se calme. Le vent et l'atmosphère redeviennent plus doux et la vie reprend son cours sur Mercer Road. Dans la librairie, une odeur de vieux livre plane dans l'air, tout semble calme. Elle est vide, comme elle l'a été durant dix-sept ans ans.

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