J'ai dû me rendre à l'évidence sur ce que m'a dit Alan. J'ai dû accepter le fait que Hank à réellement décidé de nous trahir, de me trahir. Il semble qu'il n'ait pas apprécié la mort de sa femme et s'est tourné vers Lilith, ma pire ennemie pour tenter de faire revenir celle qu'il a aimé plus que tout. S'il avait attendu, s'il avait eut confiance en moi, j'aurais retourné le Tartare pour lui retrouver sa femme. Au lieu de cela, il avait rejoint les rangs de ma pire ennemie. J'ai eu des mois pour réfléchir et pour chercher une punition à la hauteur de sa trahison. Je me suis battu contre l'avis d'Angus pour lui. Finalement, il avait vu juste, l'enfant est aussi mauvais que le père. C'est la première fois que je ressens de la colère et que je me trompe sur une personne. Je déteste ce sentiment que je ne contrôle pas. Je ne peux pas demander de l'aide à Alan, pas maintenant que nous avons remis de l'ordre dans le cercle, pas maintenant qu'il a enfin rencontré une femme qu'il peut aimer sans souffrir. J'ai donc décidé de me débarrasser de cela maintenant, seule. Un sourire étire mes lèvres lorsque je prends le portable que je fais tourner depuis cinq minutes sur mon bureau. Je pianote un rapide message en regardant la pendule accroché au mur me faisant face. Le jeu allait pouvoir commencer. Me procurer son numéro de portable fut moins difficile que prévu, monsieur joue le personnage public : conseiller du maire, mon œil. Le bras droit de Lilith très certainement.

* Un simple message pour vous assurer Monsieur Brythes que je n'oublie jamais rien. J'espère que vous apprécierez à sa juste valeur mon... Présent. *

Je dépose le portable sur bureau sans perdre mon sourire. Je peux déjà imaginer le déplaisir qu'il va avoir dans quelques secondes. Ensuite, je me dirige vers un pentacle dessiné à la craie sur le sol, simplement vêtue d'une longue toge pourpre auquel j'ai rajouté une cordelette où neuf nœuds ont été fait. Maintenant que je sais le cercle opérationnel, je n'ai plus de problèmes à m'attaquer à mon ennemi. Je m'agenouille pour venir effleurer délicatement le tracé alors que je récite une incantation presque aussi vieille que moi. Un courant d'énergie parcourt la salle alors que les ombres s'animent et prennent des formes de chiens contre les murs. Que serais-je sans mes chiens ? Je laisse filtrer mon pouvoir faisant luire légèrement le pentacle.

-Maintenant retrouvez-moi ce traite et rappeler lui mon souvenir nourrissez-vous de sa douleur, c'est mon cadeau.

Un bruit de hurlement s'élève dans la pièce tandis que les bougies qu'elle avait allumées pour l'occasion se voient souffler. Puis c'est le silence, le vide l'espace de quelques secondes. Le portable qui était resté sur la table vibre. Je me relève satisfaite de moi, car je sais que ma cible a reçu mon poison. Je brise le cercle de protection d'un mouvement du pied qui efface le pentacle et je vais chercher le portable pour y lire le message.

* Hécate, voilà un moment que vous n'aviez pas fait mumuse de la sorte. Je peux vous promettre, vous retrouvez et me libérer une bonne fois pour toutes *

Étrangement, sa réaction ne me procure aucune réaction, pas même de la joie alors que je sais qu'il va souffrir le martyre un long moment. Voilà ce qui me différencie de Lilith : la vengeance ne m'apporte rien, je n'ai pas appris à travailler cette émotion. Je pousse un soupir, le regard rivé sur le portable où je réponds déjà machinalement.

* J'ai eu beaucoup à faire, mais je compte bien m'occuper tout particulièrement de votre cas... Des promesses monsieur Brythes, des promesses. Trouvez-moi d'abord. *

Je me précipite dans la chambre pour me changer rapidement. Il était rapide à l'époque pour remonter une aura, il l'est certainement encore plus aujourd'hui. Il n'est pas question qu'il me surprenne avant que je ne sois prête à décamper. Je n'ai aucune peur de lui, c'est simplement une manière pour moi de tester les capacités de mon ennemi. Savoir s'il s'est amélioré ou pas. Le temps où je troque ma tenue de cérémonie pour une tenue de ville, nous avons échangé plusieurs messages tous chargés de ce mépris et cette haine. Puis je le sens tirer sur son aura alors que je le laisse remonter jusqu'à moi. Lorsqu'il apparaît enfin, je n'ai le temps de croiser que son regard azur, chargé d'une haine qui étreint ma poitrine douloureusement. Pourtant, je ne cherche pas à m'attarder ou même à vraiment le regarder plus longtemps. Un simple mouvement de la main et je paralyse son corps à quelques mètres de moi.

-J'ai failli attendre. Vous allez presque réussir à m'impressionner, tant de volonté...

Je regarde ma montre dans une scène minutieusement préparée avant de lui offrir un sourire cynique.

- Je crains de devoir vous fausser compagnie, j'ai un rendez-vous et je déteste être en retard. Vous savez comment me retrouver n'est-ce pas.

Je me permets un clin d'œil alors que je le frôle pour ensuite disparaître. Je sais qu'il souffre et qu'il doit me maudire, mais ce n'est rien comparé à ce que je lui réserve, rien en comparaison de la trahison. M'abandonner pour Lilith ! C'est ainsi que débute un jeu de piste entre mon ancien apprenti et moi avec la ville pour terrain de jeux et nos portables pour nous invectiver. Ce n'est qu'au bout de quelques heures que je le laisse remonter ma trace au milieu de l'hôpital d'Ymitto. Un lieu que j'ai pris soin de préparer à l'avance, le privant de toute possibilité d'utilisation de la magie. Il ne me faut pas longtemps pour entendre, dans mon dos, son pas rendu lourd par la douleur qui irradie son corps. Je prends mon temps pour lui faire face, car je sais qu'il ne peut rien faire ici.

Nos regards se croisent enfin, nous laissant tous les deux figés sur place. Une boule me serre la gorge alors que je lâche un rire nerveux. Que le destin avait un sens de l'humour déplorable et je peux lire dans ses pupilles la même réflexion. Je secoue la tête avant de me reprendre. Qu'importe, le passé après tout, seul compte le présent.

-Pourquoi nous avoir mené jusque-là Hécate ?
-Je voulais vérifier quelques choses Hank et j'ai mes réponses.

Je sais que derrière cette question, il en avait bien d'autres, tout comme moi. Pourtant, je mets fin à notre entrevue trop bouleversée tout compte fait. Rapidement, je viens effleurer son épaule de ma main en le dépassant calmant ainsi la douleur qui lui vrille le corps pour un instant seulement alors que je lui murmure quelques mots.

-Ce n'est qu'un début.

Il penche légèrement la tête sur le côté pour me répondre avant que je ne parte.

-Compte sur moi pour te retrouver.

[...]