13 Mars 1685 Konfuruento コンフルエント

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Peu après ma renaissance en tant que kami, Amaterasu devint comme une mère pour moi. Elle avait repris sa forme divine et me fit découvrir le Gōryū-ju (L’Arbre du Konfuruento), la source même de l’équilibre. Quelle fut mon impression lorsque je vis cet arbre majestueux, haut de plus de soixante-dix mètres, teinté d’un bleu azur et d’un blanc pur, posé sur une grande île flottante verdoyante, où s’écoulait une rivière dont la source était un petit lac caché dans les montagnes de l’île. Le tout se trouvait dans un décor infini, situé entre un océan d’eau claire reflétant le ciel bleu parsemé de nuages blancs, avec, entre ces deux espaces, une multitude d’îles flottantes de toutes tailles et de toutes formes.

Je pouvais également apercevoir des aurores boréales dans le ciel. La déesse m’expliqua que ces aurores représentaient les flux d’éther des mondes, circulant librement. L’océan tout autour de nous était communément appelé par les kamis : Eien no Umi (Océan de l’Éternel). Je ne manquai pas de remarquer, dans les couleurs azur de cette étendue sans fin, des poissons de toutes sortes vivant en parfaite harmonie.

Amaterasu me confia alors qu’en tant que nouveau gardien de l’Arbre du Konfuruento, je pouvais lire les flux en communiant avec lui, repérer les failles où s’engouffrent les Kokū no ikimono dans l’Orijinaruwārudo, et ainsi agir rapidement. Je pouvais également entendre les prières des fidèles.

Durant les cinquante années qui suivirent ma renaissance, je façonnai un sanctuaire tout autour de l’Arbre avec l’aide d’Amaterasu. Je créai ma première armure, comprenant un casque, et pour le quotidien, j’optai pour un kimono noir simple accompagné d’un demi-masque de oni, afin de paraître moins effrayant. Elle m’avait appris à me servir de mes nouveaux pouvoirs, tout ce que je pouvais accomplir en tant que kami, en m’enseignant le concept de l’éther, qui existe en deux types :

  • Junsuina ēteru (L’éther pur), énergie spirituelle que les kamis, les yōkai (apparition étrange) ou certains vivants possèdent en eux et peuvent manipuler selon leurs affinités primordiales, notamment grâce à des glyphes. Pour me donner un exemple, elle fit apparaître son glyphe de lumière. J’essayai à mon tour, et le glyphe des ombres fit son apparition.
  • Ten'nen ēteru (L’éther naturel), qui est l’éther nous entourant au quotidien, présent en chaque être vivant. Elle me montra les aurores boréales, composées de ce type d’éther. L’Arbre était le mélange des deux types d’éther.

Chaque combat que je menais contre les Créatures affûtait mes sens et mes techniques, tout en augmentant ma maîtrise de la manipulation de l’éther, surprenant Amaterasu par la rapidité de mon apprentissage. Je développai l’Orinasu kage (Tissage des Ombres), une technique où je créais des fils d’éther pur des ombres avec ma main, afin de « coudre » les failles et ainsi les refermer. Mais plus la faille était grande, plus le tissage devenait difficile. Pour coupler l’utilisation de mon sabre, je créai le Kage no kōsen (Rayon des Ombres), une technique consistant à concentrer l’éther dans la paume de la main et à tirer un puissant rayon d’ombres pur, ou bien une salve rapide de petits rayons.

Voyant que je prenais mon rôle à cœur, Amaterasu décida de me partager son éther de la lumière ainsi que son glyphe. J’en fus honoré, et je lui fis la promesse d’user de cette lumière pour sauver et non pour détruire. Ainsi, je façonnai la lumière dans le but de purifier et de protéger, créant la Kami no jōka (Purification divine), que j’utilisais en complémentarité des ombres, ainsi que le Kami no shōheki (Barrière divine), une incantation créant une barrière tout autour d’un lieu ou d’une personne que j’aurais choisie, empêchant quiconque d’y entrer ou d’en sortir.

Lorsque mon sanctuaire fut construit, je reçus plusieurs visites de divinités curieuses, telles que Tsukuyomi, la déesse de la lune ; Hachiman, le dieu de la guerre ; Susanoo, le dieu des tempêtes ; ou encore Inari, la déesse des céréales, reconnaissable à sa longue chevelure blanche comme neige et à ses longues oreilles pointues. Ils souhaitaient comprendre pourquoi un sanctuaire était apparu autour de l’Arbre. Ils m’accueillaient tous avec bienveillance dans leurs univers, m’offrant des cadeaux.

En retour, je leur offrais le gîte et le couvert lorsqu’ils le souhaitaient. Pour ce faire, je conçus un grand manoir dans l’enceinte du sanctuaire, à côté de l’Arbre, qui serait ma demeure principale mais aussi un lieu de repos pour mes convives. J’y ajoutai également une bibliothèque destinée à recueillir des ouvrages et à effectuer des études sur le Néant afin de mieux le comprendre, un grand jardin zen, ainsi qu’une source chaude.

En plus du manoir, je façonnai un grand torii d’une quinzaine de mètres de haut, qui servirait d’unique point d’entrée et de sortie entre le Konfuruento, le Takama no hara et l’Orijinaruwārudo.

Je décidai également d’accueillir les esprits de ceux tombés face aux Kokū no ikimono. Même si, pour le moment, l’archipel du Konfuruento n’était qu’une petite île avec le sanctuaire, je soumis l’idée à Amaterasu, qui approuva ma proposition, soucieuse, car elle craignait que je reste seul dans le Konfuruento, ne pensant qu’à combattre le Néant.

Dans l’optique d’accueillir les esprits, je choisissais deux nouvelles îles avec l’aide de la déesse, que je reliai entre elles par des portails torii. Afin de pallier l’aspect économique du village, j’instaurai une monnaie nommée le Ryo, équivalente à ce que vous appelez dans l’Orijinaruwārudo: le Yen. En somme, un Ryo de cuivre valait cent yens, un Ryo d’argent valait mille yens, et un Ryo d’or valait dix mille yens.

Même moi, je m’imposai ce mode de vie. Ainsi, la base du village était posée, les îles préparées, l’économie se formait à bon rythme, et j’accueillis les premiers esprits en 1720, après une longue bataille contre des Créatures qui s’en prenaient aux villageois.

Au début de la construction des premières maisons, je venais en aide aux villageois, ce qui les surprenait. Je n’avais pas pour but d’être considéré comme un grand chef assis sur son trône, regardant son peuple ; cela ne m’intéressait pas. Je voulais être traité comme un villageois, tolérant uniquement le nom de « Ryoshi-sama ». J’hébergeai les villageois dans mon manoir le temps des constructions et de la fabrication des premiers Ryo. Le village comptait une cinquantaine d’esprits au début, et il ne fallut pas longtemps avant que les premiers couples se forment.

Parfois, ce sont les kamis qui conviaient des esprits à venir s’installer dans le village. Ces derniers n’étaient pas soumis à l’immortalité comme moi ou les kamis : ils grandissaient et vieillissaient comme les vivants, suivant les pratiques shinto. Inari nous offrait même des animaux pour les éleveurs. Lors des premières expéditions de chasse, les villageois découvrirent que les îles abritaient une grande variété d’animaux sauvages. Je décidai alors d’ouvrir les accès aux îles vierges afin d’étendre la surface de chasse.

Après la fin des constructions du village et le début de la vie de l’archipel, je commençai mon étude sur le Néant afin de mieux le discerner. Je notais tout ce que je voyais durant mes combats, ainsi que tout ce que les autres kamis me racontaient à leur sujet, créant ainsi une source d’informations utile pour la suite de mes projets.

Je compris qu’être seul à les combattre ne serait pas chose aisée, j’allais avoir besoin d’aide. Mais ce n’est pas le rôle des kamis. Amaterasu m’a aidé, car elle avait jugé nécessaire d’intervenir et considérait que c’était son devoir de trouver un successeur depuis le début. Ma formation touchant à sa fin, la déesse jugea que j’étais suffisamment apte à remplir mon rôle sans son aide, et je pris alors la décision de créer un clan pour m’assister.

Je savais que cela allait prendre du temps, et Amaterasu ajouta qu’une armée ne suffirait pas : il fallait aussi des prêtresses pour la bonne tenue du sanctuaire, et le plus important, des messagers. Elle me rappela que je ne devais pas oublier mon rôle de kami.

Au fil de mes combats contre le Néant, j’appris beaucoup plus de choses à leur sujet. Il s’agit d’un monde opposé à l’Orijinaruwārudo en tout point, tel un miroir. C’est là où résident les Créatures les plus dangereuses jamais connues ; même les yōkai les évitent autant que possible.

Le Néant est né en même temps que l’Orijinaruwārudo, mais il était vide. C’est après la création des Hommes que des Créatures naquirent dans le Néant. Elles représentent la part la plus sombre des êtres vivants, issues des péchés commis par l’Homme. Amaterasu était chargée de purifier les Kokū no ikimono venant dans l’Orijinaruwārudo, mais cela devenait compliqué pour elle de gérer seule les afflux des Créatures et son rôle de déesse. Voilà pourquoi elle me fit la proposition de devenir l’épée qui trancherait ces Créatures.

Au cours de mes recherches, j’ai pu démontrer qu’il existait six types de Créatures du Néant :

  • Les U~ōkā (Marcheurs) : des êtres semblables à des loups géants, animés par le péché de violence, dotés d’un instinct bestial sans conscience propre, pouvant atteindre deux voire trois mètres de long.
  • Les Heishi (Soldats) : animés par le péché de colère, ils ressemblent à des samouraïs d’environ un mètre quatre-vingts, avec un intellect limité, mais restent des adversaires redoutables. Ils sont sous les ordres des seigneurs.
  • Les Ryoshu (Seigneurs) : forme évoluée des soldats, plus imposante et plus intelligente, pouvant atteindre trois mètres de haut. Animés par la trahison, ils prennent le contrôle des soldats.
  • Les Shoji-sha (Possesseurs) : ce sont les seules créatures dotées d’une conscience, animée par la luxure, sous la forme d’une brume noire épaisse. Elles parviennent à pénétrer dans l’Orijinaruwārudo sans faille. Leur but est de prendre possession d’un être vivant, de le pousser à commettre des péchés, voire d’ouvrir une faille.
  • Les Doragon (Dragons) : Créatures animées par l’avarice. On dénombre très peu de dragons dans l’Orijinaruwārudo, mais quelques-uns ont été aperçus par le passé, créant diverses légendes. Le plus grand dragon que j’ai affronté mesurait jusqu’à vingt mètres de long.
  • Les Akumas (Mauvais esprit) : forme ultime née du suicide, ils représentent les créatures les plus puissantes du Néant, et je suis le seul à pouvoir les combattre. Mes études m’ont mené à découvrir que les Akumas sont dotés des esprits des défunts. Lors d’un combat contre un Akuma dans la préfecture d’Iwate, celui-ci ressemblait à un oni gigantesque, de plus de trente mètres de haut.

Les Kokū no ikimono se nourrissent des âmes des êtres vivants, et plus l’âme est sombre, plus les Créatures s’en prendront à l’individu.

Ma rencontre avec des marcheurs en 1635 résulta d’une faille provoquée par un Shoji-sha ayant pris possession du corps de l’un de mes camarades, ce qui fut le tout premier cas d’une faille découverte par l’Homme.

Une faille est un trou aux fissures aléatoires, montrant un espace noir où même la lumière n’arrive pas à pénétrer. On peut parfois distinguer des yeux rouges apparaissant à divers moments. La taille d’une faille varie grandement, commençant souvent à environ trois mètres de haut pour trois mètres de large, et continuant de s’agrandir pour laisser passer un nombre croissant de créatures de plus en plus grandes, tant en nombre qu’en taille.

Entre la gestion du sanctuaire, du village et les combats, je pris le temps d’améliorer mes équipements et mes techniques pour être encore plus efficace. Mais tout gérer seul était difficile : je devais trouver au plus vite les personnes qui pourraient m’aider dans la lutte.

Je n’avais pas encore idée que deux événements, qui allaient changer le cours de mon existence, se préparaient dans l’Orijinaruwārudo au même moment.

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