Chapitre 02.3

5 minutes de lecture

Dans les "tailles supérieures", il y avait ces créatures qui avaient au moins deux têtes de plus que Rhadamanthe. Mâles comme femelles, elles étaient d’une très grande beauté.

Adad avait du mal à détacher son regard de ces êtres qui avaient la peau soit rosée, soit bleuté, ou encore tendant vers le vert. Ils avaient de longs membres fins et étaient de taille svelte. Quel que soit leur genre, ils avaient tous de long cheveux soyeux et lisses. Seule leur couleur différait : noirs comme la nuit, dorés comme les blés, verts comme de l’herbe fraîche, bleu comme un ciel d’été sans nuage, rouge comme les feuilles de certains arbres ou blancs comme la neige. Leurs yeux, en amande étaient soit d’un noir profond, soit d’un gris presque transparent. Ils portaient des vêtements simples, et leurs gestes gracieux étaient hypnotisants.

Adad se demanda pourquoi ces êtres n’avaient pas été choisis comme hôtes par ses ancêtres. Sûrement un problème de compatibilité, avait-il fini par conclure.

Enfin, il y avait des créatures qui ne pouvaient pas survivre dans le même environnement que les autres sans leurs appareils respiratoires, ou leurs combinaisons adaptées. C’était le cas d’une créature qui semblait pliée en deux, mais dont le très long cou tordu la mettait finalement à la hauteur d’un être humain normalement constitué, en dehors du fait qu’elle avait quelque chose qui rappelait plus certains oiseaux, comme le pélican, qu’un humanoïde.

Les seuls êtres qu’il reconnut, d’après les descriptions données dans certaines des histoires que lui racontait son père, étaient les Selenés.

Ces bipèdes reptiliens, taillés comme des spartiates, auraient pu remplacer les premiers hôtes lorsque l’espèce s’était éteinte.

Son père lui avait expliqué que les Selenés ne valaient pas leurs hôtes initiaux, beaucoup plus intelligents, beaucoup plus autonomes, beaucoup plus beaux, et bien plus malléables.

Si les Primes, les premiers Drægans, n’avaient pas recherché une espèce plus docile avec laquelle les symdræs, les larves de Drægans, pouvaient être compatibles, ils seraient sûrement aujourd’hui les hôtes de créatures à la peau écaillée et à la face reptilienne.

Cela dit, Adad n’y voyait pas tant d’avantages que cela en dehors de l’excellente protection générée par leur constitution. Mais toute créature possédait ses faiblesses.

À parts égales avec l’ensemble des créatures qui évoluaient dans le spatioport, il y avait les Drægans. Ici encore, Adad put remarquer une variété importante d’ethnies en fonction de la couleur de peau de leurs hôtes, et de leurs tenues vestimentaires. À cela, s’ajoutait l’importance de la Cour qui les accompagnait.

Grâce à ses connaissances des civilisations terriennes, il pouvait à peu près déterminer quelles étaient leurs origines, comme il l’avait fait pour Teutatès.

Certains avaient la peau très claire. Leurs vêtements, faits de peaux animales, et leurs bijoux de fer forgé, de bronze et d’étain, les rattachaient aux peuples du Nord. D’autres, au contraire, avaient la peau très sombre. Leurs habits colorés avaient été savamment tissés, et les bijoux qu’ils portaient sur eux, cliquetaient légèrement.

Il aperçut encore un Asiatique aux riches vêtements de soie rouge, orange et vert, qui discutait avec une femme vêtue à la mode indienne, et aux couleurs safranes et sanguines. Leurs labirés, les uns en armures d’acier, les autres en armures de cuir, tous couverts de la tête aux pieds de façon à ce que l’on ne voit que leurs yeux et portant les couleurs de leur maître respectif, ne se mélangeaient pas. Il entendit Teutatès saluer les déesses Dana et Kali lorsqu’elles passèrent devant eux.

Adad sentit leur regard sur lui. Cela ne pouvait être qu’une impression. Il se retourna pour la vérifier. Il ne s’était pas trompé.

La manière dont l’observaient les Éternelles lui fit froid dans le dos. Il la gratifia d’un regard de défiance.

Adad aurait voulu continuer à observer son environnement avec la même attention, mais celle-ci venait d’être détournée par quelques mots prononcés au cours de la conversation que Rhadamanthe et Teutatès entretenaient à voix basses. I

ll se rapprocha d’eux tout en prenant garde, néanmoins, de rester à la bonne distance et tendit l’oreille en faisant mise de continuer à découvrir ce nouveau monde.

— Nous avons trouvé la première labirée, il y a deux jours, expliquait Teutatès à son compagnon. Elle appartenait à la maison de Cronos. La seconde a été découverte ce matin, dans la maison de Rê, qu’elle servait depuis toujours. D’après, Hathor, sa reine, les deux labirées ne se connaissaient pas.  Elles n'étaient pas des concubines de leur maitre respectif non plus. J'avoue que cela m’a troublé dans la mesure où les deux maisons se fréquentent beaucoup depuis quelque temps, et que leurs vaisseaux sont tous les deux en orbite de Vi'veci.

— Il m’a effectivement semblé apercevoir le vaisseau de Rê, et celui d’Apophis lors de mon approche de la planète, acquiesça Rhadamanthe.Il y avait aussi celui des Ramsès.

Teutatès eut un rire sec.

— Par Zeus, heureusement pour nous, Apophis n’a perdu aucun de ses serviteurs. Si cela était le cas, il n’hésiterait pas, à lever ses armées pour détruire cet endroit. Non pour venger son serviteur mais parce qu’il aurait un bon prétexte pour prendre cette base, la mettre à sac, ou augmenter les taxes et les empocher.

— Il pourrait être mêlé à leur mort ?

— J’en doute. Son frère, Rê ne le permettrait pas, et Apophis ne ferait rien sans raison valable et contre l’avis de son frère. Non, mais ce qui est certain, C’est que les deux assassinats sont liés par une même signature. Ces deux labirées ont été tuées selon le rite telchine.

Rhadamanthe secoua la tête.

— Les Telchines ont disparu avec leurs anciens maîtres.

— Les Anciens Dieux n’ont pas disparu. Ils se cachent, et mon père est certain qu’ils attendent leur heure. Je partage son opinion.

— Foutraques ! Même s’ils sont encore en vie, on ne les laissera jamais revenir et les Telchines ont été éliminés, définitivement. Leur foutue secte n’est plus qu’un vague souvenir… Apollon pourrait te le confirmer, c’est lui qui était chargé de mettre fin à ces… Choses.

— Peu importe, obtempéra Teutatès. Il n’empêche qu’on a transpercé la poitrine de ces deux labirées avec un trident, sans doute pour les affaiblir ou les neutraliser, parce qu’elles ne sont pas mortes immédiatement… Il semble même qu’elles aient été interrogées… Avant que leur tête soit fauchée. Pour en faire quoi ? Nous ne le saurons que lorsque nous les retrouveront… Ou lorsqu’elles nous seront renvoyées en guise de message.

Rhadamanthe mit un temps avant de trouver une réponse. Il était abasourdi par ce qu’il venait d’entendre.

— Le trident de Poséidon et la faux de Chronos… C’est peut-être là le message…

— Si C’est un message, il est très clair, dit Teutatès. Nous sommes tous en danger. Mais pourquoi nous préviendraient-ils de leur retour ? Non… Il y a autre chose… Et puis, pourquoi un Telchine se serait-il attaqué à deux servantes ?

Adad avait déjà entendu parler des Telchines. Ils n’étaient ni Drægans, ni labirés. Ils n’étaient même pas humains. On disait d’ailleurs qu’ils pouvaient prendre plusieurs formes. Celle d’un animal, d’un monstre, d’un végétal et même d’un minéral lorsqu’ils voulaient se fondre dans le décor. Ce qui était plutôt utile pour un assassin. Car c’était bien ce qu’ils étaient.

Ils étaient surnommés les « Doigts des Dieux » parce qu’ils étaient aux nombre de dix et ils accomplissaient les basses besognes de leurs maîtres, les Idoles primaires. Pourtant, ils n’étaient employés que pour assassiner d’autres Drægans, généralement d’un rang élevé… Pas des servantes. Cela, n’importe quel Éternel pouvait le faire en toute impunité. Ce qui était arrivé à Darius en était l’exemple même.

Une autre légende courant sur le compte des Telchines disait qu’ils pouvaient maîtriser les éléments.

Annotations

Vous aimez lire Ihriae ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0