Remak'up

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Le soleil écrase de sa suffocante chaleur l'antique capitale grecque, la vieille Athènes.

Je croyais lui avoir échappé, mais le commissaire Zacharia, un ripoux de la pire espèce, est toujours à mes trousses. Pour m'arrêter ou s'approprier le butin de mon casse : une mirifique collection d'émeraudes dérobée dans la villa d'un milliardaire, la nuit précédente. Le genre de quincaillerie qui, pour sûr, attire la convoitise, et pas que la mienne !

C'est pour ça qu'il est sur mes talons et qu'il me course, costume blanc et panama vissé sur la caboche de rigueur. Moi, j'ai beau avoir les yeux clairs et la gueule d'ange de Delon, je me dispense de sun-glasses, malgré la lumière aveuglante réfléchie par la trop grande clarté des façades athéniennes. Il doit faire au moins quarante degrés à l'ombre, mais je ne quitte pas mon blouson aviateur pour autant, sans doute pour la frime. Et parce que je veux emballer la jolie call-girl blonde. Je ne sais pas encore que cette garce couche avec Zacharia et qu'elle fera mine de succomber à mon charme pour mieux me piéger !

Bref, la course à pied dans les rues d'Athènes en plein mois d'août, chaussé de bottines seventies et affublé d'un pantalon pattes d'éph' marronnasse qui plus est, très peu pour moi ! Il me faut absolument fausser compagnie à ce flic retord, ainsi qu’à ses sbires. Du coup, au beau milieu d'une avenue encombrée de véhicules vintage, je saute sur un autobus en partance. Manque de bol pour moi, celui-ci démarre sur les chapeaux de roues ; je suis à deux doigts de me rétamer. Je parviens à m’agripper à l'échelle de toit in extremis, mais cet empaffé de commissaire est toujours scotché à mes basques. Embarqué à bord d'un taxi Volvo millésimé 66, il ne lâche pas l'affaire et intime l'ordre au pauvre chauffeur de me percuter avec le capot de sa bagnole. Je remonte donc illico les marches de l'échelle pour rejoindre la galerie chargée de bagages, en balance un ou deux sur l'auto de mes poursuivants, puis m'accroche à la barre métallique afin de prendre de l'élan pour briser la vitre du Berliet et me réfugier à l'intérieur, au milieu de la foule compactée qui l'habite. Seulement, je dois m'y reprendre à quatre fois, tant le verre Securit résiste. Au même moment, le taxi opère un dépassement de l'autobus et l'infâme Zacharia ouvre sa portière pour tenter de broyer mes jambes, qui retombent sur le flan du véhicule entre chaque tentative. Dans mon malheur, la chance finit par me sourire puisque la dernière des miennes sera la bonne. La mine déconfite du policier me confirme ma victoire, que je salue d'un bras d'honneur à l'adresse de cet enfoiré, un rictus affiché sur ma face. Quelques encâblures plus loin, les portes du Berliet s'ouvrent et libèrent son flot de passagers en nage. J'en profite pour me fondre dans la masse et rejoindre le centre commercial. Comme la loi Evin n'est pas encore passée par là - et que je suis en Grèce -, je m'allume un gros cigare à la Bébel et me rejouis de la perspective de prendre un verre avec la blondasse, préambule à une éventuelle soirée des plus alléchantes à me repaître des attributs de sa féminité.

Café, pousse-café, cigare...

Tiens, c'est de Bébel ça aussi, mais dans un autre film : L'alpagueur, réalisé par Philippe Labro. Ouais, la prochaine fois, ce sera moi le chasseur, et Zacharia la proie...

NB : Ce texte est inspiré d'une scène extraite d’un film d'Henri Verneuil : Le casse (1971), avec Omar Sharif (dans le rôle du commissaire Zacharia) et Jean-Paul Belmondo (dans celui d’Azad) en têtes d'affiche.

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