Dernier raccord maquillage en surplombant un robinet mouillé de vert-de-gris argenté : une ravissante demoiselle grimait sa féminité en se contemplant dans le minuscule miroir de sa trousse vintage, émaillée de motifs kaki militaire.

Elle s'acharna ensuite sur sa manucure de fortune, malmenant au passage un coupe-ongle minimaliste qui aurait tôt fait d'égratigner son système immunitaire si je ne l'avais pas mise en garde contre les méfaits de la rouille qui le gangrenait.

— On n'est jamais trop prudent ! lui avais-je alors soufflé, espérant qu'elle m'en serait éternellement reconnaissante.

Sourire contrit lorsque je lui tendis ma carte de visite d'un air chevaleresque :

— Antoine Maréchal, pour vous servir...

Avant de s'encanailler dans une répartie qui, je ne le savais pas encore, allait rompre le charme, elle avisa l'espace détente qui jouxtait le lieu de notre rencontre fortuite, puis se mit à vociférer de toutes ses forces :

— Et si on allait s'en jeter un derrière la cravate ?

Refroidi par un tel manque de distinction, je déclinai poliment sa proposition avant de m'enfuir à toutes jambes, non sans avoir préalablement prétexté un contre-ordre de dernière minute.

— Ça aurait été avec plaisir, mais j'ai laissé ma femme en double-file. On se rappelle ?

Je ne pris pas la peine de noter son 06...