Une bibliothèque universitaire, quelque part en Pennsylvanie (USA)

Il faudrait que je bouge. Ça fait des heures que je suis assis là à ne rien faire. J’avais besoin de me vider la tête, de ne plus penser à rien. De silence…

Sauf que je ne suis pas invisible et que ma position à moitié avachie sur la table semble être incongrue dans cet endroit si paisible. Alors forcément, il y a cette fille qui me regarde, me fixe. C’est la seule à le faire, à ne pas baisser les yeux quand mon regard croise le sien.

Pourquoi ? Qu’est-ce qui la fascine tant chez moi ?

Elle est plutôt jolie, un peu évanescente même. J’aurais aimé l’observer plus longuement, la détailler pour l’imprimer en moi, une image douce qui me permettrait de survivre à ce quotidien de merde qui me bouffe, m’étouffe. Mais je ne peux pas. Parce que je vertige, que la pièce tangue et que tout tourne autour de moi.

Parce que je vacille.

***

Je me précipite vers lui, sans réfléchir. Il est tombé de sa chaise, alors j’ai pas réfléchi. Ses paupières se sont refermées sur le bleu intense de ses yeux. J’aimerais tant qu’il les ouvre à nouveau. J’aimerais tant…

Alors je tente l’impossible, quelque chose de fou. Pour le réveiller, le ramener à la vie. Poser mes lèvres sur les siennes.

Ses cils papillonnent avant de me révéler à nouveau son regard profond. Profond et étonné. Il ne ferme pas les yeux. Il me rend mon baiser sans fermer les yeux. Par gratitude sans doute.

A moins que…

***

La fille… Cette fille m’a embrassé. Pour me ramener à elle, me ramener à la vie.

Ses lèvres sont douces, parfumées, et le baiser si tendre. Si tendre que j’ai eu envie de le prolonger.

Je caresse le blond cannelle de ses longs cheveux dont les mèches volettent parfois jusqu’à ombrer son visage. Je caresse le velouté de sa peau. Elle a la beauté d’un ange. Est-ce le mien ? Est-ce que c’est toi, mon ange, l'ange que j'attendais ?