Le cinéma d’Arcady

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J’aime le cinéma d’Arcady, sa photographie, ses lumières, ses accents méditerranéens, sa violence parfois pour mieux la dénoncer et véhiculer un message d’amour et de paix.

J’aime tout particulièrement deux films qui me touchent et m’émeuvent à chaque fois que je les regarde. Tellement ils parlent à l’éternel romantique que je suis, et ce sans aucune mièvrerie.

Le premier est injustement méconnu : il s’agit de Là-bas, mon pays…. Sorti en 2000, il ne fut à l’époque que très peu diffusé dans les cinémas nationaux. Je me souviens être allé le voir dans une petite salle inconfortable de la banlieue annécienne, un cinéma de quartier à l’affiche duquel il n’était resté qu’une quinze de jours…

Antoine de Caunes y campe Pierre Nivel, un présentateur de JT pied-noir dont la vie bien rangée, bien ordonnée, est bouleversée par un appel à l’aide de son amour de jeunesse, Leïla, qu’il n’a jamais oubliée. Elle a besoin de lui pour sauver sa fille d’un réseau intégriste algérien qu’elle a défié. Et pour cela, il va devoir revenir dans cette Algérie qu’il a quittée à contrecœur trente ans plus tôt, en ravivant ses souvenirs d’adolescence et l’incandescence de cet amour déchiré par la guerre d’indépendance.

Dans ce long métrage, tout est d’une beauté incroyable, de l’admiration d’Amina (Nozha Khouadra) - la fille de Leïla - pour Pierre, qu’il se refuse à consumer, à l’amour qu’ont toujours éprouvé l’un pour l’autre les deux ex-amants de l’Algérie coloniale… Mais surtout, il y a cette scène déchirante sur le port d’Alger, de deux adolescents amoureux fous l’un de l’autre, séparés par un grillage et contraints de se quitter. Pierre promet alors à Leïla qu’il reviendra. Trente ans plus tard, il est là, mais leur amour reste impossible.

Le second est à mon sens le film le plus réussi du cinéaste : Ce que le jour doit à la nuit, une superbe fresque algérienne sur fond colonial, brisée par la guerre d’indépendance. Adaptation du roman éponyme de Yasmina Khadra, il peint la douceur de vivre de l’avant-guerre, les dissensions raciales entre riches colons et arabes aux conditions de vie plus précaires, la mixité, la guerre et les scissions qu’elle provoque. Et puis, l’histoire d’un amour impossible entre Emilie (Nora Amezeder) et Jonas/Younès (Fu’ad Aït Aattou), étouffé par une promesse qui les rendra malheureux tous les deux. Après de nombreux tumultes exacerbés par les conflits qui finissent par embraser l’Algérie coloniale, le dénouement n’en est que plus tragique, presque métaphorique et me saisit au cœur à chaque fois.

Parce qu’Emilie n’est plus, et que Jonas ne lui déclarera sa flamme que bien des années plus tard, sur sa tombe, en y déposant la rose, désormais desséchée, qu'il lui avait offerte alors qu'ils étaient encore enfants. Il peut désormais partir en paix lui aussi, pour la rejoindre dans le Rio Salado de leur jeunesse, dans lequel ils déambulent enfin main dans la main.

Le film se conclut ainsi, magistralement, sur cette citation de l’auteur du roman dont il est l'adaptation cinématographique : « Celui qui passe à côté de la plus belle histoire d’amour de sa vie n’aura que l’âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme... ».

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