Romy & Alain : la passion d’une vie

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« Apprendre ta langue /

Pour mieux te parler... »

A la vie comme à la mort

Interprètes : Joyce Jonathan / Jason Mraz

Couple mythique s'il en est, emblématique du glamour des sixties, l'idylle entre Romy Schneider & Alain Delon ne dura en réalité que cinq ans. Pourtant, leur amour fut tel qu'il semble encore aujourd'hui survivre à l'actrice tragiquement disparue en 1982.

Lucide, sans doute trop, l’actrice reconnaîtra dans son journal intime que leur histoire n'était pas vouée à durer. Elle était très bourgeoise et lui un peu voyou, des origines antagonistes… C’est le cinéma qui les mettra sur la route l’un de l’autre, les séparera ensuite pour mieux se retrouver enfin.

1958, le réalisateur Pierre Gaspard-Huit propose à Romy de reprendre le rôle que sa mère Magda Schneider avait tenu en 1933 dans un remake intitulé Christine. Elle a l'opportunité de choisir son partenaire masculin sur photo : ce sera le bel Alain Delon. Avant le tournage, les producteurs du film organiseront une entrevue avec la presse dans les salons de l'aéroport d'Orly : ce sera leur première rencontre, au pied de l'escalator. Et d'emblée le coup de foudre ? Non, point de coup de foudre, ni pour l'un ni pour l'autre. Leurs premiers rapports sont même houleux, Romy ne parlant pas français et trouvant Delon trop arrogant.

La comédienne relatera sa première impression ainsi : « En bas de l'escalier se tenait un jeune homme trop beau, trop jeune, trop bien coiffé, habillé comme un gentleman, cravate et costume trop à la mode. Alain Delon. Même le bouquet de roses qu'il avait à la main était trop rouge. J'ai trouvé l'ensemble de mauvais goût et le garçon sans intérêt. » (1)

De son côté, l'ex-jeune premier du cinéma français évoquera cette rencontre dans sa lettre d'adieux à sa Puppelé (2), publiée dans Paris-Match en 1982 :

« Tu arrivais de Vienne et j'attendais, à Paris, avec un bouquet de fleurs dans les bras que je ne savais comment tenir. Mais les producteurs du film m'avaient dit : « Lorsqu'elle descendra de la passerelle, vous vous avancerez vers elle et lui offrirez ces fleurs. ». Je t'attendais avec mes fleurs, comme un imbécile, mêlé à une horde de photographes. Tu es descendue. Je me suis avancé. Tu as dit à ta mère : « Qui est ce garçon ? ». Elle t'a répondu : « Ce doit être Alain Delon, ton partenaire... ». Et puis rien, pas de coup de foudre, non. Et puis, je suis allé à Vienne où l'on tournait le film. Et là, je suis tombé amoureux fou de toi. Et tu es tombée amoureuse de moi. »

Puis ce seront les fiançailles à Lugano en 59, la vie à Paris. La carrière de Delon explose, celle de Romy est au point mort. La rencontre avec Visconti la relance et lui ouvre même les portes de l'Amérique, pays où elle s'installe en 1962 puisque La Columbia lui a offert un contrat pour sept ans. Elle d'un côté, Delon de l'autre, il finira par la quitter en 1963.

Cinq ans plus tard, ils se retrouveront pour le film La Piscine. C'est Delon qui persuade le cinéaste Jacques Deray d'engager la future égérie de Claude Sautet.

« J’ai tout de suite songé à Romy pour le rôle de Marianne, déclara-t-il dans une interview en 2008. On voulait m’imposer Monica Vitti ou Angie Dickinson. Moi, je voulais Romy et personne d’autre, ou alors je ne faisais pas le film. »

Leur couple crèvera littéralement l'écran dans toute sa sensualité et relancera la carrière de l'actrice, à nouveau en panne après sa parenthèse américaine.

C'était le cadeau de Delon à sa Puppelé : « Ces retrouvailles étaient vraiment fabuleuses, intenses, émouvantes, et plus qu’amicales. Il n’y avait plus de passion entre Romy et moi. C’était autre chose, plus fort, plus puissant. Elle n’était plus la Romy de Christine puisque dix années s’étaient écoulées. Je n’étais plus non plus le jeune fauve sur lequel la presse allemande s’était acharnée. On avait changé, mais les années n’avaient pas amoindri notre amour. »

Et si le couple sur pellicule n'en est plus un à la ville, ils resteront liés jusqu'au bout, jusqu'à la fin. « On s’est séparés mais jamais quittés ! » corrige Delon quand on évoque leur rupture.

Romy était son premier amour, le plus grand. Elle est celle qui l'accompagne partout avec lui - il conserve précieusement une photo d'elle dans son portefeuille -, celle qu'il avoue regretter de ne pas avoir épousée tout en reconnaissant qu'il n'aurait probablement rien pu changer à sa triste destinée.

En 1982, ils auraient même dû tourner ensemble dans L’un contre l’autre, une sorte de clin d’œil à leur histoire commune, mais le film ne se fera jamais ; Romy est partie trop tôt...

Quand elle s'éteint à l'âge de quarante-trois ans, le cœur usé par la vie, Delon abandonne toute pudeur et lui écrit ces mots : « Ma Puppelé, je te regarde encore et encore. Je veux te dévorer de tous mes regards […]. Repose-toi. Je suis là. J'ai appris un peu d'allemand, près de toi. Ich liebe dich. Je t'aime. Je t'aime ma Puppelé. » (3)

Bien plus tard, en 2008, c'est tout naturellement que l'Académie des Césars désignera Alain Delon pour décerner un César d’honneur à l'actrice. Très ému, c'est directement à son ex-fiancée qu'il s'adressera : « On m'a demandé de bien vouloir lui remettre un César d'Honneur, j'ai accepté. Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que... Parce que cette année, tu aurais soixante-dix ans et que tu me manques terriblement. Parce que nous nous sommes fiancés il y a cinquante ans, parce que nous avons nagé ensemble il y a quarante ans dans La Piscine, parce que nous nous sommes aimés, parce que nous avons été heureux ensemble et malheureux quand David (4) est parti. Parce que c'était toi, parce que c'était moi. Voilà pourquoi. » Il terminera son hommage en demandant une standing ovation pour l'amour de sa vie. Pour celle qui n’a plus jamais quitté ses pensées depuis qu’elle n’est plus. Celle qu’il a aimée par-dessus tout. A la vie comme à la mort...



(1) : Citation extraite du livre autobiographique Moi, Romy : le journal d'une vie (1998).

(2) : Surnom que donnait affectueusement Alain à Romy. En allemand, cela signifie « petite poupée ».

(3) : Lettre posthume parue dans Paris-Match en juin 1982.

(4) : David était le fils de Romy Schneider. Sa mort accidentelle à l'âge de quatorze ans en juillet 1981 la laissera anéantie. Elle ne s'en remettra pas.

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