Souvenir de lecture : « Le Petit Nicolas » et moi

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Le Petit Nicolas, c'est ma madeleine de Proust, mon premier souvenir marquant de lecture. Et aussi mon modèle en matière de littérature enfantine.

René Goscinny (1926-1977), son auteur, n'est pas un illustre inconnu pour nombre d'entre nous : il est le créateur d'incontournables héros de BD comme Asterix ou Iznogoud. Il a également collaboré à plusieurs albums de Lucky Luke. Lui, c'est l'écriture, le scénario, l'intrigue, dans ce registre plutôt difficile qu'est l'humour jeunesse.

Avec Jean-Jacques Sempé (1932-2022), illustrateur, il crée Nicolas en 1959 dans une première histoire intitulée L’œuf de Pâques, et le premier recueil de plusieurs histoires Le Petit Nicolas paraît en 1960.

Moi, j'ai fait la connaissance du Petit Nicolas bien plus tard – puisque je suis né en 1973 -, à l'âge de huit ans, avec Les Récrés du Petit Nicolas. Goscinny n’était déjà plus, l'école des années 80 n'avait plus grand-chose à voir avec celle des années 60, et pourtant j'ai adoré d'emblée.

Parce que c'est à travers les yeux de Nicolas, petit garçon d'environ huit-neuf ans, qu'on découvre son univers (Messieurs Blédur et Moucheboume), sa famille (ses parents, Mémé, tonton Eugène), ses nombreux copains (Alceste, le gros qui mange tout le temps, Agnan le chouchou, Clotaire le cancre, Eudes, Geoffroy...), son école (la maîtresse et le Bouillon, le surveillant général, Mouchabière). Un phrasé rigolo, enfantin, avec des expressions devenues cultes comme : « C'est chouette » ou « Non mais sans blague, c'est vrai quoi à la fin ! ». Le tout illustré de dessins humoristiques.

Aujourd’hui encore, je me souviens d'histoires comme La montre, L'appareil-photo ou Je me cire qui m’ont vraiment marqué.

J'en garde un tellement bon souvenir que c'est quelque chose que j'ai tenu à faire découvrir à mes enfants. Et ma fille a, elle aussi, beaucoup aimé.

Mon épouse me sachant fan depuis des lustres, elle m'offrira un volume collector sorti à l'occasion du cinquantenaire du Petit Nicolas en 2009 : Le ballon, superbe album avec des illustrations inédites et colorées signées Sempé - alors qu'elles sont à l'origine monochromes.

Pour ses cinquante ans, les hommages se sont d'ailleurs multipliés avec une première adaptation cinématographique signée Laurent Tirard et une série animée co-produite par M6.

Si le film est plutôt fidèle à l'esprit du Petit Nicolas, sa principale gageure a été d'en faire une intrigue unitaire à partir de courtes histoires sans autre lien entre elles que leurs personnages. C'était la condition sine qua non imposée par Anne Goscinny, la fille de l'auteur, pour accepter une adaptation cinématographique : ne pas en faire un film à sketchs. Pari à moitié réussi mais le résultat est plutôt sympathique. Ce qui appellera un opus deux : Les Vacances du Petit Nicolas (2014), à mon sens moins abouti.

Déjà, Nicolas n'y a plus ses camarades habituels mais des copains de vacances, qui me sont moins familiers, et surtout, le film est nettement moins unitaire avec une grosse entorse à l'esprit du Petit Nicolas : l'utilisation - unique certes mais tout de même ! - d'un gros mot. Impensable dans une œuvre destinée aux enfants dans les années 60, même si aujourd'hui ils sont pour la plupart passés dans le langage courant. D'ailleurs, dans l'histoire intitulée Le gros mot (recueil Histoires inédites du Petit Nicolas volume 1), le gros mot en question n'est jamais divulgué.

Et de fait, considérablement refroidi par cette seconde adaptation cinématographique, je n’ai pas du tout été tenté d’aller voir l’opus trois, intitulé Le trésor du Petit Nicolas, sorti en 2021. Parce que je ne souhaitais pas voir à l’écran une image encore plus galvaudée du héros de mon enfance.

Au final, la meilleure adaptation reste la série animée Le Petit Nicolas, découpée en autant d'épisodes que d'histoires, avec un phrasé très proche de l'original. Et si le décor reste connoté sixties, le graphisme actuel rend Nicolas et sa bande de copains plus intergénérationnels que jamais - puisqu'il existe des livres illustrés dérivés de la série animée.

Bref, Le Petit Nicolas n'a pas fini de faire sourire les minots et leurs parents dans de près de quarante pays différents, et de constituer l’un des premiers meilleurs souvenirs de lecture qui marquera longtemps ces enfants devenus grands.

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