Paris, la Seine...
« Sur le Pont des Arts, mon cœur vacille /
Entre les eaux, l’air est si bon /
Cet air si pur, je le respire /
Nos reflets perchés sur ce pont… »
La Seine
chanson extraite de la bande originale du long métrage animé Un monstre à Paris (2011)
Paroles & musique : Mathieu Chedid
Interprètes : Vanessa Paradis & Mathieu Chedid
Je ne joue plus à la marelle. Annette a ébréché les faïences décrépites de notre idylle. Elle les a arrachées une à une pour soustraire son reflet à mon regard. Elle a grandi sans moi, préférant l'ombre des arbres centenaires à la mienne.
Je me souviens encore de nos promenades au clair de lune au bord du canal, main dans la main. Je nous voyais Gabin et Morgan en culottes courtes ; je nous imaginais sur les quais de Seine, une version noir & blanc d'un cinéma d'avant-guerre, celui qu'affectionnait mon père ; je nous savais heureux. On avait quoi ? Dix ans peut-être, dix ans pour l'éternité. Dix ans avant qu'Anton ne me l'enlève. Il était plus rive gauche, plus friqué. Il avait la gouaille canaille d'un titi parisien, transpirait la Ville-lumière. Il jouait les mauvais garçons du Paris des bas-fonds, la séduisait de ses atours de beau-parleur tandis que moi, en sage provincial que j'étais, je me rêvais crooner pour lui chanter mon amour.
Ce soir encore, je traîne-savate en bord de Seine, je sais que je l'ai aimée. Il y a vingt ans à peine, vingt ans de solitude, et Paris qui s'éveille alors que je nous fantasme corps-à-corps, éperdus. Parce que dans mes songes voguant sur un bateau-mouche, l'Annette que je désire à présent est devenue femme...
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