Être une femme…

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« Bah faudrait p't'être casser les codes /

Une fille qui l'ouvre ça serait normal... »

Balance ton quoi

Paroles : Angèle Van Laeken / Veence Hanao

Musique : Angèle Van Laeken

Interprète : Angèle (Van Laeken)


Tout est parti d'une discussion avec ma fille - treize ans à l'époque -, élève à haut potentiel et donc très mature pour son âge :

— Pourquoi ne me laissez-vous pas plus de liberté pour sortir avec mes amies ?

— Parce que tu n'as que treize ans, et qu'il est normal que l'on ait un œil sur tes fréquentations. Et puis, on ne peut pas te laisser sortir n'importe quand, n'importe où…

— Je vais pas faire n'importe quoi non plus, juste faire du shopping, aller au ciné... En tout cas, j'espère que vous ne serez pas plus cool avec mon frère quand il aura mon âge, sous prétexte qu'il est un garçon.

— On ne sera pas plus cool, mais il y a un paramètre qu'il faut prendre en compte : une fille est toujours plus susceptible de se faire embêter dans la rue qu'un gars.

— Mais c'est pas juste !

— Comme il est injuste qu'une femme ne touche pas le même salaire qu'un homme à poste et responsabilités équivalents, mais c'est comme ça...

Et cela illustre bien la difficulté d'être une femme aujourd'hui, entre les déclarations d'intention affichées autour de l'égalité des sexes, la volonté d'une certaine parité sociétale d'un côté, et la réalité des faits de l'autre, à savoir qu'une femme est trop souvent considérée comme inférieure à un homme.

Réputée plus sensible et plus faible, on oublie trop vite qu'elle est par exemple capable d'endurer une souffrance physique bien supérieure à celle qu'aucun homme n'endurera jamais : celle d'enfanter.

Et on oublie également bien souvent que ces dames sont capables d'égaler voire surclasser les hommes dans bien des domaines, notamment dans le sport à haut niveau. Ce que confirme Clarisse Agbegnenou, triple championne du monde de judo :

« Certains garçons disent que le judo féminin et le judo masculin, ce n’est pas la même chose. Pourtant nous, les féminines, sommes tout aussi fortes que les garçons. »

Mais avant que les choses changent vraiment dans les mentalités sexistes qui prédominent, principalement véhiculées par les hommes d'ailleurs, il y a encore un sacré bout de chemin à parcourir. Même pour un champion olympique comme David Douillet :

« Pour moi, une femme qui se bat au judo ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer. »

Mais David, toutes les femmes n'ont pas forcément vocation à être mère, et il est injuste de stigmatiser celles qui ne souhaitent pas le devenir !

Depuis les seventies, les femmes s'expriment plus librement, revendiquent. Et à travers des mouvements comme Me too et Balance ton porc, dénoncent les comportements abjects dont elles font l'objet, mais culpabilisent aussi nombre de mecs lambda qui n'osent même plus faire la moindre tentative de séduction par crainte qu'elle soit mal interprétée. C'est là tout le paradoxe de l'égalitarisme hommes-femmes revendiqué, parce qu'il est parasité par une réalité propre aux genres, héritage d'usages parfois séculaires - c'est à l'homme de faire le premier pas en général. Et à force d'opposer ainsi les sexes dans un rapport de « rivalité », les hommes finissent aussi parfois par avoir peur des femmes, en particulier quand elles prennent le « pouvoir », comme s'ils se sentaient émasculés lorsqu'elles deviennent supérieures ou égales à ce qu'ils ont toujours représenté. Et c'est bien là que le bât blesse : les rapports hommes-femmes, la place « naturelle » qu'on leur attribue dans la société est surtout un legs du passé ; et si le modèle sociétal a muté depuis, les mentalités ont davantage de mal à suivre.

En fait, chaque genre a ses spécificités, ses exceptions aussi, qui contrecarrent les généralités ou idées reçues. Ce qui fait que chaque être est unique et qu'aucun n'est supérieur ou inférieur à l'autre.

— Être une femme aujourd'hui, ma puce, c'est savoir être maîtresse de son destin et s'affirmer dans un monde encore sexiste. C'est savoir exister par soi-même et amener petit à petit l'homme à changer son regard sur elle, à ne plus la considérer comme faire-valoir ou objet mais plutôt comme partenaire complémentaire dans vos vies respectives.

Voilà en substance ce qu'en tant que père je pourrais dire à ma fille... Que le sexisme est encore là, mais que l'évolution progressive des mentalités est entre les mains des générations futures. Cela étant, ma fille ayant grandi depuis lors, elle n'a plus besoin de moi pour s'affirmer seule et crier haut et fort qu'une meuf vaut bien un gars. Eh oui, force est de constater que les lignes sont en train de bouger – et c’est tant mieux -, même si le chemin peut sembler encore long...

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