Chapitre 6
Michael ignorait s' il s'était écoulé trois nuit ou plus, tout ce qui était en sa connaissance était qu’il avait dormi trois fois.
Trois nuits dans les abysses. Trois nuits à écouter Minerva corriger chacun de ses gestes, à répéter inlassablement les mêmes attaques, les mêmes esquives, jusqu’à ce que ses bras mécaniques brûlent d’une fatigue qu’il n’aurait jamais cru possible pour une poupée.
Ses mains, qui avaient autrefois tremblé à l’idée de frapper, savaient désormais manier la lame blanche que Minerva lui avait confiée. Ses jambes, vacillantes, avaient appris à pivoter, à bondir, à encaisser les coups. Chaque articulation grinçait un peu plus chaque jour, mais ce grincement n’était plus une faiblesse.
Ce soir, il n’y aurait plus d’exercice. Plus de chutes, plus de recommencement. Ce soir, le moment était venu pour lui d’enfin remonter.
Minerva l’observait à travers la lumière vacillante du feu. Son visage rafistolé restait impassible, mais ses yeux dépareillés brillaient d’une étrange intensité.
— Toi prêt, maîtresse attendre toi.
Michaël hocha la tête. Dans son ventre creux, quelque chose vibrait, un mélange de peur et de colère qui le tenait debout plus sûrement que n’importe quelle mécanique.
L’heure était venue, l’heure de la vengeance était venue, mais le jeune garçon savait qu’il ne devait pas laisser ses sentiments le submerger ou il n'aurait aucune chance face à la sorcière.
Les autres poupées rapiécées s’étaient rassemblées. Certaines n’avaient plus de jambes, d’autres n’avaient plus de visage, mais toutes observaient en silence. Dans leurs orbites vides ou leurs bouches cousues, Michael percevait une lueur fragile : l’espoir. Michael était devenu le messie, leur seul espoir d’une vie nouvelle en dehors de cette abyss profond, à côté de toute leur sœur et leur frère devenu déchets.
Il inspira, serrant la poignée de sa lame contre sa paume, il la glissant dans son dos, la dissimulant derrière son corset, espérant pouvoir jouer sur un effet de surprise.
— Ce soir, je remonte. Et je détruirai la Maîtresse. Je vous en fait la promesse.
Un murmure parcourut les abysses, comme un souffle collectif. Minerva s’approcha, posa sa main rafistolée sur son épaule, et ajouta dans un souffle rauque.
— Va. Reviens, un seul morceau, toi espoir, nous.
Grésilla la jeune fille alors qu’elle se levait, une main tendue vers Michael, celui-ci l'accepta, se relevant.
Tous deux s'avancèrent vers les escaliers poussiéreux, ils n'avaient que très peu servi, voir aucunement était utiliser, ils se mirent alors à gravirent chaque marche.
Michael suivait Minerva, les yeux brûlant d’une résolution nouvelle et d’une rage intense.
Trois nuits d’entraînement avaient affûté ses gestes, mais c’était la rage et la douleur qui guidaient ses pas. Le souvenir d’Aria pesait sur ses épaules, son absence emplissait chaque silence entre deux marches.
À mesure qu’ils montaient, l’air devenait plus froid, plus dense, chargé d’un souffle invisible qui semblait les repousser en arrière. Parfois Michael avait la sensation étrange que l’escalier s'allongeait sous leurs pas, comme si le manoir lui-même refusait leur ascension.
— Toi, pas trembler, dit Minerva d’une voix hachée. Maîtresse sentir peur.
Michael serra les poings. La rage bouillonnait davantage au creux de ses mécanismes endolories.
— Je ne tremble pas. Plus jamais.
La poupée rafistolée tourna brièvement la tête vers lui, ses yeux asymétriques brillants dans l’ombre, puis continua à gravir les marches sans un mot de plus.
Enfin, ils atteignirent une large porte de bois noirci, cerclée de fer. Elle semblait vivante, palpitante, comme si un cœur monstrueux battait juste derrière.
Michael posa une main sur le battant glacé.
Avant de pouvoir l’ouvrire, il sentit la main de Minerva se poser sur son, tout en pivotant dans sa direction il remarqua alors que celle ci avait retiré son cache oeil, et lui tendait à présent son unique oeil emplie de détermination. Hésitant quelque seconde, Michael accepta l'offre, prenant entre ses doigts le doux tissu a dentelle, le jeune garçon le mit alors sur son propre œil manquant.
Michael inspira profondément. Une étrange chaleur l’envahit, mélange de force nouvelle et de lourde responsabilité. Il ne devait pas échouer, en aucune qu’a ce droit lui était permis.
— Merci, murmura-t-il
Sa voix etais rauque rauque, non pas d'émotion mais de rage contenue.
Minerva hocha la tête, et pour la première fois depuis qu’il l’avait rencontrée, il crut voir un sourire fugace étirer ses lèvres mal jointes.
Alors, sans un adieu, Michael tourna les talons et franchit la porte noire d’un pas décidé. À l’instant où il entra, quelque chose changea, l’air devint plus dense, mais les murs du manoir semblaient soudain s’écarter, comme pour lui ouvrir la voie.
Les portes, autrefois scellées, grinçaient doucement en pivotant d’elles-mêmes à son approche. Aucun piège, aucun murmure, aucun éclat de haine ne surgissait.
Il traversa d’abord la grande salle de la Reine.
Là où les flammes avaient ravagé les murs, où la chaleur l’avait presque consumée, il ne restait rien. Les tapisseries, les nappes, les lourds rideaux : tout avait été remplacé, rutilant comme si jamais le feu n’avait existé. Et sur la longue table, la vaisselle en porcelaine était déjà dressée, vide mais prête, comme si la Reine attendait encore ses invités.
Puis vint la salle du Roi.
Le sol, qu’ils avaient laissé joncher de poussière et de débris de corps lors de leur fuite, avait été lavé. Le chandelier écrasé avait disparu, comme s’il n’était jamais tombé. Pas un fragment, pas une trace. Seul le vide froid l'accueillait.
Michael serra les poings. Son cœur résonnait d’une angoisse sourde. C’était trop parfait, trop facile.
Le jeune garçon se força à ne pas ralentir, chaque pas résonnant dans le silence immense, le manoir n’était plus un labyrinthe, il devenait un guide.
Les portes s’ouvraient sur son passage, le menant sans détour à travers des couloirs droits, dégagés, comme si la maison l’entraînait volontairement vers le cœur de son horreur.
Chaque pas rapprochait Michael de ce moment qu’il redoutait et désirait tout à la fois.
Et bientôt, il le sut, il n’y aurait plus ni détour, ni salle vide, ni silence, il n’y aurait plus que la Maîtresse et lui.
Les pas de Michael résonnaient comme des coups de marteau dans le silence.
Il s’avança dans un couloir qu’il n’avait jamais vu auparavant, long, droit, presque trop régulier. Les murs étaient recouverts d’un papier peint neuf, immaculé, aux motifs de fleurs mauves. Pas de poussière, pas de fissures, pas une seule trace d’usure. Comme si cet endroit, à l’inverse des autres, venait d’être construit et était régulièrement entretenu.
Chaque porte qu’il croisait s’ouvrait d’elle-même, révélant des salles parfaitement rangées, désertes, des chambres aux draps impeccables, des bibliothèques aux rayonnages remplis de livres alignés, des salons où les fauteuils attendaient, tournés vers la cheminée encore chaude. Pourtant, il n’y avait personne. Pas une poupée. Pas un souffle.
Il le savait, c’est couloirs, c’est pièce, il était autrefois déjà venu ici, esque le manoir se jouer de lui, essayant de lui faire se remémorer les anciens temps ou il était encore en service ici ? Peu importe ce que le manoir et la maîtresse de maison souhaiter lui faire comprendre, il n’en avait que faire, son seul objectif était la sorcière.
À mesure qu’il avançait, Michael sentit le poids rassurant de sa lame dissimulée dans son dos, nichée dans son corset. Même invisible, elle était là, contre lui, prête à se déployer à la moindre menace. Ce contact métallique lui rappelait qu’il avait encore un moyen de se défendre, qu’il n’était pas entièrement impuissant face à l’horreur qui l’attendait.
Le silence commençait à lui peser, ce n’était pas un silence naturel, c’était un silence tendu, vibrant, comme si chaque meuble, chaque mur, chaque tableau retenait son souffle à son passage.
Il atteignit une galerie interminable. Sur chaque mur, d’immenses portraits étaient accrochés, plus anciens que ceux vus auparavant. Des visages qu’il ne connaissait pas, mais qui avaient tous ce point commun, leurs yeux. Ces yeux, d’une intensité glaciale, semblaient le suivre. Certains souriaient, d’autres non. Mais tous avaient ce regard fixe, lourd, insistant.
Michael détourna les yeux, pressant le pas, son cœur battait plus fort, ses mains tremblaient, mais sa lame demeurait calmement dissimulée dans son dos, prête à surgir au moindre signe d’hostilité.
Il déboucha dans un vaste hall. Au centre, une horloge monumentale, aussi haute qu’un mur, égrenait le temps d’un tic-tac régulier. Chaque battement résonnait dans sa poitrine comme une menace. Il s’arrêta, figé. Les aiguilles avancent bien trop vite, tournant à une vitesse démente, comme si le temps lui-même s’effondrait autour de lui.
Puis, brusquement, l’horloge s’immobilisa. Su fus le silence.
Le battement de son cœur était le seul son encore vivant.
Michael sentit le contact froid et rassurant contre son dos. Il comprit, sans qu’on ait besoin de lui dire, le manoir l’avait presque amené au bout du chemin. Tout cela n’était qu’un prélude. Un dernier avertissement avant l’affrontement.
Il inspira profondément et reprit sa marche, décidé à ne plus s’arrêter.
Ses pas -du moins là où le manoir voulais bien le mener- le menaire jusqu'à une immense porte au bois sombre et sculpté de différentes gravures, représentant toute des scène anciennes, des corbeaux ciseler le bois de part et d’autre de cette fresque.
Le jeune garçon poussa alors les deux battant de bois, entrant dans ce qui s'apparente à un bureau, d'innombrable bibliotech recouvrer chaque mur, au fond de la pièce se trouve une immense bais vitrées donnant sur un balcon, au centre de la salle trônait un bureau de bois sombre ou était en train d'écrire la sorcière.
La maîtresse de maison souri au bruit qu’emi la vieille porte de sa pièce, relevant la tête en posant sa plume, ses doigt se croisait sur son genou surélever, son regard perçant traverser son masque scrutant Michael ainsi que chacune de ses fissure.
— Je t’attendais, Michael.

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