Conséquence et désespoir

18 minutes de lecture

L'atmosphère était sinistre, la ville dévastée par les flammes et envahie par les volutes de fumée. Les corbeaux tournoyaient dans le ciel, se régalant des restes éparpillés çà et là. L'un d'eux osa s'approcher d'un amas de débris et picora un doigt qui émergeait de la masse. Surpris par la réaction inattendue, le corbeau s'envola en poussant un croassement frustré. Le tas de gravats se mit alors à trembler, et une silhouette grise en émergea. Durlip, couvert de poussière, toussa violemment et cracha quelques cailloux avant de se relever péniblement.
Son corps endolori et meurtri, Durlip contempla le chaos qui l'entourait. Les rues étaient jonchées de débris et de cadavres, témoins muets des horreurs de la bataille. Les flammes crépitaient encore, se nourrissant de ce qu'il restait de la ville autrefois florissante.
Durlip constata avec stupeur que la nuit était déjà tombée, réalisant ainsi qu'il avait perdu conscience pendant une période considérable. Son esprit était rempli d'inquiétude pour ses parents et ses amis, et il se mit immédiatement en quête de les retrouver. Il se dirigea vers le rempart Est où ils étaient stationnés, espérant les trouver indemnes malgré les ravages de l'attaque.
Cependant, à mesure qu'il s'approchait des ruines où se trouvaient les tentes des soins, une vision d'horreur s'empara de lui. L'emplacement même de la tente de soin avait été violemment frappé par un jet d'acide. Les malheureux qui étaient en cours de soin avaient été pris au dépourvu, et la plupart gisaient encore sur leurs lits de camp, réduits à des tas d'os partiellement rongés par l'acide.
La gorge nouée par la tristesse et l'horreur, Durlip fixa le spectacle macabre devant lui. Son regard se posa sur à coté de l'atelier de l'apothicaire, où se trouvait le lit de son ami Dimpel. Son cœur se serra alors qu'il découvrit le corps sans vie de son cher camarade, étendu aux côtés de sa bien-aimée, leurs os enlacés pour l'éternité.
La douleur et le chagrin submergèrent Durlip, et des larmes inondaient ses yeux. Un cri de désespoir menaçait de s'échapper de sa bouche, mais il se mordit les lèvres à sang pour étouffer tout son. La conscience du danger qui les entourait le retint de laisser échapper sa douleur, et il serra les poings si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes.
Dans cet instant de deuil et de chagrin, Durlip se sentit ébranlé jusqu'au plus profond de son être. La perte de son ami bien-aimé était une blessure déchirante qui laisserait une cicatrice indélébile dans son cœur,

Durlip entreprit la recherche de ses parents avec une inquiétude grandissante, mais malheureusement, il ne trouva aucune trace d'eux parmi les décombres de la ville dévastée. Son cœur se serra d'angoisse, mais il savait qu'il ne pouvait pas s'attarder. Les rues étaient dangereuses, et il devait rester vigilant pour éviter les gobelins qui rôdaient encore parmi les ruines.
Ces viles créatures étaient des pillards expérimentés, agissant rarement seules. Une alerte imprudente pourrait lui être fatale, d'autant plus que Durlip ne disposait pas actuellement de sorts pour se défendre. Il devait donc être prudent, utilisant ses sens aiguisés pour détecter les moindres signes de leur présence.
Durlip se déplaçait furtivement, évitant les zones les plus exposées et cherchant des voies alternatives pour se déplacer. Chaque pas était calculé, chaque mouvement mesuré pour minimiser le risque de confrontation avec les gobelins. Il savait que la discrétion et la prudence étaient ses alliées les plus précieuses dans cette situation périlleuse.
Alors qu'il progressait dans les ruelles désolées, Durlip prêtait une oreille attentive aux moindres bruits, cherchant à repérer les gobelins avant qu'ils ne le repèrent. Les souvenirs des raids précédents lui rappelaient que ces créatures étaient rusées et impitoyables, prêtes à tout pour satisfaire leurs instincts de pillage.
La tension était palpable alors que Durlip se glissait habilement entre les débris et les vestiges de bâtiments autrefois majestueux. Chaque instant qui passait était empreint de danger et d'incertitude, mais il était déterminé à retrouver ses parents et à les mettre en sécurité.
Finalement, après de longues heures d'exploration minutieuse, Durlip parvint à atteindre une zone relativement préservée où il espérait trouver un indice sur le sort de ses parents. Il scruta les alentours avec attention, espérant apercevoir un signe de leur présence ou de leur passage récent.

Durlip se retourna brusquement, sa dague prête à frapper, mais il se figea en voyant Elara se tenir devant lui. La lueur de la lune mettait en valeur ses traits délicats et sa chevelure rousse qui encadrait son visage. Son regard émeraude était empreint de soulagement et d'une pointe de reconnaissance.
"Durlip, c'est toi !" s'exclama-t-elle avec un mélange de surprise et de joie. "Je suis si heureuse de te voir en vie. Nous devons partir d'ici au plus vite, la cité est maintenant infestée d'orcs et de gobelins."
Durlip relâcha sa prise sur la dague, laissant retomber son bras le long de son corps. Un mélange de soulagement et de reconnaissance l'envahit alors qu'il réalisait qu'Elara était saine et sauve. Il avait secrètement espéré la retrouver, redoutant le pire.
Puis une autre urgence pris le dessus "Elara, as-tu des nouvelles de mes parents ? As-tu vu où les orcs les ont emmenés ?" demanda-t-il d'une voix fébrile, espérant contre toute attente qu'elle avait des informations positives à lui fournir.
Elara baissa les yeux, ne pouvant cacher sa peine. "Durlip, je suis désolée, mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Les orcs ont emmené un grand nombre de prisonniers et les ont regroupés dans un immense enclos, non loin d'ici. Tes parents en font malheureusement partie."
Le cœur de Durlip se serra douloureusement à ces paroles. Il pouvait imaginer la souffrance de ses parents, pris au piège entre les murs de leur geôle, attendant une issue incertaine. Une vague de détermination s'empara de lui. "Nous devons les sauver, Elara. Je ne peux pas les laisser entre les mains de ces monstres. Je sais que c'est risqué, mais je suis prêt à tout tenter."
Elara posa doucement sa main sur l'épaule de Durlip, cherchant à le réconforter. "Durlip, je comprends ta détresse et ton désir de sauver tes parents, mais nous devons être réalistes. Les orcs et les gobelins sont en surnombre, et affronter tout cela seul serait du suicide. Nous devons élaborer un plan, trouver des alliés, et agir avec prudence."
Durlip regarda Elara avec détermination, sa voix emplie d'une résolution inébranlable. "Je ne peux pas abandonner mes parents à leur sort, Elara. Je suis prêt à prendre des risques, à me battre pour eux. Trouvons un moyen de recueillir des informations, de repérer leurs faiblesses et de mettre au point un plan solide. Je sais que ce ne sera pas facile, mais je dois essayer."
Elara le regarda dans les yeux, comprenant l'intensité de sa détermination. "D'accord, Durlip. Nous allons faire tout notre possible pour les sauver.
Durlip et Elara s'approchèrent le plus discrètement possible de l'enclos où les habitants étaient détenus. Après avoir contourné de nombreux obstacles et éliminé silencieusement quelques sentinelles, ils atteignirent enfin leur destination. L'atmosphère était lourde de tension alors que les orcs commençaient une étrange musique rythmée par des tambours qui grondaient à l'unisson.
Durlip sentait son cœur battre la chamade, ses mains serrant la dague avec une force incontrôlable. La musique des orcs prenait une dimension sinistre, et une lueur malsaine s'élevait de l'enclos, enveloppant les prisonniers dans un voile sombre. Alors que la réalisation frappait Durlip de plein fouet, il était déjà trop tard. Le sortilège déployé par les orcs avait pris effet, arrachant les âmes des malheureux captifs qui s'effondrèrent simultanément sur le sol.
Une vision d'horreur s'empara de Durlip. Devant ses yeux, il vit les âmes de ses parents se matérialiser, cherchant désespérément à le rejoindre. Leurs visages étaient empreints de terreur et de souffrance, leurs mains tendues vers lui dans un ultime appel à l'aide.
Durlip sentit son cœur se déchirer devant cette scène. Il voulait s'élancer vers eux, les libérer de cette emprise maléfique, mais une force invisible les attirait inexorablement vers le cristal sombre qui vibrait de magie. Les âmes de ses parents luttaient contre cette force oppressante, mais elles étaient impuissantes face à la puissance du sortilège des orcs.
Durlip sentit une rage brûlante monter en lui. Son esprit était empli d'une promesse solennelle : il consacrerait sa vie à détruire les orcs responsables de cette horreur et à récupérer les âmes de ses parents. Les larmes de frustration et de chagrin se mêlaient à sa détermination, formant un torrent d'émotions puissantes.
Après avoir vu ses parents mourir sous ses yeux, Durlip se sentit faible et vacilla. Elara le rattrapa par le bras, lui offrant un sourire encourageant. Elle lui murmura doucement : "Ne perd pas espoir, Durlip. Nous pouvons encore nous venger et libérer leurs âmes, mais pour cela, nous avons besoin d'alliés."
Durlip, le regard empli de tristesse et de détermination, s'interrogea sur l'endroit où ils pourraient trouver un soutien solide pour accomplir leur quête. Elara lui répondit avec assurance : "Je serai à tes côtés, Durlip. Ensemble, nous pouvons trouver des alliés, mais je crois qu'il serait judicieux de chercher du côté des temples."
Le jeune homme acquiesça, réalisant que les temples étaient des lieux de culte où les prêtres et prêtresses veillaient sur les âmes des fidèles. Il comprit également que peu de cultes appréciaient que l'on s'approprie les âmes de leurs ouailles, cela pourrait leur amener de solide soutient,

Alors que Durlip et Elara cherchaient un moyen de quitter la ville en toute sécurité, ils se rendirent compte que la tâche serait ardue en raison de la présence massive d'orcs et de gobelins aux alentours. Même en l'absence du dragon noir, la fuite ne serait pas facile. En parcourant les rues désertes, Elara exprima son regret qu'il n'y ait pas de donjon à proximité, un dédale labyrinthique qui leur permettrait de disparaître sans laisser de traces.
C'est alors que Durlip eut une idée pour le moins surprenante. Il se souvint de sa farce passée, lorsqu'il avait placé des explosifs dans les toilettes du bourgmestre. Cet incident avait poussé les autorités à refaire entièrement le système d'assainissement de la ville. Cependant, l'ancien réseau d'égouts avait été conservé par manque de moyens. Durlip savait que l'une des sorties d'égouts débouchait dans les marais, à plusieurs kilomètres au sud de la ville.
Cette information était devenue publique, car il arrivait parfois que des serpents des marais se retrouvent dans les toilettes, causant à la fois la terreur des mères et le plaisir des garnements qui s'amusaient à effrayer les filles en leur montrant ces créatures inoffensives au bout de leurs mains.
Durlip partagea son idée avec Elara, qui fut d'abord réticente face à l'odeur et à l'environnement peu engageant des égouts. Cependant, elle comprit rapidement que cette voie discrète et peu fréquentée pourrait leur offrir une chance de quitter la ville sans être détectés par les forces ennemies.

Alors qu'ils se dirigeaient vers l'un des points d'accès des égouts, Durlip sentit un picotement dans sa nuque, un avertissement instinctif. Échaudé par toutes leurs aventures passées, il déploya rapidement son bâton électrique et, d'un mouvement fluide, se retourna tout en assenant un coup avec précision. Durlip entendit un couinement lorsque le bâton entra en contact avec une masse grise qui s'effondra sous l'impact. Il s'agissait d'un loup des montagnes, monté par un gobelin. Cependant, Durlip n'eut pas le temps de se lancer à la poursuite du gobelin, car il se précipita pour secourir Elara.
Elle n'avait pas remarqué l'orc massif qui s'approchait silencieusement par derrière, une hache levée menaçante. Durlip réagit rapidement et saisit sa baguette de givre, lançant un rayon blafard qui passa tout près du visage d'Elara pour atteindre l'orc en plein cœur. Celui-ci se figea dans une masse sanglante et gelée avant de s'effondrer lourdement.
Essoufflés et secoués par ces rencontres inattendues, Durlip et Elara entendirent soudainement une corne de guerre résonner au loin, accompagnée de cris qui se rapprochaient rapidement. Ils savaient qu'il fallait partir sans perdre un instant. Ils s'engouffrèrent à toute vitesse dans les souterrains, oubliant temporairement l'odeur nauséabonde qui les entourait. Dans l'urgence, ils prièrent même pour que l'odeur masque leur trace, rendant leur poursuite plus difficile pour leurs ennemis.
Les tunnels sombres des égouts s'étendaient devant eux, labyrinthiques et mystérieux. Durlip et Elara couraient sans relâche, essayant de se frayer un chemin à travers les passages tortueux et les intersections. Leurs pieds glissaient sur le sol humide, mais ils ne ralentissaient pas leur rythme effréné.
Le bruit des cris et des pas se rapprochait de plus en plus, leur rappelant la menace imminente à leurs trousses. Ils devaient trouver une issue, un moyen de quitter les égouts et de se mettre hors de portée des poursuivants.
Enfin, après une course haletante et épuisante, Durlip et Elara aperçurent une faible lueur devant eux. C'était une sortie, une échappatoire vers la liberté. Ils redoublèrent d'efforts, puis émergèrent enfin de l'obscurité des égouts pour retrouver la lumière du jour.

Durlip, réalisant qu'il ne pourrait pas échapper à une horde de poursuivants lancée à ses trousses, se mit à réfléchir rapidement à un moyen de les stopper ou de les ralentir. L'odeur nauséabonde qui l'entourait lui donna une idée. Utilisant ses derniers pouvoirs magiques, il conjura une boule de feu. Elara, comprenant son intention, s'écarta prudemment.
Durlip murmura pour lui-même : "De la merde en décomposition donne du méthane, et du méthane avec une boule de feu... ça donne... des gobelins grillés." Dans un grand boum, tout le gaz contenu dans les tunnels s'enflamma dans un retour de flamme spectaculaire. Les effets de l'explosion se firent ressentir jusqu'à la ville. Les gobelins qui n'avaient pas été tués par le feu périrent peu de temps après, asphyxiés par les fumées toxiques.
Durlip et Elara, soulagés d'avoir échappé à leurs poursuivants, observèrent les conséquences de leur action. Les tunnels des égouts étaient désormais remplis d'une fumée épaisse et malodorante, rendant impossible la progression de toute force ennemie.
"Prennez ça, sale peau verte. Considérez cela comme un acompte, car je reviendrai régler la note plus tard", lança Durlip avec un sourire satisfait.
Comprenant que le danger immédiat était écarté, Durlip et Elara reprirent leur souffle. Cependant, ils savaient que leur fuite n'était que temporaire. Les forces ennemies ne tarderaient pas à se reconstituer et à chercher d'autres moyens de les retrouver.

Durlip et Elara continuèrent leur fuite rapide vers le sud, empruntant les routes commerciales conseillées par Elara. Bien que ces routes étaient infestées de brigands et de tribus barbares, elles étaient également patrouillées régulièrement et bien entretenues, offrant ainsi une certaine sécurité relative. Durlip écoutait attentivement les conseils de l'elfe, sachant qu'elle était plus expérimentée dans ce genre de situation.
Au cours de leur périple, ils croisèrent quelques patrouilles de gobelins montés sur des loups, mais aucune ne s'attarda sur eux, leurs mouvements suggérant plutôt un rassemblement plus au nord-est. Elara saisissait chaque occasion d'abattre un gobelin isolé d'une flèche précise ou d'une lame froide qui glissait silencieusement sur une gorge non protégée. Durlip était stupéfait de voir cet aspect de l'elfe, habituellement chaleureuse, se transformer en une prédatrice impitoyable. Il décelait une lueur froide dans son regard, teintée d'une légère folie, lorsqu'elle se lançait à la chasse. Il lui semblait même qu'elle prenait un certain plaisir à tuer ses ennemis, malgré leur incapacité à se défendre. Cette nouvelle facette de sa compagne de voyage le troublait, mais il était trop absorbé par ses propres pensées pour en discuter avec elle.
Lors de leur première nuit, dans une clairière proche de la route commerciale, Durlip ressentit un profond vide en lui. Les derniers jours s'étaient déroulés à un rythme effréné, où l'adrénaline et la survie avaient été ses seules préoccupations. Mais maintenant, alors qu'il se retrouvait en sécurité pour un court instant, toutes les émotions refoulées remontaient à la surface.
Assis près du feu de camp, Durlip se laissa submerger par ses pensées et réalisa pleinement tout ce qu'il avait traversé récemment. Son apprentissage de la magie s'était conclu dans une urgence sans précédent, avec l'invasion des orcs qui avait mis sa cité en péril. Il avait été confronté à des hordes de créatures hostiles, dont les intentions lui étaient encore inconnues. Et le pire de tout, le dragon noir avait pris la vie de son meilleur ami et de sa jeune épouse, tandis que ses parents étaient morts sous ses yeux impuissants, leurs âmes capturées dans un mystérieux cristal.
L'impuissance qu'il avait ressentie face au dragon le hantait, cette sensation de ne pas exister aux yeux de cette créature terrifiante. Durlip réalisa que s'il était en vie, cela n'était pas dû à la pitié ou à une quelconque considération du dragon. Non, il était simplement insignifiant à ses yeux, une petite créature à peine remarquée avant d'être balayée comme une simple poussière.
Une colère sourde grondait en lui, mêlée à une profonde autodépréciation. Il se maudissait pour sa faiblesse, pour ne pas avoir pu faire face à la puissance écrasante du dragon et pour avoir été traqué par les orcs au lieu de les effrayer. Comment avait-il pu en arriver là ?
Alors que ces pensées tourbillonnaient dans l'esprit tourmenté de Durlip, Elara revint de sa patrouille avec deux lapins fraîchement chassés. Observant le silence de Durlip, elle ne put s'empêcher de rompre le calme avec sa voix légèrement moqueuse.
"Alors, comment te sens-tu ?" lança-t-elle d'un ton sarcastique.
Durlip ne répondit pas immédiatement, ses yeux fixés sur les flammes dansantes du feu de camp. Il leva les sourcils en signe d'interrogation, incitant Elara à continuer.
"Comme une merde, hein ?" poursuivit-elle. "Je connais ça aussi."
Sentant qu'il pouvait tirer quelque chose de l'expérience d'Elara, Durlip l'invita du regard à partager son histoire.
"Avant d'être aussi belle et forte, j'étais comme toi", commença-t-elle d'une voix plus douce. "Une petite chose insignifiante et fragile. Mais un jour, des orcs ont attaqué mon village. Mes parents et les adultes se sont battus, et ils ont perdu. Tout le monde a été massacré. Ma sœur a été enlevée par les orcs et transformée en l'une de leurs esclaves reproductrices."
Elara marqua une pause, ses yeux reflétant la douleur de ses souvenirs. Puis elle reprit avec détermination.
"Par chance, je me suis cachée dans un recoin et je n'ai pas été retrouvée. Mais ce jour-là, j'ai tout vu. J'ai été témoin de la cruauté des orcs, de leur plaisir sadique à faire souffrir leurs victimes. J'ai juré de les exterminer tous, par tous les moyens possibles. J'ai appris à me battre, à tirer à l'arc, à traquer ces sales bêtes, et j'ai fait de ma vengeance un commerce. Chaque objet que je porte, je l'ai acheté avec leur vie."
Le regard d'Elara se fit plus intense, reflétant sa détermination sans faille.
"Quand ils ont tué ma famille, ils m'ont tuée aussi. Mais j'ai choisi de renaître, de me relever. Aujourd'hui, tu te demandes pourquoi tu étais si faible. Demain, la question sera de savoir ce que tu es prêt à faire pour ne plus l'être, et quel prix tu es prêt à payer."
Les mots d'Elara résonnèrent en Durlip, éveillant en lui une nouvelle détermination. Il comprenait maintenant qu'il avait le choix de ne pas rester faible, de se relever et de devenir plus fort. Les flammes du feu de camp semblaient brûler plus intensément à mesure que la colère grondait en lui.

Je suis contente de t'avoir à mes côtés, Durlip", dit-elle d'une voix sincère. Mais souviens-toi de ce que je te dit : notre alliance n'est que temporaire, basée sur nos intérêts communs. Je ne tolérerai pas que tu te mettes en travers de ma vengeance. Notre objectif est clair, et nous devons rester unis, tant que nos chemins convergent."
Les paroles d'Elara troublèrent Durlip. Il percevait désormais une part plus sombre en elle, une volonté de tout sacrifier pour atteindre son but, même au prix de la vie d'un allié. Il réalisa que leur alliance était basée sur des fondations fragiles, conditionnée par leur objectif commun de vengeance contre les orcs.
Durlip savait qu'il devait rester vigilant, ne jamais baisser sa garde face aux intentions d'Elara. Il comprenait qu'elle était prête à le sacrifier si cela servait sa cause. Cela ne faisait que renforcer sa détermination à devenir plus fort.
"Je comprends, Elara", répondit-il d'une voix calme mais déterminée. "Je sais que notre alliance est temporaire, basée sur nos intérêts mutuels. Je ne me mettrai pas en travers de ta vengeance, mais je te préviens également que je n'abandonnerai pas mes propres principes et valeurs.

Durlip sentit la froideur dans le regard d'Elara, une froideur qui contrastait avec la chaleur qu'il avait l'habitude de voir en elle. Il pouvait voir que ses doutes étaient perçus comme de la faiblesse, une faiblesse qu'Elara ne pouvait tolérer.
"Tu ne peux pas te permettre de douter, Durlip", dit-elle d'une voix dure. "La faiblesse n'a pas sa place dans notre quête. Si tu ne trouves pas rapidement le courage de poursuivre le pouvoir et de te battre avec détermination, alors tu devras te débrouiller seul."
Durlip sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il ne s'attendait pas à une telle réaction de la part d'Elara. Il se rendait compte que son amie était prête à le laisser derrière si elle considérait qu'il ne pouvait pas répondre aux exigences de leur mission commune.
Il déglutit, cherchant les mots pour exprimer sa volonté de se battre tout en préservant ses valeurs. "Elara, je comprends que tu veuilles que je sois fort et déterminé. Mais je ne peux pas simplement mettre de côté mes doutes et ma conscience. Je crois en la puissance de la magie, mais je veux l'utiliser de manière responsable, pour protéger et non pour détruire. Je suis prêt à me battre, mais je veux le faire avec compassion et justice."
Elara fixa Durlip avec intensité, évaluant ses paroles. Après un moment, elle soupira et secoua la tête. "Tu es bien naïf, Durlip. La compassion et la justice ne t'aideront pas à tuer les orcs, à libérer les âmes de tes parents. Mais c'est ton choix. Si tu veux garder tes principes, alors trouve ta propre voie. Mais n'oublie pas que notre alliance repose sur notre objectif commun, et si tu te mets en travers de ma vengeance, je ne pourrai pas te protéger."
Durlip sentit un mélange de frustration et de détermination s'emparer de lui. Il savait que sa voie serait difficile,
"Je comprends, Elara"
Sur les paroles froides d'Elara, Durlip se força à trouver le sommeil, bien qu'il redoute les cauchemars qui hantaient son repos. Les images des corps sans vie de ses parents et de Dimpel l'assaillaient sans relâche, leur voix résonnant dans ses rêves, criant à l'aide alors qu'il restait impuissant face aux ombres qui les entouraient. La douleur était si intense qu'il se réveilla en sursaut, les joues mouillées de larmes.
Perdu dans le tourment de ses émotions, Durlip pleura longuement, laissant sa tristesse se libérer dans un torrent de larmes. Le temps lui échappa tandis qu'il s'enfonçait dans une profonde détresse. C'est alors qu'il sentit une main chaleureuse se poser sur son épaule, le ramenant à la réalité.
"Allez, Durlip, le temps des pleurs est révolu. Nous devons nous mettre en mouvement", dit Elara d'une voix empreinte de fermeté.
Durlip leva les yeux, remarquant que le soleil était déjà haut dans le ciel. Il tenta de rassembler ses esprits et essuya les larmes qui avaient coulé sur son visage. Il était affamé et sa gorge était sèche. La réalité de sa condition le frappa de plein fouet.
"Ne te fie pas à l'apparence du soleil, tu as dormi et pleuré pendant deux jours", expliqua Elara d'un ton calme. "Un peu plus et tu te mettrais réellement en danger."
Durlip se rendit compte que la situation était critique. Il se leva avec difficulté, sentant la faiblesse dans ses membres. "Comment pourrais-je me venger si je meurs aujourd'hui ?" murmura-t-il, la voix empreinte d'amertume.
Elara esquissa un sourire face à cette pointe de sarcasme dans les paroles de Durlip. "Voilà qui est mieux", dit-elle d'un ton plus doux. "Viens, mangeons et ensuite reprenons la route. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir."
Durlip acquiesça, se forçant à se concentrer sur les tâches immédiates. Il s'approcha du feu de camp et se rassasia de la nourriture que Elara avait préparée. Chaque bouchée était un rappel de la nécessité de rester fort et de trouver sa voie dans ce monde brutal.
Alors qu'ils se préparaient à reprendre leur périple, Durlip se tourna vers Elara, la regardant droit dans les yeux. "Je comprends maintenant que nous sommes alliés dans cette quête, mais je sais aussi que nos chemins peuvent diverger. Je te promets, Elara, que je ne te mettrai pas en travers de ta vengeance, mais je ne sacrifierai pas ma propre moralité pour y parvenir. Je trouverai une voie qui me permettra de combattre le mal tout en restant fidèle à mes principes."
Elara fixa Durlip d'un regard scrutateur, évaluant sa détermination. Finalement, elle hocha la tête. "C'est ton choix, Durlip. Je respecte ta décision. Mais n'oublie pas que nous marchons sur le fil du destin, et il ne tolère pas la faiblesse. Sois prêt à faire face aux conséquences de tes actes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises."

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Durlip ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0