CHAPITRE 12 : Aplatir pour chasser les bulles d'air

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Brigade de Ploudévennec, 16h03

Le commandant les attendait derrière son bureau, occupé à finir un croissant à moitié rassis.

— Alors, la maire ? lança-t-il, entre deux miettes.

— Rien, répondit Morvan. Aussi innocente qu’un agneau qui vient de naître. Jacky a vérifié ses alibis. Du béton armé, plus solide qu’un blockhaus au bord de mer.

Le commandant reposa son croissant et laissa échapper un soupir de déception.

— Ah !

  • Je pensais que vous seriez ravi ! s’exclama Morvan, surpris.
  • C’est surtout le préfet qui va être content.
  • Pourquoi ?

Mal à l’aise, le commandant répondit, une pointe d’agacement dans la voix :

  • Il adore le Quellec, il dit que c’est une femme irréprochable en tous points.

Jacky plissa les yeux et s’avança vers le bureau.

  • Vous saviez que Véron la harcelait.
  • Oh, ça…
  • Pourquoi n’avez-vous pas écouté ses plaintes ?
  • J’avais beaucoup de dossiers en cours, Madame Parfaite n’avait pas de passe-droit.
  • Vous ne l’aimez pas beaucoup, pas vrai ? reprit Jacky.
  • Qu’est-ce que vous insinuez ?

Un sourire étrange naquit sous la moustache de l’ancien gendarme.

  • votre nom, dans le carnet que vous vouliez absolument consulter avant nous. C’est vous qui lui filiez des fausses infos et des photomontages.

Morvan ouvrit de grands yeux. C’était faux, bien sûr. Un bluff, à l’ancienne.

Mais Jacky poursuivait, implacable.

  • Vous espériez qu’elle craque. Qu’elle l’agresse. Et quand elle ne l’a pas fait… vous l’avez fait à sa place. Tout ça pour la faire tomber.

Morvan resta muet d’admiration devant l’audace de son coéquipier.

Le commandant pâlit.

— Je… j’étais même pas à la fête…

— Donc vous avouez au moins avoir alimenté Véron, conclut Jacky. François, les menottes.

Le commandant s’effondra et pleura comme un enfant.

— Oui. Le journaliste gobait tout, je pensais qu’il publierait ses découvertes, mais il avait un minimum de déontologie, il voulait vérifier par lui-même. Alors, il la harcelait, c’était sa technique. Dans le fond, je me disais que ce n’était pas plus mal, qu’elle allait faire un faux-pas… Quand j’ai appris pour son assassinat, j’ai sincèrement pensé qu’elle s’était fait justice elle-même.

  • Et c’est pour ça que vous m’avez grossièrement aiguillé sur sa piste.
  • Oui.
  • Eh bien, je mettrai tout ça dans mon rapport, mon commandant, assura Morvan.

Jacky lança un regard en coin et tous deux tournèrent les talons, puis fermèrent la porte du bureau comme le couvercle d’une tombe.

— Et voilà. Une manipulation révélée. Mais le meurtrier court toujours, conclut Jacky.

— Vu notre rythme, il pourrait marcher qu’on ne le rattraperait pas.

Ils méditèrent un instant. Puis Jacky sortit un prospectus froissé.

— Dis, ça te dirait de visiter la conserverie ? On a encore un peu de marge aujourd’hui.

— Pas pendant les heures de service, répondit Morvan. Mais ce week-end, avec Françoise et les enfants… ça me tente.

— Ah non. Ce week-end, on a un atelier coloriage. Obligatoire. Sinon, pas de mousse au chocolat.

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