Chapitre II

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Le clavier est mon royaume.

Pas un royaume doré, non plutôt un archipel de touches noires et blanches, chacune avec sa personnalité bien trempée.Il y a [Enter], le courageux. Celui qui dit : "Allez, publie, ose, saute dans le vide." Il m’a souvent fait peur, ce petit rectangle. Il a le pouvoir de transformer un brouillon en vérité.[Backspace], lui, c’est le râleur. Il revient sans cesse sur mes élans, efface mes envolées, me murmure : "Tu peux mieux faire." Il est mon critique littéraire personnel, parfois utile, souvent agaçant.[Shift], c’est l’élégant. Il donne de la grandeur aux lettres, transforme les minuscules en majuscules, les hésitations en affirmations. Il me rappelle que tout peut changer avec un peu d’élan.Et puis il y a [Ctrl+S], le gardien. Celui qui sauve mes mots du néant numérique. Je l’aime d’un amour fidèle. Il m’a évité plus de crises existentielles que mon psy.Le clavier, c’est un peu comme une troupe de théâtre. Chaque touche a son rôle, son moment de gloire, ses répliques. Et moi, je suis là, en coulisses, à orchestrer le tout, à espérer que le spectacle tienne debout.

Les touches comme symbole

[Esc], c’est le fugitif. Il incarne la fuite, le refus, le "non merci" poli mais ferme. Quand tout devient trop intense, trop bruyant, trop... trop, je le presse comme on claque une porte sans se retourner.[Tab], lui, c’est le diplomate. Il crée de l’espace, du souffle, des transitions. Il ne juge pas, il organise. Il est le maître du compromis entre le chaos et l’ordre.La barre d’espace, c’est le silence. Le souffle entre les mots. Elle ne dit rien, mais sans elle, tout s’étouffe. Elle est la pause, la respiration, le battement de cœur du texte.[Alt], c’est l’alchimiste. Il transforme les combinaisons en magie. Avec lui, je peux invoquer des raccourcis, des fenêtres secrètes, des mondes parallèles. Il est discret, mais puissant.[Caps Lock], c’est le mégaphone. Il crie quand je veux murmurer. Il s’active parfois par accident, comme un coup de gueule involontaire. Il me rappelle que l’intensité doit être dosée.Et [Fn], ce petit bouton souvent ignoré, c’est le passe-partout. Il ouvre les fonctions cachées, les coulisses du clavier. Il est le régisseur de l’ombre, celui qui fait tourner le spectacle sans jamais monter sur scène.Chaque touche est une humeur, une impulsion, un fragment de moi. Et quand mes doigts dansent sur ce territoire, c’est tout un monde qui s’écrit parfois bancal, souvent sincère.

Exploration poétique et humoristique de leur rôle dans l’écriture

[Esc], c’est le fugitif. Il incarne la fuite, le refus, le "non merci" poli mais ferme. Quand tout devient trop intense, trop bruyant, trop... trop, je le presse comme on claque une porte sans se retourner.[Tab], lui, c’est le diplomate. Il crée de l’espace, du souffle, des transitions. Il ne juge pas, il organise. Il est le maître du compromis entre le chaos et l’ordre.La barre d’espace, c’est le silence. Le souffle entre les mots. Elle ne dit rien, mais sans elle, tout s’étouffe. Elle est la pause, la respiration, le battement de cœur du texte.[Alt], c’est l’alchimiste. Il transforme les combinaisons en magie. Avec lui, je peux invoquer des raccourcis, des fenêtres secrètes, des mondes parallèles. Il est discret, mais puissant.[Caps Lock], c’est le mégaphone. Il crie quand je veux murmurer. Il s’active parfois par accident, comme un coup de gueule involontaire. Il me rappelle que l’intensité doit être dosée.Chaque touche est une humeur, une impulsion, un fragment de moi. Et quand mes doigts dansent sur ce territoire, c’est tout un monde qui s’écrit parfois bancal, souvent sincère.Souvenir[Suppr], c’est le chirurgien. Il ne discute pas, il tranche. Il efface sans bruit, sans trace, sans drame. Mais avant lui, j’ai connu l’époque des papiers froissés, des feuilles jetées en boule comme des idées trop bruyantes. Mon bureau ressemblait à un champ de bataille littéraire : des paragraphes morts au combat, des titres abandonnés, des débuts sans fin.Puis un jour, miracle technologique : une machine à écrire avec une fonction magique, celle d’effacer les mots erronés. Une touche qui permettait de corriger sans tout recommencer. J’avais l’impression d’avoir reçu un super-pouvoir.

Et enfin, l’arrivée de mon premier ordinateur. Là, [Suppr] est devenu mon allié discret. Il efface les maladresses, les hésitations, les élans trop bavards. Il m’a appris que l’écriture, ce n’est pas seulement ajouter des mots, c’est aussi savoir les retirer avec élégance.Aujourd’hui encore, quand je presse cette touche, je pense à toutes ces feuilles envolées, à ces débuts hésitants, à cette joie étrange de pouvoir recommencer sans tout détruire. [Suppr], c’est le droit à l’erreur, version numérique.

Le prix de l’oubli.

Ce jour-là, j’ai pleuré un texte. Et j’ai juré fidélité à [Enregistrer (Ctrl+S)]. Depuis, je le presse comme on serre une main avant de traverser une rue dangereuse. Il est devenu mon réflexe, mon garde-fou, mon ange gardien numérique. Grâce à lui, je peux écrire sans craindre l’oubli ou du moins, sans le subir trop souvent. Depuis, je n’écris plus sans lui. Il est là, discret mais fidèle, comme une main posée sur mon épaule.

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