Chapitre 19 / Lorna B.

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Chapitre 19 / Lorna B.

Les trois contres-espions se regardèrent tous dans dire un mot. Il trottait dans la tête d'Alix une question qui lui brûlais les lèvres : maintenant les documents découverts, qui les garderaient ? La question précédente de Leblanc ayant déjà soulevé le point le plus crucial de ce moment post-découverte. Elle ne voulais pas que José les garde car, c'est vrai qu'il l'avait déjà trahie une fois en l'approchant avec de faux motifs. Et elle n'avait pas encore confiance en Leblanc, certes il les avait aidé mais lui aussi n'avait pas hésité à trahir la Bnupx alors pourquoi ne le ferait-il pas avec eux ? Il n'y avait qu'en elle qu'Alix avait réellement confiance et c'est un principe sur lequel elle ne transigerait jamais.
De son côté José se demandait combien de réseau il pourrait sortir de l'ombre, combien de filaments, de toile d'araignée il découvrirait encore, combien de fonctionnaires corrompu il dénicherait. Combien d'élus il démasquerait. Il pensait pouvoir, avec tout ces renseignements, peut-être pouvoir reformer la Cellule Leïba en faisant sortir ses anciens camarades de prison et surtout venger la mort de Matteo et Emanuel.
Leblanc proposa alors de récupérer la clé. Il se faisait tard et il devait rentrer chez lui. José avait envie de répliquer qu'il n'était jamais trop tard pour la révolution. Mais l'adrénaline de la découverte redescendait petit à petit. La frayeur qu'ils s'étaient fait dans le hangar de la Bnupx avec le gardien les avaient suffisamment épuisés.
Alix, elle, s'opposa au fait que Leblanc garde la clé. Elle utilisa sa voix douce pour le persuader. Un de plus ou un de moins séduit par ses longues jambes plutôt que part ses paroles, qu'est-ce que cela changeait ? Bien que l'agression de Holan l'avait secoué, la femme de pouvoir qu'elle était restait forte.
Alix garda finalement la clé en promettant de ne rien en faire sans en discuter au préalable avec ses deux compagnons. Leblanc repartit bredouille.
José, lui, souriait au départ de Leblanc. Il n'avait pas souvent eu le temps de voir l'ancienne député à l'œuvre lorsqu'il était coursier mais il avait eu tout le temps de l'observer depuis sa fenêtre. Il lui trouvait quelque chose de respectable malgré leurs opinions divergents. Mais il y avait aussi quelque chose de terriblement naïf en elle, cette même chose qui l'avait poussé à l'embaucher, même SDF.
Se retrouvant seul, Alix partit dans la cuisine pour en revenir avec une bouteille fraîche et deux verre à pied. Elle posa le tout sur la table basse en cristal. Elle servit les deux verres et s'assit sur le fauteuil, jambes croisées, sa posture un brin trop professionnelle pour l'ambiance. Elle invita José à s'assoir.
Lui dénotait avec le salon, sa dégaine ne se fondait pas avec l'univers de l'ex député
Alix voulait jouer, elle voulait déstabiliser José. Tout deux ne dire rien pendant un moment. L'ancien membre pour la révolution permanente sirotait son verre tandis que Alix le regardait attentivement.
- Que pense tu de Leblanc ?
- Depuis quand t'intéresses-tu à mon opinion ou celui de qui que soit d'autre que toi ? répondit-José du tac-au-tac.
Alix l'observa sans rien dire. Elle le savait : ils n'étaient pas amis. Ou du moins, seulement pour un jour. Toute discussion avec son compagnon de croisade était vouée à l'échec. Il ne ferait jamais rien d'autre que lui recracher sa haine au visage. Une haine qu'il porte à son ancien partit à elle. Elle répondit alors en souriant poliment, professionnellement, comme elle le faisait toujours :
- Je m'en soucie, c'est mon travail, la politique.
José l'avait lui aussi comprit. Il avait compris que son ressentiment ne s'éteindrait pas de si tôt. Cette colère qu'il ressentait lorsqu'il l'avait approché devant son bureau. Cette colère ne s'apaiserai jamais car il croit dur comme fer en ses valeurs, en ses principes et Alix en faisait de même. José commença :
- Je ne te fait pas confiance, tu sais pour la clé. Je suis sûr que dès que l'occasion se présentera, tu nous fauchera dans le dos, moi et Leblanc.
Alix rigolait intérieurement. José reprit :
- Je ne peux pas te faire confiance. Toi et tous les gens de ton partit n'ont qu'une seule chose en tête, et c'est certainement pas le bien commun. Holan par exemple... Et avec ce qu'on a découvert sur la clé, tu peux rien dire.
Alix se sentait quelque peu blessé que José l'associe à Holan. Le même Holan qui l'avait agressée. Et à ce qu'elle sache son nom ne figurait pas dans la clé. C'est l'argument qu'elle utilisa en réponse à sa pique. Elle garda son ton calme et digne.
Mais les répliques de José avait jeté un froid sur la conversation. Ce dernier fini son verre d'une traite et se leva. Il avait décidé de rentrer, chez lui, dans sa chambre de bonne, quelque étages au-dessus.
Alix le raccompagna jusqu'à la porte, de sa démarche élégante. José dans les escaliers, elle dans son appartement, elle dit doucement :
- Je ne suis pas une traître.
José se retourna et monta dans son appartement.
Il repensait aux mots d'Alix, au fait qu'elle n'était pas une traître. Son ton lui faisait presque regretter ce qui se trouvait dans la poche de son jean. Cette clé USB qu'il avait, comme par magie fait atterir dans sa poche.
Il la croyait, à cet instant il la croyait. Il croyait ses mots sincères. Il savait qu'elle n'abandonnera pas son partit, qu'elle ne renoncerait pas à ses conviction. Mais elle avait sans doute voulu dire qu'elle ne le trahirait pas, lui ? José mis de côté toutes ses pensées, sortit la clé, son calepin et s'occupa cette nuit de mettre en relation les noms du calepin avec ceux de la clé et compléter les organigrammes secrets qu'il s'était mis en tête de découvrir.

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