Prologue (Noah)

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Sous la pluie

Tiens ! La pluie se met à tomber. J'ai toujours adoré voir le ciel quand il pleure mais je préfère sentir les larmes ruisseler sur mon corps. Là, cette fenêtre m’empêche de la toucher. Moi qui ai toujours aimé regarder au travers cette glace, voilà que soudain je la déteste plus que jamais, presque autant que ma mère. En parlant de ma maternelle la voilà qui débarque dans le salon avec son amant du jour. Ma prétendue mère fait cette remarque tout en me caressant mécaniquement ma tête :
—Tiens, regarde encore cette folle qui marche sous la pluie. ! La pauvre n'a plus toute sa tête depuis la mort de ses parents.
—Il y a des rumeurs drôles qui courent sur elle dans le quartier. surenchérit son amant qui ne faisait pas attention à ma présence.
—Moi en tant que voisine, je peux t'assurer qu'elles sont vraies, pires même.
—Alors c'est vrai ce qu'on dit, qu'elle.…
Ma concentration sur leur conversation, s'arrête là. Elle retourne sur cette magnifique demoiselle aux cheveux bleus déambulant dans l'allée. Elle porte une robe blanche. Malgré la pluie, la belle ne se presse pas et marche sandales à la main.
Il m’a fallu dix années d'existence pour avoir enfin connaissance du mot beauté. Jusqu'à présent, tout ce que les autres trouvent beau, je le perçois fade. Pourtant cette fille qu’ils pensent étrange, je la trouve si belle.
Les deux médisant quitte la pièce, quand le spectacle se termine. La voilà rentrée dans la maisonnette, juste en face chez nous. Je regarde cette allée si calme, habillée d’un orage en repassant constamment dans mon esprit mon premier souvenir de la divinité.
—Mon petit renard, je sais que tu aimes bien quand il pleut. Mais quand tu auras fini de rêver, ça te dirait de venir manger ? cria une voix au loin.
—J'arrive tout de suite grande sœur !
Je lui ai répondu ça toutefois je préfère rester là à attendre que revienne cette gracieuse demoiselle. D'ailleurs je vais y rester pendant des heures.

Sous la pluie 2

Je ne veux pas sortir de la pluie, est si douce. En plus elle me fait oublier cette longue journée de cours que je passai à courir. Non je ne suis pas pressé de retourner devant cette allée où j'ai vu pour la première fois la beauté, une divinité au cheveux bleu. Depuis je l’ai seulement entrevue. Mais plus jamais avec cette même grâce et magie que lui donna la pluie qui ne fit qu'un avec elle ce jour-là. Il y a la même averse battante qu'aujourd'hui. D’ailleurs ça fait un an jour pour jour !
Enfin il me semble, car les dates et moi ça fait deux. Ce matin je me suis levé en ignorant quel jour nous sommes. C’est l’empressement de ma grande sœur au matin qui m'indique si nous sommes en vacances ou en période scolaire.
En parlant de ma sœurette si je rentre trempé comme ça, elle va encore me gronder. Mais où aller ? Surtout que je me rapproche de la maison et les endroits où me réfugier deviennent restreint.
Tiens, si je me rappelle bien, il y a un grand pommier derrière la maison de ma gracieuse voisine. Je pourrais y attendre la nuit totale afin de rentrer chez moi en toute discrétion. Dès lors je me rends à l’arbre à pommes, après avoir bien profité de cette eau déferlant du ciel.
La belle est là, j’entrevois sa silhouette. Elle habite une petite maisonnette en bois peinte en bleue. Malheureusement je ne la vois pas, les rideaux ne me laissent entrevoir que son ombre.
Son ombre apparaît derrière la porte. D’un coup, elle sort armée d'un parapluie pour venir voir l'inconnu que je suis, sans doute pour m’ordonner de partir. Sauf qu’à ma grande surprise, cette fille aux cheveux bleus m'invite à venir m'abriter chez elle.
Une fois à l'intérieur, je trouve tout apaisant sous cette faible lumière blanche. La demoiselle m’invite à patienter dans son salon. Chez elle tout sent bon, une douce odeur de tabac émane de chaque recoin. D'habitude, je déteste l'odeur de la cigarette mais là ce n'est pas brutal, c'est un doux parfum. Tout comme l'odeur de mauvais vin qui sort de sa démarche et de son corps, d'habitude ça me pique le nez mais là, c’est juste enivrant.
Décidément un rien la rend belle, même les faibles lampes de son appartement. Une serviette vint me boucher la vue, et un mouvement énergique la secoue dans mes cheveux. Je sors du noir et son sourire lumineux m'accueille au bout du tunnel.
—Bon alors le petit orphelin, à part pour attraper la grippe pourquoi es-tu resté sous mon pommier ?
Cette belle a une voix moqueuse et embrumée. Avec ses yeux elle me scrute d'un air sadique et tendre à la fois. Je ne sais pas quoi répondre, alors je ne dis rien. Ma voisine souffle et me rajoute :
—Bon tu peux rester là jusqu'à la fin de l’orage, tu veux un truc à boire ? Bière, cognac, vin et j'ai aussi du whisky, c'est bon pour la croissance des gamins ! Enfin un sourire !
Remarqua-t-elle, en voyant mes lèvres s'élargir.
—Chaque jour je te vois passer, tu as toujours ce vide et cette tristesse dans ton regard, et tu es trop jeune pour paraître si triste... Tu sais à ton âge ça marche la picole pour la joie de vivre. Ma mère me donnait de l’alcool au biberon pour éviter de me faire des chatouilles et des grimaces. rajouta-elle pour finir son monologue.
Elle a un bon sens du sarcasme, j'aime bien. Elle rayonne, même si sa lumière est entourée d'ombres, elle resplendie.
—Je suis jaloux, au moins toi t'as perdu ta mère.
Étrangement, elle rit de mon propos. Ça aurait été une autre personne, pas sûr que la réaction aurait été la même. La sarcastique me servit des cookies bon marché, du lait et en mange avec moi. Nous passons le reste la soirée à gouter et à nous balancer des blagues.
D’un coup, la pluie s’arrête, je quitte alors sa sarcastique douceur. En passant la porte, je ne pus m'empêcher de demander une dernière chose, car si je ne le demande pas, je le regretterai toute ma vie :
—Je pourrais repasser ?
Elle me sourit comme si elle n'attendait que ça et me répond :
—Bien sûr, passe quand tu veux gamin !
—Je déteste qu’on m’appelle gamin et moi c’est Noah.
—Et moi Victoire.
Quand je rentre, je ne suis pas trempé malheureusement, il se fait tard donc sœur me dispute gentiment. Par la suite je retourne à ma vie de misère et d'indifférence. Mais aujourd'hui, tout est différent j’ai une nouvelle amie.

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