Chapitre 13 (Noah)
Minuit passé
Minuit est passé et je n'ai toujours nulle part où aller. Ma sœur est avec son nouveau Jules. Un salaud doublé d'un connard, et je suis certain qu'il s'agit du fils aîné de Belzébuth... Victoire est fatiguée par ses journées. Vu que je n'ai qu'eux pour me sortir de l'ennui et de la déprime, je me retrouve seul avec mes idées noires.
Je suis assis sur un banc quelconque, sur une place quelconque du centre-ville. Le noir règne dans le ciel. Les seules personnes dans les environs sont les SDF et les gens trop défoncés pour se lever.
Je crois qu'il y en a un qui fait une overdose, non loin de moi. J'ai appelé une ambulance, mais une fois que je donnai le lieu, l'ambulancier raccrocha en me disant de laisser ce clodo inutile crever. La seule chose que je fis pour cette personne en pleine surdose fut de lui donner ma veste et de l'envier parce que la mort vient le chercher.
La mort voilà à quoi je pense, enfin par intermittence, comme une solution le plus souvent. Je me demande juste si ça vaut la peine de continuer.
Pourquoi j'avance aux travers de cette vie de misère ? Où je trouverai la force de survire à tous ces coups et cette déprime du quotidien ? Quand mon mal-être me donnera suffisamment de lâcheté ou de courage pour mettre fin à mes jours ? Comment se fait-il que je n'ai pas encore explosé, alors que je n'en peux plus d'être ici ? Je ne sais plus pourquoi je m'acharne à vivre.
Au bout du couloir rien ne m'attend, à part la mort. Alors pourquoi l'attendre et ne pas la prendre à bras le corps ? Tout cela est si triste, si dur. Il y a tant de souffrance, tant de solitude et je dois y survivre ? À toute cette douleur et cette déprime qui n'ont pas l'air de vouloir faire une trêve avec moi. Je dois vraiment survivre à ça, même s'il n'y a pas de raison de continuer ?
Il était minuit passé, un nouveau jour s’est levé et je regarde toujours ma vie passer. J'attend toujours je ne sais quoi, sans doute une raison. Tout cela est si triste mais je n'ai pas envie de pleurer.
Tiens, la pluie a envie de pleurer pour moi. Si cette pluie tombe, ce n'est sans doute pas pour me refroidir, la réalité l'a déjà fait.
D'une certaine façon, elle me fait un bien fou cette pluie. Elle pleure pour moi et ses larmes évacuent toutes mes idées noires. Peut-être que j'ai juste besoin de pleurer pour avancer. J'aurai aimé penser ça, mais en vrai, si je ne fond pas en larme, c’est parce que ça ne me sert à rien.
Devant tant de fatalités, je ne peux que fermer les yeux et m'endormir. Comme je le fais maintenant, même si un déluge déferle du ciel.
Tiens, la pluie s'est arrêtée. J'ouvre les yeux, un parapluie est venu me protéger. Je regarde de qui il s'agit, c'est Victoire.
Tombe-t-elle du ciel comme la pluie ? Ses chaussures usées et son corps qui sent la sueur et le mauvais vin m’informe que non, mais je me plais à croire que oui.
J’ai besoin d'une raison pour continuer et le ciel me rappelle que j'en ai déjà une. Une amie en or, un ange vient me faire une piqûre de rappel. En une phrase, elle m’oblige à me souvenir que j'ai un endroit où rentrer tout en m’invitant à marcher dans sa lumière :
-Il est minuit passé, rentrons à la maison.
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