Chapitre 14 (Julia)

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Ma tragédie

Victoire part de chez elle accompagnée d’un parapluie. Sans doute va-t-elle chercher mon petit frère. Ce dernier n’est toujours pas rentré. Même si nous avons l’habitude de ses vadrouilles nocturnes, je la comprends et partage son inquiétude pour petit renard. Je garde une grande quiétude pour lui, même si je suis en compagnie de mon nouveau Jules.
Pas de prince charmant pour un sou. Arrogant, violent ; pas avec moi mais je l’ai vu s’énerver sur des gens pour des broutilles. Menteur, travaillant dans l’illicite, bref il avait tout pour plaire à une femme comme moi. Une femme qui voit et espère le meilleur, même chez le pire des hommes.
Là, je suis bien la seule à voir le gentil homme qui se cache chez cet homme possessif et volage. Noah ne l’approche pas. Dès que mon nouveau copain est là, mon petit frère trouve toujours mieux à faire. Lorsque celui-ci dort ici, mon rouquin rentre une fois minuit passée. Dès le matin il se rend très tôt en cours, ce qui arrivait rarement, ou squatte chez Victoire. Il est souvent chez elle ses temps si, mais là c’est devenu sa résidence primaire.
Victoire, quant à elle, se retient de ne pas balancer à mon copain mille sarcasmes, plus méchants les uns que les autres, ou de lui dire avec violence d’arrêter de la reluquer. Une fois, cette dernière a refusé d’avoir mon nouveau Jules comme client. Comme quoi elle accorde plus d’importance à notre amitié qu’à ses fins de mois plus dures que les miennes. C’est honorable et pas du tout étonnant venant Victoire. C’est mon amie qui m’informa des demandes constantes de réconforts de mon homme. Quand elle me disait ça je changeai de sujet et fermai les yeux. Comme j’ai fait sur bons nombres de ses infidélités. Un jour ça lui passera, un jour il deviendra un homme bien et le jour où ça arrivera je serai là. Je ne sais plus si je suis une optimiste ou une idiote, mais je sais une chose : l’espoir est l’une des seules choses qui m’aide à tenir le coup.
Sans l’espérance, je serais obligé de ne voir que cet hôpital, son sang et ses drames où chaque jour j’y voyais mourir des gens de tous âges, qui ne le méritaient pas, le tout soupoudrée par un harcèlement sexuel constant. Une fois chez moi, je ne vois que misère et relations foireuses. Ce monde, je le vois un peu sous cet angle ces temps-ci. Mais si j’ai toutes ces pensées noires, c’est à cause de ma faim quasi constante et ce frigo vide. Enfin ces temps de disettes passeront très vite. Noël approche et il y aura beaucoup d’heures supplémentaires à faire à l’hôpital.
Pourquoi mon amant s’énerve tout d’un coup ? Je lui ai accordé les étreintes barbares qu’il affectionne tant tout comme moi. Normalement après il dort comme un loir. Ah oui c’est vrai, il crie parce que j’ai quitté le lit. Je m’inquiète trop pour mon imbécile de petit frère pour pouvoir dormir. Je réconforte mon amant avec une petite gâterie et part du lit une fois que le sommeil l’attrape.
Le frigo est vide mais je peux toujours me faire un chocolat chaud. En prenant les miettes de chocolats qu’ils restent au fond du sachet.
D’un coup une musique se met brusquement à résonner et vient me sortir de mon inquiétude. Le métalleux met encore sa musique à fond. J’ai une raison pour aller lui parler. Sa musique à fond est un message pour que nous discutons. Il a dû remarquer que je ne dors pas et a poussé le volume de sa basse. Je me rends à ma fenêtre et lui fait signe de venir. Il est prêt de la sienne en train de jouer de la guitare. La mélodie qu’il joue et si belle.
Il arrête la musique et vient discuter autour d’un verre de lait que je lui servis. Nous parlons discutons dans la cuisine, parlons de Shakespeare et de notre amour pour bien de ses tragédies.
La porte d’entrée qui s’ouvre brusquement me fait bondir de ma chaise. Ça ne peut être que mon embêtant de petit frère et c’est bien lui, sous le parapluie de Victoire. J’étais tellement obnubilée par ma conversation avec Florentin que je n’ai pas remarqué cette averse qui tombe.
— J’ai retrouvé notre animal de compagnie ! Tu n’avais pas besoin de t’inquiéter, ni d’imprimer toutes ces affiches et d'en commander un autre à l’animalerie.
Commenta Victoire avec son sourire de sarcastique. Elle me laisse Noah et retourne dans sa maison avant que j’aie pu lui proposer un bon lait chaud.
Des bruits de chaises m’empêchent de l’interpeller, j’accours dans la cuisine. Florentin se bat avec mon dernier Jules. Il prend l’avantage et mon copain s’énerve, se saisit un couteau et le plante au niveau de la jambe du métaleux.
Je n’eus même pas le temps de crier, juste celui de voir mon copain prendre la fuite. Noah compresse la blessure de Florentin. Nous parlions de notre amour pour la tragédie et en voici une. Une chose est sûre, je préfère celle de Shakespeare.

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