Station

14 minutes de lecture

Dans le silence et la plénitude de l’espace, deux vaisseaux étaient en approche de l'orbite de Jéricho, seconde lune de la planète Tôma. Le premier était un croiseur de combat Commander aux couleurs bleu et noir, d'une vingtaine de mètres, arborant le signe de la Police Spatiale de Terre Nouvelle sur les flancs. Les vitres et la verrière étaient d'un rouge vif comme le sang. Le second était plus petit, un chasseur Protector, aux mêmes couleurs que le croiseur. Tous deux avaient leurs lumières allumées : les rayons du soleil lointain n'atteignaient que rarement cette petite lune. Contrairement aux trois autres lunes de Tôma, Jéricho était sans atmosphère et avait une attraction quasi nulle. Pauvre en ressources nécessaires pour la colonie, elle n'était nullement exploitée et aucune activité minière n'était présente.

D’ordinaire, les agents de la Police Spatiale étaient destinés à la protection des sites de forage et de minage, mais cette fois-ci, c’était un tout autre site qu’ils devaient protéger.

— C-03 à PR-21 ! appela le navigateur du Commander dans le communicateur. Hé, le bleu ! Ne te colle pas aussi près de mon aile droite ! S’il y a la moindre perturbation extérieure, je peux t’envoyer valser dans les étoiles !

— Compris, C-03 ! répondit le pilote du PR-21.

Ce dernier soupira d’exaspération. Depuis des jours, Spiros subissait ce genre de brimade de la part de ses aînés, bien qu’aucune ne soit réellement méchante. Ça devenait simplement agaçant à la longue. Et puis sur Jéricho, qui était dépourvue d’atmosphère, quelle perturbation pouvait-il y avoir ?

Il ne tarda pas à avoir la réponse. Alors qu’il observait son écran de contrôle, une violente éruption de gaz et de roche se produisit à seulement quelques mètres de lui, l’obligeant à manœuvrer pour esquiver quelques morceaux de pierres qui retombaient. Le Commander se déporta également afin d’éviter une collision avec le chasseur.

— Je te l’avais dit, le bleu ! railla le pilote du C-03. Et ne nous fais pas des acrobaties comme sur Shimon !

Spiros ragea intérieurement. Cette expédition sur Jéricho était enfin pour lui l’opportunité de briller comme agent et voilà qu’il faisait déjà une erreur de conduite. Ce n’était qu’une simple mission de sécurité d’un mois, dans une petite base d’observation, mais c’était de loin la plus importante que le jeune astropolicier eut à effectuer depuis son accréditation en tant qu’astropolicier.

Station Alpha-3. Ainsi était le nom de ce poste d’observation utilisé pour la surveillance du Lunar Centaury. Il y a cinq ans, c’était encore un centre d’astronomie destiné à l’examen des planètes du système Promesso situées au-delà de la première ceinture d’astéroïdes.

Ces planètes étant difficilement visibles depuis Terre Nouvelle, Jéricho représentait un site idéal pour une structure de ce genre. Sa position actuelle la plaçait sur un angle ouvert à l’ensemble des révolutions présentes entre la première et la seconde ceinture et ne sera cachée derrière Tôma que dans une vingtaine d’années.

Mais avec l’apparition de la Lune Noire dans l’orbite de Yohanan, une surveillance constante de celle-ci devint une priorité et Alpha-3 fut alors réquisitionnée par la Police Spatiale.

Peu après, ils arrivèrent en vue de la station. Spiros annonça leur approche :

— Ici chasseur d’escorte PR-21, matricule B24-DCFSP, accompagné du croiseur C-03, Matricule B22-XVDSP. Nous demandons autorisation d’atterrir.

— Ici Alpha-3, leur répondit une voix dans le communicateur. Autorisation accordée. Plate-forme d’alunissage dégagée, vous pouvez vous poser.

Une relève des agents occupant Alpha-3 était régulièrement effectuée tous les mois, déchargeant par la même occasion du ravitaillement en matériel, eau et vivres. Spiros faisait partie de cette relève. Avec son Protector, sa tâche serait d’accomplir des rondes autour de la station en vol, en basse altitude, afin de s’assurer qu’aucun ennemi n’était à proximité.

Les deux vaisseaux passèrent dans une sorte de tunnel, creusé dans la roche, qui débouchait sur un cratère. Celui-ci était constitué de pics rocailleux qui se recourbaient comme des griffes, donnant un aspect inquiétant au reste du sinistre décor. Au centre se trouvait la station Alpha-3, un bâtiment cubique accolé à une tour radar rotative. Un télescope géant, relié au complexe par un couloir identique à ceux de l’académie, était installé un peu plus loin. Le cratère formait une protection naturelle contre les météorites qui bombardaient la surface de la lune évitant ainsi l’utilisation de tourelles laser qui pourraient trahir la présence d’une activité humaine.

Une grande plate-forme entourée de panneaux réflecteurs servait de piste d’alunissage pour les vaisseaux de petite et moyenne taille. Un véhicule à chenilles, équipé de fourches frontales, était garé sur le côté. Il était employé pour déchargement des caisses et des conteneurs des cargos pour les acheminer ensuite vers un modeste entrepôt dans la station.

Le site n’était que très peu éclairé, toujours afin d’éviter de dévoiler la moindre présence ou activité humaine. Pour pouvoir naviguer et manœuvrer en toute sécurité, les deux navires devaient suivre un chemin tracé par des points lumineux jusqu’à la plate-forme.

Spiros amorça sa descente sur la piste après que le croiseur eut terminé son alunissage. Lorsque les appareils furent posés et que leurs réacteurs eurent refroidi, les agents descendirent sur le quai et entreprirent le déchargement de la soute du gros vaisseau. L’un d’eux approcha le véhicule à chenilles et sortit un conteneur lourd qu’il déposa à terre. Spiros et un troisième agent l’ouvrirent ensuite pour retirer d’autres caisses plus petites.

— Faites attention avec celle-ci ! cria un homme aux deux astropoliciers qui soulevaient la première d'entre elles. Son contenu est très fragile, si vous le cassez, vous irez en chercher un autre sur Terre Nouvelle !

Ce dernier portait une combinaison blanche et grise avec le logo Exploria sur la poitrine. Son casque était également gris avec une visière jaune fluorescente.

— C’est lui, le scientifique ? demanda Spiros à son camarade.

— Oui. Jody Corson, responsable du département spatial d’Exploria. Quand il a été décidé que nous prendrions sa base comme poste de surveillance, il a piqué une colère auprès du Conseil de Centralville. Il a réussi à négocier un compromis afin de continuer ses études d’observation tous les six mois et en échange il nous permet d’utiliser certaines de ses recherches.

Ils déposèrent la caisse dans le sas d’entrée et activèrent la pressurisation. Une fois l’air stabilisé dans la pièce ils purent enlever leur casque.

— Il semble austère, non ? fit remarquer Spiros en secouant ses cheveux noirs en bataille, humidifiés par les heures de vol.

— Tu n’es pas au bout de tes peines avec lui, répondit son camarade. Il paraît qu’il est invivable.

— Génial…

— Allez, laissons ça là et allons chercher le conteneur de déchets.

— Qu’est-ce qu’on va en faire ?

— On va le charger dans la soute du vaisseau, pardi ! Les détritus sont récupérés pour être envoyés directement sur le soleil pour être détruits.

— Ah ! C’est vrai…

Ils se rendirent dans une pièce spéciale où étaient déjà entreposées deux caisses comme celle qu’ils amenaient. Un dispositif électronique sur chacune d’elle indiquait leur taux de remplissage. L’une était pleine. Pierrik, le camarade de Spiros le désamorça et ferma son écoutille puis il procéda à l’échange avec le second qui était vide.

C’était un homme qui semblait être encore jeune au vu de son visage mais ses cheveux étaient déjà grisés sur l’ensemble. Il portait une barbe naissante et ses yeux sombre semblaient analyser chaque objet qu’il manipulait.

Les conteneurs étaient sur roulettes semi-automatisées. Il suffisait de donner une certaine poussée afin que le mécanisme s’enclenche et que l’énorme caisse se mette à rouler toute seule sur quelques mètres pour faciliter le transport. Un dispositif automatique lui permettait également de s’arrêter lorsqu’un obstacle se présentait face à lui.

— Il y avait un autre genre de système sur les conteneurs chez M:Tronic, fit remarquer Spiros. On les déplaçait grâce à un procédé magnétique : une borne était logée sur le dessus des caissons pour que les bras articulés puissent les agripper et les transférer. Ils étaient ensuite acheminés vers les cargos sur un tapis roulant.

— Ah oui ? Tu étais chez M:Tronic ?

— Ouais. Il y a plus d’un an que je suis parti maintenant.

— Pour quelles raisons ?

Spiros redoutait cette question à chaque fois.

— Je… voulais changer de routine, répondit-il simplement.

— Je te comprends. Pour mon premier boulot, j’étais dans le service de maintenance de la ville, mais comme je m’ennuyais à mourir, j’ai demandé à être transféré dans l’usine de montage de Futur-On. Tu étais présent lors du grave incident qui s’était produit sur Képhas ?

Et voilà ! pensa-t-il. Je devrais apprendre à me taire…

— Non, mentit Spiros. J’étais déjà parti quand c’est arrivé.

— Ah, d’accord…

Heureusement, il n’insista pas sur le sujet.

À l’instar de Nadeige au QG de la Police Spatiale, Pierrik était un agent de service qui avait beaucoup de connaissances en maintenance aérospatiale. Cela faisait désormais trois ans qu’il s’était engagé en tant qu’astromécanicien pour le corps défensif de la colonie. Avant cela, il avait été assembleur chez Futur-On dans la construction des vaisseaux d’exploration interplanétaire après avoir travaillé dans la réfection de Centralville. Lorsque la Police Spatiale prit de l’ampleur, il décida de partir sur Neyria afin de proposer ses compétences en astromécanique. Sa mission sur Alpha-3 consistait à s’occuper de l’entretien du chasseur de Spiros après chaque ronde effectuée ainsi que de l’ensemble de la station.

Lorsque le matériel fut entièrement déchargé et rangé, l’équipe qui rentrait sur Terre Nouvelle embarqua à bord du Commander, laissant l’autre groupe prendre place sur la base. Les dortoirs étaient similaires à ceux de la caserne : des lits dans des box empilés sur deux niveaux. Spiros regrettait sa petite chambre de cadet avec Julius qui était plus spacieuse. Les matelas étaient cependant tout à fait confortables et malgré l’espace restreint à l’intérieur des caissons, ceux-ci étaient assez bien équipés.

Les douches étaient limitées à une seule par personne tous les trois jours et un planning était mis en place afin que tous puissent s’organiser, ceci dans le but d’économiser les réserves au maximum, les stocks d’eau et de nourritures étant uniquement prévus pour la durée de la mission, à savoir un mois.

L’équipe était constituée de cinq personnes en tout : Spiros, qui était principalement chargé de la surveillance en extérieur, Pierrik qui assurait la maintenance du chasseur et d’autres appareils, le caporal Abell et l’agent Godrik, tous les deux assignés aux postes de contrôle radar, et le scientifique Jody Corson qui menait ses propres activités d’études et dirigeait l’établissement.

***

La tâche de Spiros durant la première semaine se résumait à voler en basse altitude autour du cratère afin de repérer les lieux. Il estima que cette surveillance était tout à fait futile, car aucune autre activité humaine n’était présente sur cette lune. Après relecture de son ordre de mission, Spiros avait compris que cette mesure était prise après la découverte de nouvelles stations radars Black-Tron sur les lunes de Shimon et Képhas, dont Damass, celle où il s’était écrasé par accident avec le caporal Bannoc. Il se posait cependant la question suivante : si une autre base était repérée sur ce satellite, quelle serait la procédure à observer ?

Rien de ce qu’il avait appris à l’Académie de police ne concernait ce genre de situation. Jéricho se trouvait bien loin de Terre Nouvelle, avec le Lunar Centaury entre les deux. La moindre communication mettait des jours à arriver à Neyria et les Black-Trons pouvaient parfaitement intercepter les messages. Corson avait expliqué, lors d’un repas, que pendant trois semaines Terre Nouvelle, Képhas et Tôma seraient en parfait alignement avec la base sidérale ennemie, réduisant considérablement la fenêtre de sortie en cas d’attaque.

Le chasseur de Spiros, équipé d’un caisson spécial afin d’embarquer la troupe entière à bord, ne suffirait pas à atteindre Képhas, même avec un maximum de carburant dans le réservoir. Ce type d’appareil n’était pas prévu pour les longues distances comme l’avait précisé Niki lors des cours théoriques sur le pilotage, bien que Pierrik avait affirmé être apte à le modifier pour le rendre plus autonome. L’équipe actuelle était venue à bord du Destiny jusqu’à la Révolution de Philippos avant d’être acheminée avec le Commander et le Protector. Or, le Destiny ne reviendrait pas avant plusieurs semaines. Quand il y repensa, Spiros n’était guère rassuré par la situation, mais il avait accepté cette mission et tenait à faire du zèle pour montrer ses capacités.

***

Un matin, Spiros était à bord du Protector dans le hangar pressurisé de la station. Pierrik effectuait des réglages sur le système de navigation et Spiros lui communiquait les indications affichées sur son tableau de bord. Un des soucis majeurs du Protector était le déréglage du dispositif de guidage, après plusieurs heures de vol, dû à un bug du sous-système de pilotage.

— Le problème peut être corrigé par une mise à jour du microprogramme de la carte mère principale, expliqua Pierrik en pianotant sur un moniteur relié au chasseur. J’ai bien fait de prendre cette console de commande pour te la faire. Sans ça il m’aurait fallu le rectifier manuellement après chacune de tes rondes.

— Ils ne pouvaient pas le faire avant ? demanda Spiros en sortant la paille de sa gourde.

Bien qu’alimenté en oxygène, le hangar n’était pas pressurisé afin d’économiser les générateurs d’énergie. Tout ce qui était liquide flottait donc comme des bulles, d’où l’utilisation de ces gourdes munies d’une paille. Le mécanicien se déplaçait avec des semelles magnétiques pour adhérer au sol, mais Spiros se mouvait dans les airs en prenant appui sur tout ce qu’il trouvait, s’amusant de bouger ainsi.

— La faille a été découverte il y a quelques mois, mais la mise à jour n’a été finalisée que récemment. Avec le nombre important de chasseurs dont dispose la Police Spatiale, on attendait que les résultats soient suffisamment probants pour la déployer à l’ensemble des machines. On peut dire que tu sers de cobaye actuellement.

— Super ! Et si je rate une manœuvre d’évitement à cause d’une défaillance technique ?

— T’inquiète ! rassura Pierrik. J’ai déjà vu cette mise à jour à l’œuvre. En plus de ça, ton système de visée sera plus précis et le déplacement du curseur sera plus fluide.

— C’est vrai qu’il a tendance à saccader lorsqu’une cible est en vue.

— Bon ! Pendant que le programme se charge, je vais huiler le carter. Tu peux tirer la manette qui se trouve à côté de ta jambe gauche ?

— OK !

Il actionna la poignée en question, déclenchant un mouvement sous le fuselage. Une trappe s’ouvrit, permettant au mécanicien d’opérer.

— Pourquoi as-tu choisi de devenir pilote ? demanda ce dernier en graissant les mécanismes.

— Ben… J’ai toujours aimé piloter des appareils volants. J’en rêvais depuis que j’étais gosse. J’ai appris quand…

— Oui ?

Spiros s’était arrêté, conscient qu’il était de nouveau en train de parler de son passé.

— … quand j’étais chez M:Tronic dans les satellites de sécurité.

— Ah ! Tu conduisais ces engins ? J’en ai monté quelques-uns avant. C’était pour surveiller les zones d’approches des cargos, c’est ça ?

— Oui, oui. Je leur évitais de prendre des astéroïdes dans la face, en quelque sorte, ou de se rentrer les uns dans les autres. La ceinture est trop à proximité de Képhas pour y atterrir sans risque.

— J’imagine. L’atmosphère de Képhas n’est pas très dense en plus de ça…

— Le site minier était protégé par un champ d’énergie à haute concentration. Tout corps qui passait au travers était désintégré.

— Comment faisiez-vous pour traverser cette barrière, alors ? demanda le mécanicien curieux de cette technologie.

— Je ne saurais pas t’expliquer en détail, mais chaque véhicule était équipé d’un dispositif qui créait le même champ d’énergie, permettant de passer sans encombre.

— Ah ! Je vois ! s’exclama Pierrik. Les deux champs doivent utiliser une dispersion d’énergie d'une fréquence identique. C’est comme si le vaisseau était dans une bulle de savon qui rejoignait une autre bulle plus grosse.

— Ouais… si tu le dis.

La porte qui donnait accès à la station s’ouvrit. C’était le professeur Corson, portant sous son bras une boite dont le contenu était inconnu. À l’instar de Spiros, il flottait dans les airs tout en se dirigeant vers Pierrik.

— Dites-moi, jeune homme, lui dit-il en tendant son carton. Installez-moi cet appareil dans le chasseur, voulez-vous ?

— Heu… qu’est-ce que c’est ?

— Un système de relevés géographiques, répondit-il simplement. J’ai besoin qu’il effectue quelques calculs de reconnaissance pendant que vous faites votre ronde.

Il laissa sa boite au pied de Pierrik et s’en alla. Arrivé vers la porte il se retourna et lança :

— Lorsque vous reviendrez, sortez la cassette qui se trouve dans l’appareil et ramenez-la vers moi au plus vite.

Puis, il repartit sans rien ajouter.

— J’hallucine ! s’exclama Spiros. Mais il se prend pour qui ? S’il vous plait et merci, il connaît ?

— Je te l’avais dit qu’il était spécial. Voyons son engin…

Il ouvrit la boite que le professeur avait laissée. C’était une carte mère avec des câbles et d’autres composants.

— Je vais m’amuser à installer ça moi, dit-il d’un ton ironique. C’est tout en pièces détachées !

— Tu en as pour longtemps ?

— Une bonne demi-heure, je dirais. Il y a aussi des réglages à faire…

— Bon, bah… je te laisse faire, dit Spiros en prenant ses aises dans le cockpit.

Pendant que le mécanicien s’affairait à sa tâche et tout en sirotant le contenu de sa gourde, Spiros se demandait ce que pouvait bien faire Julius en ce moment. Il avait appris avant de partir qu’il avait été assigné sur l’Odysséas. Il ne le verrait probablement pas avant son retour, les missions sur les vaisseaux amiraux étant parfois aussi longues que les postes de surveillance sur Al-pha-3.

Il pensa ensuite à Nadeige. La nouvelle de sa relation avec cet abruti de Jude Beyller l’avait mis à mal et il ne lui avait plus parlé depuis la cérémonie d’adoubement. Elle lui avait laissé un message, un soir après son service, pour le convier à prendre un verre avec elle dans l’espace détente, mais il avait été assigné à une ronde sur Shimon à ce moment-là.

Cependant, même s’il avait été disponible, il aurait sûrement refusé l’invitation. Il était inutile de se faire autant de souffrance à la voir régulièrement alors qu’elle était désormais inaccessible. Il avait bien essayé d’oublier ses sentiments, mais ces derniers étaient encore bien trop forts à l’heure actuelle. Quelle horrible sensation que d’aimer quelqu’un et de ne pas partager cet amour avec cette personne.

Tout ceci lui avait coupé l’appétit pendant plusieurs jours. Le médecin de la caserne sur Neyria lui ayant fait remarquer une perte de poids conséquente en peu de temps, il s’était mis à faire des séances de musculation intensives. Son corps avait alors repris ses formes et même réaugmenté de volume. Son moral en revanche faisait des hauts et des bas. Seule sa foi nouvelle lui avait permis de tenir le coup.

Depuis qu’il s’était rendu compte que Dieu lui avait adressé un message lors de son coma, il priait régulièrement quand il était isolé. Julius lui avait également donné un programme de lecture de la Bible et lui avait prêté la sienne en attendant de s'en procurer une.

Depuis ce jour, il avait reçu la guérison, il était devenu joyeux dans son quotidien pendant quelques semaines. Mais un doute persistait dans son cœur. Si Dieu lui avait promis qu’il ne l’abandonnerait pas, pourquoi vivait-il autant de moments compliqués ? Pourquoi toutes ces difficultés depuis qu’il était agent ? Ces questions revenaient sans cesse dans sa tête et il ne cessait de les ressasser continuellement sans trouver de réponse. Il hésitait encore à envoyer un message au pasteur Kinian avec qui il avait eu quelques entrevues quelques mois auparavant. Il se promit de le faire dès son retour à la caserne sur Neyria. Il avait besoin d’explications.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire L.A. Traumer ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0