87. L'arbre qui cache l'éloignement

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Liam

— Au revoir Sarah ! Tu me ramènes un souvenir de Floride, hein ? lance Jude qui s’accroche au cou de sa sœur.

— Bien sûr, Princesse, et on s’appellera en visio aussi, parce que ta petite bouille risque de trop me manquer.

Sarah lui sourit et dépose un bisou sur sa joue avant de donner une petite accolade à Daddy et une grande à sa mère. J’avoue que je suis plutôt content que Judith ait décidé d’aller chercher le sapin avec nos parents plutôt que de se joindre à nous qui allons à l’aéroport de Chicago. Cela va me faire du bien de pouvoir partager ces quelques instants avant cette première séparation que je risque de mal vivre, surtout en la sachant avec Becca qui va attirer les mecs et qui va les ramener dans la suite qu’elles partagent. Quelle idée d’avoir maintenu ce petit voyage à Orlando… Mais bon, Sarah a raison, ça ferait bizarre de ne pas y aller et Becca semble en avoir particulièrement besoin cette année.

Dans la voiture, nous restons silencieux et je me remémore cette nuit que nous avons passée l’un avec l’autre. Cette fois, c’est moi qui suis allé la retrouver parce qu’elle tardait trop à mon goût. Je l’ai trouvée vêtue simplement d’une petite culotte en train de fermer sa valise où les petites robes et le bikini trônaient, comme pour me narguer. Nous nous sommes couchés dans son lit, et immédiatement, elle a pris sa position favorite, allongée contre mon torse de telle sorte à ce que les contacts entre nos deux corps soient les plus nombreux possibles. J’adore sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, j’aime empaumer ses seins et m’amuse souvent lorsque nous sommes dans cette position à pincer doucement ses tétons qui durcissent sous ce contact. Bien entendu, elle s’est vite retrouvée à me chevaucher et notre étreinte à été jouissive et intense, comme à chaque fois.

Je la regarde, pensive, qui observe le paysage où la neige tombée la veille au soir a commencé à recouvrir le sol. Le ciel est toujours gris ce matin, mais il n’y a plus de flocons, et la route est dégagée.

— A quoi tu penses, ma Chérie ? Je te trouve bien silencieuse ce matin.

— A rien de particulier… Disons que j’essaie de motiver la partie de moi qui n’a pas très envie d’y aller, sourit-elle.

— Et la partie de toi qui a envie d’y aller, elle pense qu’elle va faire quoi là-bas ? De ce que je sais, vous passez vos journées en bikini sur la plage, vos soirées en petite robe moulante et vos nuits nues à rechercher l’orgasme parfait. Pas très culturel comme programme pour une intello, ça, me moqué-je en souriant.

— L’intello est rangée au placard pour quelques jours. Le programme sera à peu près similaire, mais… La recherche de l’orgasme se fera moins souvent, et au téléphone avec un beau basketteur ?

— Ah mais ce ne sera pas parfait, je te préviens, parce qu’il manquera mes doigts sur ta peau, ma bouche sur la tienne, et tout le reste, souris-je. Et attention aux crocodiles et autres prédateurs si tu sors, il paraît qu’ils rodent même dans les boîtes de nuit, prêts à sauter sur toutes les jeunes filles belles et court vêtues ! Renvoie-les sur Becca s’il y en a qui s’approchent trop, d’accord ?

— Compte sur moi, Capitaine. Aie confiance, je t’en prie, me dit-elle en caressant ma nuque. Je n’y vais absolument pas pour ça.

— Je sais, Sweetie, je n’ai pas vraiment de doute, surtout quand je repense à la façon dont tu m’as réveillé ce matin. C’est juste que ça m’énerve de savoir que plein de mecs vont mater tes jolies courbes et que je ne serai même pas là pour calmer leurs ardeurs, soupiré-je.

En ce moment, les jolies courbes, il faut les deviner. Avec le froid qui règne ici, elle a revêtu une grosse doudoune couleur bleue crème qui lui donne l’air d’un gros doudou que je voudrais tellement garder dans mon lit. Heureusement que ce matin, j’ai pu embrasser chaque centimètre de sa peau jusqu’à ce qu’elle me supplie de m’enfoncer en elle. Elle va vraiment me manquer, c’est sûr.

— Ne m’en parle pas… Fais gaffe aux ardeurs féminines du coin, toi aussi. Ta réputation te précède, mon Lapin, dit-elle en me faisant un clin d'œil.

— Tu parles, ma nouvelle réputation, c’est que soit je me suis fait moine, soit je suis devenu gay. S’ils savaient à quoi on passe nos nuits !

— Toi, moine ? pouffe Sarah. Bien sûr, oui. Mais tu vas le devenir jusqu’à mon retour, en revanche, n’est-ce pas ?

— Ouais, je vais faire une retraite spirituelle, ça m’aidera à réfléchir à ce que je décide pour le Mexicain… La deadline approche et on n’a toujours pas de solution.

Ma phrase a un effet glacial, un peu comme si l’air extérieur avait pénétré dans l’habitacle du véhicule. Sarah ne répond pas et replonge dans son silence pensif alors que je me gare dans le parking de l’aéroport. Nous échangeons dans la voiture un dernier baiser que nous prolongeons au maximum et qui nous laisse un peu essoufflés avant de sortir et d’aller rejoindre Becca au comptoir d’enregistrement. Elle est déjà en train de déposer son gros manteau dans sa valise, révélant la belle robe bleue qu’elle portait le jour de la fête de Noël.

— Eh bien, les Floridiens n’ont qu’à bien se tenir, dis-je en la serrant contre moi.

— Accompagne-nous et les Floridiens n’auront rien à tenir, me dit-elle à l’oreille en se pressant contre mon torse.

— Non, je vous laisse profiter entre filles. Même si arriver là-bas comme un émir entouré de son harem de jolies filles, ça peut être tentant.

Je donne ensuite une accolade à Sarah qui se presse à son tour contre moi. J’essaie de profiter au maximum de ce trop bref contact pour prendre ma dose avant qu’elle ne s’éloigne de moi.

— Tu vas me manquer, Capitaine, chuchote-t-elle avant de déposer un baiser au coin de mes lèvres.

— Soyez sages, même sans votre Chaperon ! Bon voyage, les filles !

— La sagesse n’est pas du tout au programme, beau gosse ! glousse Becca en attrapant Sarah par les épaules. On va s’éclater, je te le garantis ! Ça va être le Winter break de notre vie !

J'imagine très bien ce que Becca a en tête. J'ai confiance en Sarah cependant, même si au fond de mon cerveau, il reste quand même un tout petit doute parce que je sais qu’elle va rencontrer plein de monde. Qui me dit qu'il n'y en aura pas un qui lui plaira et pourra lui offrir plus que ce que je peux faire de mon côté ?

J'écarte ces pensées alors que Jude me saute dans les bras dès que j'entre dans le salon où trône déjà un gigantesque sapin de Noël qui va jusqu'au plafond.

— Eh bien, vous ne pouviez pas en prendre un plus grand encore ? m'exclamé-je.

— Il est trop beau, ce sapin ! Non ? Moi, je l’adore et j’ai trop hâte de le décorer ! s’extasie ma petite sœur.

Vic ramène de la cave un gros carton rempli de décorations pour l'arbre et la maison. Mon père la décharge après avoir déposé sur la table les sacs avec les guirlandes électriques qu'il vient d'acheter. Jude a l'air aux anges et c'est un plaisir de la voir aussi émerveillée. C'est sûr que quand on vivait chez nous, on ne fêtait pas Noël avec tant de faste.

— Eh bien, n'attendons plus, on commence par les décorations et les boules. Moi, je fais le bas du sapin et toi, le haut, sœurette ?

— Mais… Je suis trop petite pour faire là-haut, moi ! Non, c’est moi qui fais en bas, Liam, toi t’es grand !

— Mais oui, ma Puce, la rassure Daddy. Il rigole, le Grand Dadais !

Le rire de ma sœur retentit dans la pièce et je lance une sélection de musiques de Noël pour nous accompagner dans la décoration.

— Oh, regardez ! nous interpelle Vic. C'est une petite déco qu'a faite votre sœur quand elle avait à peu près ton âge, Judith. C'est mignon, non ?

C'est clair que c'est plutôt joli et plein de couleurs, mais ce que je ressens surtout, c'est l'absence de Sarah. Ce serait tellement mieux si elle était là aussi pour partager ce moment avec nous plutôt que d'être dans cet avion qui l'emmène vers le soleil et les séducteurs qui vont avec. Je fais quelques photos que je lui envoie avec un petit cœur.

— Tu fais quoi, Liam ? me demande Jude en montant debout sur le canapé pour regarder sur mon téléphone.

— J'envoie des photos à Sarah pour lui dire qu'on pense à elle. C'est dommage qu'elle ne soit pas là pour décorer avec nous, tu ne trouves pas ?

— T’es triste parce que Sarah est pas là ? Moi aussi elle me manque déjà, mais elle va nous ramener des cadeaux de ses vacances, ça va être trop bien !

— Tu crois qu'elle aura le temps de penser à nous ?

— Ben oui, on est sa famille, forcément qu’elle va penser à nous, rit-elle en enroulant ses petits bras autour de ma taille.

— C'est vrai, tu as raison comme toujours, dis-je un peu rasséréné par ses petits mots d'enfant. Tu veux que je t'aide à mettre l'étoile dorée tout en haut ?

— D’accord. Et après, on fera une photo tous les quatre devant le sapin pour Sarah ?

— Deal, ma Puce. C'est parti !

Je la soulève dans mes bras et la fais voler jusqu'au sommet où elle parvient à accrocher la décoration. Nous terminons de décorer la pièce et Vic nous rassemble tous devant l'arbre pour la fameuse photo. Nous sourions pendant que le retardateur bipe. Sa mère envoie ensuite le cliché à sa fille en me mettant en copie, ainsi que mon père. La petite phrase qu'elle ajoute me fait cependant grimacer :

Une belle photo de famille. Il ne manque que toi et le beau mec que tu vas nous ramener de Floride. Amuse-toi bien avec Becca. Xoxo. Maman.

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