136. Ici ou là bas ?

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Petit couac de publication aujourd'hui, alors vous voilà avec 2 chapitres... Désolée pour celles et ceux qui ont déjà lu le 137...

Sarah

Des pleurs me réveillent et je grimace en sortant du lit. J’ai mal partout et l’impression que mon cerveau est pris dans un étau. Je me sens emprisonnée dans un épais nuage et je peine à rejoindre le berceau où se trouve mon têtard devenu petit prince. Qu’il est beau, mon fils, emmailloté dans son lange, endormi et apaisé alors que son portique nous délivre une berceuse entêtante. Qu’il est mignon, avec ses petits cheveux noirs et sa peau plus foncée que la mienne, mais plus claire que celle de l’homme de ma vie. Je crois que je pourrais rester là à l’observer des heures durant, et je me perds dans cette contemplation de ce petit ange, le regard encore embrumé par le sommeil. J’ai la tête qui tourne, j’ai dû me lever trop vite et finis par faire demi-tour pour rejoindre mon lit quand le petit se remet à pleurer.

Je l’attrape doucement dans mes bras et le berce. Il ne pèse vraiment rien, léger comme une plume, mais je sais que ça ne va pas durer. S’il tient de son père, il va pousser plus vite qu’une fleur et il dépassera sa mère à l’adolescence. Petit cœur, j’aimerais qu’il reste aussi petit, comme je veux le voir grandir et s’éveiller. C’est donc ça, l’état d’esprit d’un parent ?

Bébé ne se calme pas malgré mes attentions et la fatigue me tombe dessus brusquement, je vois trouble, je vacille et ne comprends pas ce qui m’arrive. Tout devient noir pendant quelques secondes et je cligne des yeux à plusieurs reprises pour retrouver la vue. Bébé n’est plus dans mes bras, je ne comprends pas ce qui se passe, il flotte devant moi, endormi. Je tente de l’attraper, mais n’y parviens pas. J’ai la sensation d’être prise dans des sables mouvants, je ne parviens pas à approcher et le vois s’éloigner, emporté par un courant d’air qui me glace jusqu’aux os. Je hurle, j’appelle à l’aide, mais personne ne semble m’entendre et mon fils s’éloigne toujours plus de moi.

Que se passe-t-il ? Tout ceci est totalement irréel et je comprends que je ne suis plus dans la réalité quand je suis aveuglée par une forte lumière au loin. Il y a un brouhaha autour de moi, je suis totalement perdue et les larmes me brouillent la vue, quand j’entends une voix qui m’appelle, cette voix qui m’a tant manquée et que je n’entends que dans ma tête depuis plus de six ans maintenant.

— Papa ? Papa, c’est toi ?

Je tourne sur moi-même pour trouver l’origine de cette voix, et me fige en revenant face à la lumière. Mon père est là, un sourire bienveillant sur le visage, mon fils dans ses bras. Qu’est-ce que tout ça signifie ? Est-ce que je suis morte ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Je veux me réveiller de ce cauchemar !

— Ça va aller, Sarah, tout va bien se passer.

Il reste au loin et je n’arrive pas à approcher. Je m’entends le supplier de me rendre mon bébé alors qu’il fait demi-tour et disparaît dans la lumière.

Trou noir. Le brouhaha autour de moi s’épaissit, j’ai la sensation que tout mon corps est douloureux et que je suis trimballée, bousculée, palpée. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux, je me sens lourde. Je m’entends gémir lorsque quelqu’un touche ma tête. Avec difficulté, je parviens à ouvrir un œil, puis deux. La lumière est vive dans la pièce et je vois des silhouettes s’activer autour de moi. Je suis à l’hôpital, j’ai eu un accident, je me souviens, maintenant. Mes paupières sont lourdes, je n’arrive pas à rester éveillée.

— Ça va aller, Mademoiselle, on s’occupe de vous.

Elle est douce, cette voix, comme le visage de l’infirmière qui se trouve au-dessus du mien. Elle me sourit et je sens une main attraper la mienne alors que je replonge dans le noir. Ça va aller. Ça va aller, vraiment ? Comment cela pourrait-il aller alors que je viens de voir mon bébé partir avec mon père ? Est-ce que je l’ai perdu ? Pourquoi est-ce que j’ai eu une telle vision ? Je ne veux pas perdre mon bébé, je ne peux pas le perdre après tout ce que nous avons fait pour nous protéger et le protéger. Je ne survivrais pas à ça.

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