MW

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Je suis Maëlle et Willem, on est la même personne, de vrais jumeaux de notre époque, de notre civilisation, de notre planète C. Mais on est quand même des hybrides, nos parents sont nés sur Terre et ils sont arrivés avec leurs parents et grand-parents grâce à Greta que tout le monde a considéré comme Dieu même si c’est Alice qui a fait tout le travail en allant jusqu’au bout de sa mission et même plus. Greta a fini par transmettre toute son aura à une pure locale anonyme, Énola, qui n’a pas voulu assumer tout ça toute seule, elle est donc venue le partager avec moi :

  • Parce que, Maëlle, notre monde est maintenant aussi le vôtre, les hybrides et nos destins sont liés à tout jamais. Je te choisi toi parce que tu as déjà l’Invisible en toi, celui que t’a transmis ta grand-mère, Noëlle.

Et c’est avec ça que je suis en mission sur Vincenzo, nue sur lui, il est en moi connecté et l’intérieur de mon ventre bouge pour l’amener à l’extase. Vincenzo, le fils mystérieux de Victoria, parce que personne ne veut reconnaître les manipulations immorales que Vivien a fait sur sa fille pour se rendre immortel de toutes les façons, il s’est pris pour Dieu mais avec les limites de sa science. Alors je suis prête à me sacrifier en gardant Vincenzo sous contrôle, au plus près. Mais je le sens déjà s’éloigner, je vais le perdre mais il n’est pas un danger, il n’est pas une menace alors je vais le laisser partir vivre son éternité et suivre son chemin. J’ai même perdu Willem dans cette mission, en le laissant partir vers ses fantasmes partagés avec Aline, ils sont un tout ensemble et vont produire une sorte de Vincenzo aussi. C’est peut-être ça la solution, je le vois dans un des avenirs possibles, Vincenzo et Émeline, la boucle bouclée d’un arbre généalogique à trois dimensions. Émeline, dont l’âme va naître dans le ventre d’Aline. Qui n’est pas enceinte de nos jours ? Moi.

Willem

Je la sens plus douce que d’habitude. Elle a l’air moins passive.

  • Ça va mémé ?
  • Oui mon petit, c’est juste que je sens qu’il se passe quelque chose.
  • Moi aussi, je sens Maëlle dans ma tête, Maëlle dans mon corps.

Drôle de moment pour l’avoir en moi alors je suis en train de me secouer dans les cuisses ouvertes d’Aline. Elle m’appuie sur les fesses :

  • Vas-y, pense à elle et donne tout.
  • Non c’est toi qui est dans mon cœur, c’est moi qui suit dans ton ventre.

Et j’attrape ses seins, elle crie, et je donne de grands coups de reins avant de m’écrouler sur elle en bavant sur sa poitrine.

  • Mon bébé, je ne t’ai jamais senti aussi fort en moi.

Voilà à quoi on passe nos débuts et nos fins de nuit. C’est notre paradis à nous, ce lit dans notre chambre, dans notre petite maison du Quartier Résidentiel Central de Sylvania, notre ville, notre nouvelle vie, ensemble, elle et moi, au-delà de tous les interdits sociaux et génétiques qui se sont autorisés dans notre couple par cette force de vie qui nous traverse comme si rien ne pouvait nous atteindre dans notre immortalité éternelle de toutes les amours.

Et au petit-déjeuner :

  • Willem, tu ne veux pas faire autre chose dans la journée ? Tu as fait des études et des formations, à Russell, à l’Agence, à Westech.
  • Comme tout le monde. Mais pour l’instant je veux juste m’occuper de toi, tout le temps. Être la pour toi, disponible à 100 %, sauf quand tu es avec tes copines à la Caserne. Mais tu as raison, je vais me trouver quelque chose d’officiel à faire, je ne veux pas t’étouffer, je dois te laisser t’épanouir aussi de ton côté, surtout en ce moment, tu sors à peine de dé-fusion.

Et je me lève pour l’embrasser, pour acter, pour répondre à toutes ses envies.

  • Il s’est passé quelque chose cette nuit, Willem. Je crois que ça y est, je vais voir avec Hilde pour confirmer.

Et elle pose délicatement ma main sur son ventre. Je pose mon front contre le sien. Je lui caresse la joue. Elle me serre la main. Et on reste là, à communier.

*

J’accompagne ma merveilleuse Aline à une réception à la Mairie. Elle est splendide. Elle rayonne de bonheur et elle est à mon bras. On nous sert un vin à bulle très frais et pas trop sucré pour une fois, avec des toutes petites pâtisseries. Je reconnais le style. Je laisse Aline discuter avec Adélaïde et je m’éclipse en cuisine. Je ne le vois pas mais je trouve sa table de préparation. Je remarque une porte entrouverte qui donne vers l’extérieur. Il est là, assis sur un banc et de la buée sort de sa bouche. Non, c’est de la fumée. Je vais m’asseoir à côté de lui. Il me tend sa tige :

  • C’est bizarre, ça affûte l’esprit mais ça détend aussi.
  • Désolé Valentin, je ne fume pas.
  • Willem ? Tu es venu avec Aline ? Bien-sûr, oui. Tu crois qu’on est pareil toi et moi ?
  • Je ne pense pas, non. Dans ton cas c’était elle qui était à l’initiative. Pas dans le mien.
  • Que tu crois. Aline est une récidiviste, avec Thomas, elle l’a connu très jeune. Lui aussi croyait que ça venait de lui. Ce que je trouve étonnant, c’est qu’elle y arrive à chaque fois. Je veux dire : ça marche. Moi, ma mère est juste un peu frappée, dérangée, neuro- déviante. Mais je l’aime quand même. Et je suis heureux qu’elle fasse encore partie de ma vie. C’est tellement fort. À chaque fois. Le bien, le mal, rien à faire. On a survécu à la fin de notre monde.
  • On va avoir un bébé.

Il s’arrête de cracher sa fumée et se tourne vers moi l’ai pensif.

  • On est vraiment pas dans le même schéma. Comment tu arrives à assumer tout ça ?
  • Je ne suis pas tout seul. J’ai l’approbation, de Maëlle et elle veut mon bonheur, aussi.
  • Tu as bien de la chance Willem. Prends bien soin d’elles et de toi aussi. Soyez heureux.

Et il se lève.

  • Et toi, ça va ?
  • Je vais avoir un bébé aussi, mais pas avec LN, je te rassure tout de suite. Avec sa copine. Élise. Une des filles de… Greta. Elle en est digne, crois-moi, elle a même embobiné Sandy. On est une sorte de bi-couple.
  • Une famille.
  • J’espère.

On se serre la main, on se fait une accolade. Et je retourne en salle, lui en cuisine . Je me sens comme un criminel qui vient d’en rencontrer un autre et qui comparent leurs profils. Je pourrais peut-être postuler à l’Octogone pour voir si ils ont un service dédié à nous. Ou alors, le créer. Une police des mœurs génétique. Mais pour quoi faire ? Les antennes veillent à corriger tout ça. Et le programme a sans doute été créé par Vivien vu les manipulations étranges qu’il a faites sur sa descendance. Si Maëlle est avec Vincenzo, ce n’est pas par hasard.

Maëlle

Je vois Aline mais pas lui. Il me surprend par derrière et on se fait la bise, il serre la main à Vincenzo. On se met à l’écart pour parler :

  • Je discutais avec Valentin derrière les cuisines.
  • Ah bon ?
  • Tout va bien. Je suppose que tu es au courant pour Aline?
  • Je connais même le prénom et son avenir aussi.
  • Bien-sûr. Et cette soirée, elle va finir comment ?
  • Pour moi je vais satisfaire Vincenzo, de façon animale, par derrière, il adore ça et je ne trouve pas ça désagréable.
  • Je me souviens, oui.
  • Pour toi ça sera beaucoup plus sage avec Aline. Si tu veux on peut s’éclipser, tu pourrais ouvrir le passage pour Vincenzo, j’ai tous les produits dans mon sac.

Et me voilà en train de le guider, enfermés dans les toilettes, appuyée sur le lavabo, on se regarde dans le miroir et je lui précise :

  • Sors entièrement à chaque fois et attends un peu.

Je prends un peu de plaisir mais ça commence à prendre du temps alors je lui demande de se finir en moi. Je ne veux pas non plus avoir les joues toutes rouges à mon retour en salle. Et je le ramène à Aline en repérant mon Vincenzo au loin en train de discuter avec sa sœur, la Reine Clémence et son Spencer de Roi. Mais Willem m’arrête en me tenant par le poignet :

  • Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? Tu es en mission d’infiltration avec Vincenzo, pour l’Octogone.
  • Je ne suis pas une agente Willem. Je travaille juste pour eux. Ils ne peuvent pas recruter quelqu’un comme moi qui a donné son propre frère à son arrière grand-mère. Je suis trop impliquée.
  • Tu m’as laissé accomplir mon fantasme pour ne pas être enrôlée ?
  • Pour ne pas à avoir à t’arrêter, toi et les autres, et Vivien qu’ils veulent recondamner. Il sont pires que la B4. Ils jugent alors qu’il n’y a pas de danger sanitaire. Leurs lois ont perdu l’esprit. En travaillant pour eux je leur donne une chance de se reprendre mais le jour où ce service est validé, je n’aurais qu’à claquer des doigts pour le faire disparaître.
  • Tu les as infiltré.
  • Oui, il fallait que je sois crédible avant d’aller expliquer tout ça à leur directrice et lui faire entendre raison. Je crois qu’elle va passer justement.

Il me lâche et je rejoins Vincenzo.

*

J’aperçois Flo, Dana ne doit pas être bien loin. Je vois sa silhouette au bar, je reconnais sa coiffure. Je vais me poster à côté d’elle :

  • Salut Dana, tu commandes une boisson ou tu commandes le barman ?
  • Un peu des deux. Ils sont partout les agents. Et le barman a un poste sanitaire intéressant. C’est l’agent B. Comment va ta grand-mère ?
  • Tu le sais très bien, elle est avec l’agent zéro.
  • Tu n’aimes pas beaucoup Davis. Bon. Je suppose que tu viens me parler de tes infiltrations.
  • Sanitaires elles aussi. Tu es médecin, ça ne te dérange pas que la génétique soit contrôlée par un programme quand on fait n’importe quoi ?
  • Les médecins ont perdu la mains sur bien des choses.
  • Il me faut une équipe, un service, ça prend de l’ampleur.
  • Tu n’es que senior, attends un peu, une génération ou deux.
  • Très bien, je vais former ma propre équipe. Le réseau C sera plus au courant que vous sur tout ça.
  • Tout quoi ?
  • Les jumeaux mixtes, j’en suis une. Les relations inter générationnelles, mon jumeau est impliqué. Son arrière grand-mère est enceinte, les antennes avaient déjà changé son code, à elle. Valentin est sa mère sont en couple à quatre. Je… suis avec mon cousin Vincenzo, lui même fils de son grand-père avec sa mère. Je continue ?
  • Cousin ?
  • Oui, mon père est le fils de Zoé. Vincenzo et moi on a des grands-pères qui sont frères.
  • Comment vois-tu les choses alors dans ton service de police génétique ?
  • Ce sont les antennes qui font la police et vu que les recherches sont trop dangereuses sur le sujet, il ne reste que l’aspect social à gérer.
  • C’est pas du sanitaire.
  • Si. Ça peut dégénérer. C’est malsain. Il faut légiférer. Mettre des limites, des barrières. Il y a beaucoup à faire.
  • Maëlle, la dictature, c’est fini.
  • Je sais, la politique ne fonctionnera pas. Votre Octogone ne veut pas fonctionner. Le problème est d’ordre social, ce n’est pas si loin du spirituel. La B4. On aurait enfin un sujet sérieux commun à traiter avec eux. On le même but. Protéger la civilisation, contrôler sa progression, et le progrès, on le voit bien avec les antennes, c’est le plus grand des dangers.
  • Tout ça c’est très intéressant, reviens me voir quand tu auras établi de vrais liens avec les religieux.
  • Dana, la B4, tu l’as devant toi. Je vois que tu as toujours ta croix autour du cou. Je considère donc que tu es habilitée. On peut s’éloigner du bar ? Je suis sûre qu’on est sur écoute ici.

Je lui prends les deux verres qu’elle a commandé et on va sur la terrasse. Elle fait signe à Flo que c’est OK.

  • Maëlle, je n’ai pas mes brouilleurs ici.
  • Pas besoin, je te demande juste de ne pas avoir peur.

Elle recule d’un pas. Elle me regarde. Je lui parle mais ma bouche reste immobile :

  • Ne t’inquiète pas, je ne parle pas dans ta tête, j’ai juste déplacé ma voix près de ton oreille gauche.
  • Comment tu fais ça ?
  • Énola n’est pas tout le temps Dieu. Le reste du temps elle a sa vie normale. Je suis sa réserviste. Si elle n’est pas disponible, c’est moi qui intervient. C’est un secret, pour l’instant. Enfin, plus maintenant que tu es au courant.

Elle n’a pas l’air convaincue. Alors je la soulève sur sol, un tout petit peu, c’est à peine visible mais elle le sent. Je continue de lui parler à l’oreille, mais l’autre pour changer :

  • Tu veux que je te monte dans les nuages ou tu veux un autre miracle ? Je peux te faire marcher sur le Jordania.
  • D’accord. Non, pas pour marcher, pour le reste.

Je la repose et je lui rends son verre. On trinque et on boit. C’est horriblement amer, je recrache tout par-terre.

  • Mon Dieu, tu m’as empoisonnée ?
  • Non, c’est le verre de Flo, une boisson de terrienne : champagne.

Et on se met à rire.

  • Du coup, on est à égalité. Moi aussi j’ai eu peur.

Willem

J’accompagne Aline à la Caserne, au cabinet de Hilde :

  • D’abord, je dois vous parler du compte-rendu du généticien. Aline, ton code génétique a été modifié mais ce n’est pas à cause du programme habituel des antennes qui rend stérile les vrais jumeaux. Dans ton cas, c’est la fusion qui l’a fait. Tu es la preuve vivante qu’il y a un rapport entre la fusion et les antennes. Ça communique entre les deux mais on ne sait pas dans quel sens. Peut-être que ce sera expliqué un jour par la B5 ou 6. Mais en attendant, si tu es enceinte de Willem, c’est grâce à la fusion qui s’est protégé du programme des antennes en modifiant ton code à des endroits non stratégiques qui ne modifient pas trop ton apparence ou qui tu es au fond de toi. Tu as remarqué des choses ?
  • Oui, mes cheveux frisent naturellement, comme quand j’étais petite. J’ai plutôt l’impression que je redeviens moi, mais en mieux. Je suis mieux proportionnée.
  • Passionnant. Je note. Sinon on passe au plus important. Cette fois-ci je ne vais pas t’ausculter comme une sorcière, j’ai juste regardé le résultat des tests scientifiques et… C’est une fille !
  • On va l’appeler Émeline.
  • Ah d’accord, vous êtes déjà au courant. Alors au menu on fait quoi ? On part sur 4 ou 6 mois ?
  • Plutôt 7 ou 8.
  • Bien. On va se voir pendant un moment donc.
  • Hilde, est ce que tout est normal ?
  • Non, ce n’est pas un iel. Et si Aline n’avait pas fusionné, il n’y aurait pas de bébé, cause antennes. Ça fait deux anormalités. Votre Émeline, ce n’est pas n’importe qui apparemment.

Je ne comprends pas tout sauf que Aline n’est plus génétiquement mon arrière grand-mère et que Élise est notre enfant. Et mon amour pour elle est toujours aussi fort. Cette nuit je savoure encore et toujours ses fluides, sa chaleur, sa douceur, elle est mon refuge paradisiaque où je m’oublie corps et âme.

Hilde est une médecin holistique, elle attend la visite suivante pour nous parler de notre santé mentale. Aline commence :

  • Dans les relations avec les hommes, ça n’a jamais été… classique. Ça a commencé toute petite au fond d’une cellule de monastère avec un évêque, ensuite avec un homme de Dieu, Patrice, après avec un papy dont je m’occupais et son petit fils, Thomas que j’ai vu grandir. Puis un autre papy, Jean-Paul et sa fille Sophie. C’est en arrivant ici sur la planète C que je me suis un peu assagie. Si on oublie les filles il n’y a que Vincenzo et Willem. Mon partenaire le plus stable dans tout ça, le plus intense, ça a été Thomas. Jusqu’à ce que Willem me fasse revivre un peu mon histoire avec Thomas. Willem et notre relation interdite toute relative dans les circonstances actuelles où la question ne se pose plus. Merci la fusion.
  • Je suis un local, né d’une terrienne. Ma mère. Solène. Il y a bien-sûr ma grand-mère, Noëlle, un peu sorcière, très intéressante mais j’ai toujours été fasciné par Aline, l’arrière grand-mère, je ne sais pas pourquoi. Et je n’ai jamais eu peur de mes sentiments et de mes actes. Pour moi, c’était absolument naturel. Maëlle l’a bien senti. Alors elle a fait ce qu’il fallait, le mieux pour moi, vivre cette histoire avec Aline, de toutes les façons, jusqu’au bout. Ça aurait dû mener à rien mais non. On en est là.

Maëlle

Je termine mon rapport que j’envoie à Dana. Mais son visage apparaît dans le coin de l’écran. Je la vois boire quelque chose et demander :

  • Il est tard, tu dors pas ?
  • Tu bois de l’alcool avant de dormir. C’est une chemise de la Law House ?
  • C’est mon somnifère. Et toi, c’est une chemise de Vince.
  • Il dort, je vais le rejoindre.
  • Moi aussi. Encore un rapport ? Sur Vincenzo. Pourquoi ?
  • Gestion de la menace.
  • Pourquoi tu veux le comprendre à ce point là ?
  • Pour le sauver. Je suis Dieu par intérim.
  • Bonne nuit Maëlle.
  • Bonne nuit Dana.

Elle ne sait pas que dans son lit il y a une serial killeuse qui travaillait en duo avec ma grand-mère, sur Terre. Ou peut-être que si. Depuis le temps elle a du lui raconter. J’éteins l’écran et je m’éteins moi sous les draps dans les bras de Vincenzo qui m’étreint. Elle l’a appelé Vince ?

*

Au petit-déjeuner je le regarde avec amour mais il laisse tomber sa fourchette :

  • En fait, je ne suis qu’un monstre.
  • Peut-être, mais tu es mon monstre.
  • Non, je suis celui de Vivien.
  • Non, il s’est planté sur toute sa lignée, ce sont ses descendantes qui ont capté l’Invisible. Lui, il en est incapable, c’est un garçon, comme toi.
  • On n’est que des coquilles vides alors.
  • Il n’a su compenser que par la science. Mais regarde Victor, il s’en est bien tiré. Bon, il est allé se chercher un peu loin mais il a fini par se trouver.
  • Victor, c’est un programme, entraîner Alice pour la mission G-2003, il se retrouve même avec l’objet de cette mission pour fabriquer leur Mona-Lisa. Et Greta qui donne ses pouvoirs à Énola. Et Énola qui ramène Vivien à la vie. Et Énola qui partage son don de Dieu avec toi. Et toi qui fini avec un sous programme de secours, moi.
  • Peut-être, mais tu es mon sous-programme de secours à moi.

Et on se met à rire. Et pour le rassurer, ou pas, j’explique :

  • Vincenzo, tu sais pourquoi on a pas peur de ton père ? Parce qu’on peut le renvoyer là d’où il vient en un claquement de doigt. Il a intérêt à rester tranquille. Mais il est mieux ici, pour tout le monde. Il vaut mieux affronter ses peurs en face, ensemble.
  • Ensemble. Est-ce que tu viendrais avec moi à la Messe de minuit de Noël, c’est mardi soir prochain, à la Cathédrale, maman nous a invités.

Je me retiens de pouffer de rire tellement ça me paraît exotique mais je suis une demi-déesse maintenant et comment dire non à Victoria ? Il va bien falloir que je l’affronte un jour…

  • Nous ? Il y a un nous. C’est bien. C’est une excellente occasion d’officialiser. J’avoue qu’elle me fait un peu peur ta mère. Elle est tellement belle, elle a l’air tellement forte.
  • Tu plaisantes ? Tu es plus belle et plus forte qu’elle.
  • C’est gentil. Willem, je trouve qu’on fait un beau couple, on rassemble les deux lignées. Du coup mercredi matin tu viens avec moi ouvrir les cadeaux avec toutes mes ascendantes.
  • Les cadeaux ?
  • T’inquiète, c’est une tradition terrienne. Je t’expliquerai. Merde, ça va pas le faire. Il y a ton ex, Aline.
  • Il vaut mieux affronter ses peurs en face, ensemble.
  • Et on est ensemble tu as raison. C’est pas un phrase de la B4 ? Il faut que j’arrête de lire ce truc.
  • Il est pas sorti, tu le lis où ?
  • Sur le réseau C. Adélaïde fait même une sorte de décompte, on en est bientôt à 1000.
  • Adé a un compte ? 1000 quoi ?
  • 1000 pages et il en manquera encore 286 pour faire comme le premier livre imprimé sur Terre à grande échelle par Gutenberg, la B2.

Idée de cadeau : la B2 de Gutenberg pour… Vincenzo.

Willem

Elle ne dit jamais non. Elle est mienne. Elle est ma terrienne à moi. Peu importe son lourd passé, peu importe sa lignée, rien ne compte quand j’arrive par derrière et que je plonge mes mains dans sa poitrine. Elle a toujours le même regard coquin et les mêmes mots :

  • Viens mon bébé, je vais te soulager.

D’une façon ou d’une autre. Tout le reste autour me paraît si fade. Il n’y a que lorsque je suis avec elle que je me sens vraiment vivant.

  • Aline, je ne veux pas faire semblant d’être quelqu’un autre en perdant mon temps dans une activité qui n’a pas de sens. Mais Valentin m’a demandé de l’aide.
  • Tant mieux, je n’aime pas de savoir seul et désœuvré pendant que je m’amuse avec mes copines. Maintenant que je suis enceinte, elles veulent toutes boire de mon lait. Mais je suis partie sur une gestation lente aussi, alors il arrivera plus tard.
  • Valentin travaille avec du lait. Tu crois que tu pourras nous en donner un peu ?
  • Si c’est pour une nouvelle pâtisserie et qu’il l’appelle Émeline, d’accord.

Et on arrête de parler car elle descend me soulager avec sa bouche.

*

On met nos grands manteaux pour aller à la Basilique. Dans la Chapelle de Noël il y a de la paille partout avec une cabane en bois et des sculptures en taille réelle d’animaux étranges et de personnages intrigants, ils sont tous peints de couleurs vives. Maëlle est là aussi et elle explique à Vincenzo. Je m’approche pour écouter. Maëlle me fait un clin d’œil discret. J’ai toujours l’impression qu’il y a des choses que seuls nous, elle et moi, pouvons voir. Aline me retient et m’explique de son côté de quoi il s’agit.

  • Aline, tu vas bientôt connaître ta troisième Bible, de ton vivant.
  • Il y en aura d’autres, mais ce n’est pas le plus important, ce n’est pas autour de ça que ta civilisation doit tourner, elle doit juste s’en inspirer, s’y appuyer. Et chaque génération doit faire le point et écrire son histoire, y participer, dans l’Amour.

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