1 - 2 - Le voyageur

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  • Le voyageur

En redescendant vers le port, Patmé tentait en vain de ne pas y penser. C’était pourtant plus fort que lui: Une gosse… Rien que ça! L’idée que son petit frère se soit débrouillé pour engrosser une femme l’écoeurait au plus haut point. Quel gâchis!

Patmé était pourtant certain que, cette fois-ci, ce serait la bonne! Avec le crâne, il pensait convaincre Aeqa, le convaincre qu’on en trouvait, des trésors, en partant sur la mer! Que ça valait le coup, qu’il fallait qu’il parte lui aussi, qu’il essaie! Et pourtant, voilà… Une gosse. Plus aucune chance que son frère ne l’accompagne, désormais. Un rêve se brisait, pour Patmé. Il aurait voulu lui montrer!

Lui montrer les flots calmes, le matin, quand on atteint l’île de la Lune et que le vent chaud vous pousse vers le rivage; Lui montrer le port de Séclielle, la nuit, quand il faut être discret et cacher sa voix dans le bruit des vagues… Lui montrer comment on surmonte un orage, et comment on célèbre une escale. Hélas! Tout était foutu. Une gosse, une chiarde!

Il aurait bien voulu lui parler, à cette gamine, et se demandait ce qu’elle avait de si spécial. Comment s’appelait-t-elle, la fille d’Aeqa?... Sa… nièce… Ce dernier mot le dégouta si profondément qu’il réussit enfin à ne plus y penser: Au Fléau la gamine, au Fléau Aeqa!

Il descendit dans la densité de la jungle de l’île en ne prêtant plus attention qu’aux paysages paradisiaques qui parsemaient l’île. Il cueillit une mangue sucrée, et la dévora goulument, tout en continuant à marcher; Et, quand ses doigts devinrent collants, il les essuya négligemment sur son pantalon. Puis, arrivé au port, il marqua une pause en jetant l’épluchure et le noyau.

La mer le regardait, et Patmé sourit à cette épouse, qui lui répondit de son rire d’écume et de ressac. Il balaya ensuite les quelques habitations du regard, et le posa finalement sur un édifice en particulier.

Il était juché sur une des falaises de l’île, derrière le port; C’était censé être un palais, et Patmé l’avait vu comme tel, durant son enfance. à présent, cela ne lui évoquait même pas un temple; Il avait vu les vrais palais, ceux du Helga’la et ceux de la cité de l’aube, ceux de la Serte et ceux de l’Empire; ça, non, ça n’était rien qu’une cabane, une honte pour tous les mataris. Il soupira, et entama son ascension: cabane ou pas, c’était là bas que vivait l’homme le plus important de l’île.

Alors qu’il s’apprêtait à se lancer sur le sentier de poussière noire qui remontait jusqu’au “palais”, il fut soudain interrompu par l’appel d’une voix familière. En se retournant, il vit alors l’homme qu’il était venu voir: L’assagi.

Ce dernier fixait le jeune homme d’un regard fou, comme s’il ne pouvait pas en croire ses yeux. Il était lui aussi atteint du vitiligo, mais était beaucoup plus âgé; Aussi, l’affection avait rendu sa peau presque totalement blanche, mais d’un blanc rosatre et fripé, qui ne supportait que difficilement la rudesse du soleil de l’île. Il était pourtant torse nu, et on pouvait voir une marque de morsure, près de son cœur: son corps était entièrement balafré de cicatrices rituelles qui convergeaient jusqu'à ce point précis. Une expression de choc couvrait son visage chauve et ridé: Il répéta plusieurs fois le prénom du jeune homme.

“Patmé… Patmé…C’est vraiment toi?...

  • Salut, répondit jovialement le marin. Vous avez maigri.”

Il se rendit alors compte que plusieurs personnes suivaient le vieux sage. Toute une procession venait en effet d’apparaître du coin d’une ruelle, et Patmé reconnut vite les prêtres de l’île à leurs tenues rouge sang. Ils étaient quatres, avaient des bougies dans les mains, et s’étaient placé aux angles d’une cage de bois noir portée par deux esclaves immenses. Au fond de la cage, il y avait un vieillard à la peau blanche, prostré dans une position pitoyable, les yeux crevés et les lèvres sèches.

“ J'interromps quelque chose?... Demanda Patmé, sans se pousser de la route. Les prêtres de l’assagi le reconnurent, et demeurèrent bouche bée un instant; Mais ils ne dirent rien, et baissèrent leurs têtes sur leurs bougies, s’arrêtant derrière le vieil homme sans prononcer le moindre mot.

  • Le maître des vagues est revenu… dit alors ce dernier, toujours sous le choc d’avoir croisé Patmé. En ce jour fatidique… Ce ne peut être qu’un présage…
  • Oh là, tout doux, Etvar.” C’était le mot qu’on employait pour s’adresser à un assagi.Je ne suis que de passage… Et, non, je ne participerai plus à tes fichus rituels.

Son interlocuteur marqua un temps d’arrêt. Puis, il pointa le vieillard prostré dans la cage.

  • Regarde cet homme. Le reconnais-tu, Patmé?

Patmé observa attentivement le prisonnier. Après un instant, il sembla soudain se rappeler de quelque chose.

“Oh… Mais, ce serait pas…? Je crois avoir déjà croisé cet homme en haute mer… Oui, c’est sûr, à présent. C’est un mastro (les gens de cette partie du monde avait du mal à prononcer le mot “maestro”). Qu’est ce qu’un hérétique fait sur l’île?... La cité de l’aube vous envoie des missionnaires, maintenant?

  • C’est une très bonne question. Maintenant, je veux que tu me répondes en toute honnêteté, Patmé. Cet homme… Est ce que c’est ton capitaine?
  • Je n’ai pas de capitaine, je suis capitaine. Toutefois, notre armada a un amiral, et…
  • Peu importe, appelle ton maître comme tu veux. Réponds simplement. Est ce que cet homme est celui qu’on appelle Octaf? Il est vieux, il est blanc… Et, avant que je ne les lui crève, il avait les yeux gris. Tout correspond… Est ce que c’est lui?

Il y eut un silence, perturbé uniquement par le bruit de quelques oiseaux qui criaient par-dessus les reflux des vagues. Patmé ne pouvait pas mentir à l’assagi, ni fuir la conversation: Après tout, ce vieux chauve était un désigné. Une créature puissante, un surhomme, alors que lui-même n’était rien de plus qu’un beau parleur. Il hésita un instant; puis, chose rare, Patmé répondit en tout honnêteté:

  • Bien sûr que non… Octaf n’est plus un mastro…
  • Je croyais qu’il venait des cinqs royaumes…
  • Tous les habitants des cinqs ne sont pas mastro, enfin! Oui, Octaf fait bien partie de ce peuple, mais il ne pratique plus leur religion démente, la Chimère ne le concerne pas. Il vénère les désignés, comme vous et moi: Il me semble qu’il n’est pas très pieux, mais qu’il pratique le culte de la Reine Rouge. Patmé fut soudain pressé de changer de sujet: mieux valait ne pas trop parler d’Octaf à l’assagi. Celui-ci cultivait en effet une haine profonde à l’égard de l’étranger, et n’avait jamais accepté l’idée que Patmé, le prodige de l’île, se soit rangé sous la bannière d’un pirate à la peau blanche. Dites, même si ces Kymériens sont des hérétiques, ne trouvez-vous pas un peu cruel d’avoir crevé les yeux de celui-ci?... Il montrait l’homme de la cage avec un regard plein de pitié.
  • Cruel?... Tu sais pourtant que c’est un mastro, et que c’est le seul moyen de les neutraliser… Ce monstre… Laisse moi te raconter, ce qu’il a fait, avant de…
  • Parlez, j’écoute, l’interrompit joyeusement Patmé.
  • …il, obéit intuitivement l’assagi, a débarqué en cachette, dans la nuit, sur les rives du sud de l’île. Il a approché les jardins sacrés… Puis, il a assassiné les gardes et les prêtres de l’endroit. Ensuite, de ses pieds, il a foulé la terre interdite et est entré dans les jardins de la petite Revelia…

Quand l’assagi évoqua le meurtre des gardes, Patmé ne trouva rien d’étrange ni de condamnable à cela: après tout, il était lui même un brigand, et un homme de mauvaise vie. Ce fut la suite, qui le crispa. Même si Patmé n’était pas très investi dans les choses de la vie spirituelle, il fut estomaqué d’apprendre que quelqu’un avait vraiment osé déranger une désignée dans ses jardins. C’était un acte de blasphème terrible, à peine concevable: Pour le peuple du soir, comme pour pratiquement tous les peuples du monde, les désignés étaient des êtres divins, les martyrs de la Chimère. Ici, cette dernière n’était d’ailleurs pas vu comme étant “Dieu”, mais comme une sorte d’ange funeste, qu’on vénérait aussi, mais comme on vénère une déesse de la maladie: En priant surtout pour qu’elle ne paraisse pas.

  • Il a vraiment fait ça?! Patmé pensait à la petite Revelia. Elle devait avoir 7 vertiges, maintenant; C’était l’enfant sacrée de l’île, et il n’avait eu le droit de la voir qu’une seule fois.
  • Il n’a pas fait qu’entrer dans les jardins, Patmé… Il les a souillés. Il a tué la sainte.

Patmé allait répondre, mais l’information était si ahurissante qu’il préféra, chose encore plus rarissime venant de lui, se taire et laisser terminer son interlocuteur.

  • …Elle a succombé à ses blessures, mais non sans neutraliser le païen. Quand je l’ai trouvé, il était évanoui près du corps de l’enfant; J’ai profité de son inconscience pour lui crever les yeux, et j’ai fait venir les prêtres pour ramener cet individu… Puis, je t’ai croisé ici. Tu vois, Patmé? Le destin fait bien les choses. Comprends tu maintenant, pourquoi je n’accepte pas l’idée que tu travailles avec ce… ce…
  • Octaf ne ferait jamais une chose pareille, s’impatienta Patmé. Vous confondez tout. J’étais venu vous parler de quelque chose, mais j’ai changé d’avis. Je vous laisse vous occuper de ce chien: Si vous voulez mon avis, aucun procès n’est nécessaire: Faites-le souffrir…

Et il repartit vers la plage sans prêter attention aux appels de l’assagi. Il avait un peu peur de lui, bien sûr; Les désignés étaient certes des créatures saintes, mais très dangereuses. Pourtant, il savait qu’il ne lui ferait rien: Patmé était trop cher aux yeux de l’Etvar. Avant de rejoindre la flotte d’Octaf, le jeune homme avait en effet rapporté beaucoup d’argent au maître de l’île, et, aujourd’hui encore, de nombreux commerces n’avaient cours que grâce à celui qu’on surnommait “le maître des vagues”.

L’horreur monopolisait à présent l’attention de ce dernier. Pourtant, Patmé lui-même était un blasphémateur, un pillard et un bohémien: mais qu’on viole des jardins, et qu’on assassine une petite fille marquée… L’idée révoltait tous ses sens. Pourtant, il avait lui-même pillé un endroit aussi sacré que le Helga’la; La façon dont il avait obtenu le crâne de jyste n’était pas glorieuse, et, s’il y avait un enfer pour les profanateurs, Patmé savait qu’il y aurait sa place. Mais ça… ça, ce n’était pas un acte motivé par la cupidité, l’avarice ou tout autre vice qu’il aurait pu comprendre.

Non, ça, c’était, c’était… la pire malveillance qui soit, se disait-il. Pourtant, il avait tort: Le vieux maestro avait agi par foi. Cela, il ne pouvait pas le comprendre, parce que sa foi à lui était beaucoup moins profonde: C’était la tradition qui l’emportait en lui sur le mysticisme, aussi ne comprenait-il que difficilement les religions des autres peuples.

Lui-même n’avait vu la petite sainte qu’une seule fois. Il tentait de se rappeler à quoi elle ressemblait, mais, plus il tentait de la repeindre dans ses souvenirs, plus une autre petite fille apparaissait clairement dans son crâne: l’enfant de son petit frère. Il jura, et décida à nouveau de ne plus y penser.

Il traversa le port, et s’arrêta devant son navire. C’était une belle caravelle, dotée de trois mâts et d’une belle figure de proue représentant le dieu que lui-même vénérait: Extellar. Il passa un moment à observer son navire avec fierté. Il était la source de toutes ses joies et de tous ses tourments; ce vaisseau était l’âme et le corps de Patmé, une extension de son être. C’était avec ce navire, qu’il avait surmonté les orages, et décrété les escales; La pauvre bête devait être usée par ces 4 vertiges d’aventures.

C’était Octaf, qui leur avait appris à construire ce genre de bateau; Oh, bien sûr, ils étaient bien moins avancés que les navires des royaumes du Sud, qui crachaient feux et vapeurs dans les voûtes marines. Cela dit, comparé aux galères et bateaux de pêcheurs que les mataris avaient pour habitude de créer, ce bateau était une révolution technologique. Cela ne prouvait qu’une chose, et, c’était à nouveau cette triste vérité qu’il détestait avoir à regarder en face: Les mataris étaient désespérément en retard sur les autres peuples. Peut-être avait-on raison de les traiter comme des sauvages…

Il écarta machinalement cette pensée de son esprit, et monta sur les cordages. Une bonne partie de l’équipage dormait encore, et personne ne remarqua que le capitaine était de retour sur le bateau. Celui-ci ne rentra pas dans sa cabine, mais se dirigea plutôt vers la cale; quand il était soucieux, Patmé aimait beaucoup passer du temps à contempler ses trésors.

Il passa devant les coffres remplis d’or et de diamants sans les regarder. N’accorda aucun coup d'œil aux sacs remplis d’épices onéreuses, pas plus qu’aux trois pur sang Mencite qu’on avait embarqués dans le fond de la cale, et qui hennirent en le voyant paraître. Il n’avait d’yeux que pour ce trésor là, celui qui était caché derrière la porte du fond de son navire. Il entra dans la pièce avec le secret d’un voleur, en utilisant une clef dont lui seul possédait l’exemplaire.

Près d’une poutre, trois énormes caisses contenaient des ossements, tout entier fait de jyste noire. C’était un métal robuste, aussi sacré que précieux: Ces os devaient valoir un royaume tout entier. Et il les avaient là, sur son navire… Quel pactole il allait en tirer!... mais il lui faudrait encore attendre le retour d’Octaf, bien sûr. L’équipage lui-même n’était pas au courant de la présence du butin sur le navire: Patmé dirigeait sa caravelle d’une main de fer, et personne n’osait lui désobéir. Octaf l’avait prévenu: Il ne fallait surtout pas qu’il en vende avant qu’il ne soit revenu: Si la présence d’un tel magot venait à s’ébruiter, alors, aucune mer au monde ne serait plus assez vaste pour échapper aux flottes avides qui se jetteraient à leur poursuite… Une fois n’était pas coutume, Patmé avait obéit… après tout… Là aussi, c’était grâce à Octaf, qu’il avait mis la main sur ce pactole. Ensemble, ils avaient pénétré la terre sainte du Helga’la, et…

Repenser à cette aventure le rassénera. Et puis, mince! Il avait surmonté des épreuves autrement plus délicates que de parler à une petite fille. Il fit demi-tour presque instantanément: En dix minutes, il était de retour dans la forge d’Aeqa.

Celui-ci était occupé à taper sur une barre de métal surchauffée, et ne remarqua pas la silhouette qui avait reparu sur le chemin. Patmé fit discrètement le tour de la petite maison, poussé à le faire par un instinct qui lui était propre, et qui lui disait que c’était là bas, qu’il fallait chercher. Et, arrivé derrière la demeure, il trouva en effet la petite fille, en train de jouer à effrayer les oiseaux. Il approcha d’elle discrètement, puis, arrivé à une distance raisonnable, il s’éclaircit la gorge.

L’enfant se retourna, et sursauta violemment. Elle tomba sur les fesses, et son visage se tordit avec une lenteur mélodramatique, comme le fait celui des bébés: Leurs cris viennent toujours au moment ou ils ont parfaitement pris le faciès de leur douleur, comme si il ne pouvait pas sortir d’eux avant que leur visage ne l’ai d’abord exprimé.

Habile avec les enfants, comme avec les océans, Patmé ne laissa pas le temps à la petite de trouver son hurlement: Il l’interrompit en disant d’une voix profonde et rassurante:

  • Moi aussi, j’aime bien faire peur aux oiseaux. Ils sont bêtes!

Et, quand il prononça le mot bête, il grimaça si vulgairement qu’elle eut un petit rire qui le rafraîchit autant que s’il avait plongé sa tête dans un ruisseau. Le pirate continua:

  • Alors, ma chérie. Dis, moi, tu t’appelles comment?
  • M’appelle My’e.
  • On dit, “je m’appelle”. Tu n’es pas très maline, critiqua Patmé, blessé que son frère lui préfère cette petite idiote.
  • A bête! gloussa l’enfant en reproduisant la grimace du marin.

Il voulait prendre le visage de la consternation, mais ne put s’empêcher de sourire. Aeqa était papa, alors, hein… C’était comme ça…

Alors qu’il allait poser une autre question, il y eut alors le son d’un “bang!” tonitruant, quelques instants après qu’une petite forme noire soit passée dans le ciel. Le bruit fut tel que Patmé et la petite se baissèrent intuitivement. Patmé écarquilla les paupières, étonné. Cela n’arrivait pas souvent…

  • A quoi? demanda Myrrhe à son oncle.
  • ça, petite, c’est la Chimère, expliqua Patmé.
  • A quoi, la Chimè’e?
  • Normalement, j’ai pas le droit de te le dire. Mais, en gros, dit toi que c’est une sorte d’oiseau qui navigue sur le monde à une vitesse folle; Et de temps en temps, il s’arrête, et choisis des hommes pour en faire des dieux. C’est très rare, de la voir passer au-dessus de soi… C’est plutôt bon signe. ça veut dire qu’elle est déjà loin…
  • Fai’e un vœu? demanda le bébé.
  • Non, surtout pas, tu aurais trop peur qu’elle ne l’exauce et te transforme en dieu…
  • A quoi, dieu?
  • Oh, des dieux, il y en a plein, ça peut être plein de choses différentes…

A ce moment-là, il entendit clairement Ophia appeler la petite fille: “Myrrhe! Myrrhe!”

Il savait à quel point Ophia le détestait, aussi s’effaça-t-il rapidement dans la jungle environnante, non sans avoir fait un petit salut de la main à sa nièce. Myrrhe… Quel joli prénom. En retournant à son navire, il ne put s’empêcher de penser à la dernière question qu’elle lui avait posée. Dieu… Avait-il répondu de la bonne manière? Chez les mataris, on ne parlait pas de la Chimère à la légère. C’était l’assagi, ou un prêtre, qui devait répondre aux questions d’une enfant; même les parents n’étaient pas autorisés à révéler les choses du monde à leur progéniture. Peu importe! Il s’en fichait un peu, de toute manière. Le fait d’avoir aperçu la Chimère le plongea dans un songe éveillé: Il ne put s’empêcher de repenser au mythe…

Notes du Premier Registre

Le Registre admet que la Chimère a trois manières très différentes de désigner les hommes. Trois malédiction qu’elle décerne sans rien expliquer. Elles ne se ressemblent pas, et ont chacune un effet différent.

La pire d’entre elles, c’est la piqûre. On raconte qu’elle l’inflige à ceux qui prononcent un “voeu” trop sincèrement, puisque le désir, sous toutes ses formes, est la voie la plus rapide vers le péché. Terrible et magnanime, elle le réalise, toujours à leur dépens.

Les désignés de ce type sont les plus rares; Longtemps, on les a révérés comme des dieux. La nature de leurs facultés dépend de leur “voeu” initial, mais elles sont toujours phénoménales. Ils ont toutefois quelques points communs, les uns avec les autres: Tout d’abord, ils sont tous immortels. Ensuite, de leur corps émane une corruption invisible qui fait rouiller le métal, noircit la pierre et ternit les eaux. On ne peut pas les blesser, et leur squelette entier se change en un métal indestructible appelé “jyste noire”. Cette immortalité est un calvaire, à leurs yeux, car la mort est un sort préférable au leur.

Il n’en existe que 6, et ils forment le panthéon suprême de l’Ancien Culte: On les appelle les “Infernés”.

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