2 - Les Révoltés - 1 - Pouilleuse

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LIVRE II: Les révoltés

Pouilleuse

Rêve

J’ignore pourquoi je les hais. Ils sont des milliers, tapis dans les ténèbres; Ils m’observent, et sourient d’un air ironique. Rageuse, je décide de les imiter - Un rictus sarcastique réhausse ma lèvre supérieure, et je les toisent de tout mon mépris. Malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à discerner leurs visages; Quand j’en fixe un, il disparaît, et je ne peux les voir que du coin de l'œil. Qui sont-ils?

Comme certaines faces surgissent à quelques centimètres de mes yeux, je me met à agiter les mains dans l’espoir d’en gifler une. Mais mes doigts n’heurtent que le vide, et les yeux moqueurs disparaissent à l’instant où je crois les frapper. Je sens des souffles dans ma nuque, mais quand je me retourne, rien. Il fait si sombre que je n’arrive pas à voir le sol - Terrifiée, je m’y recroqueville. Mes yeux roulent dans leurs orbites, traquant les faces qui ricanent au coin, et finissent par en attraper une. Je réalise alors que c’est mon propre visage qui m'observe en riant.

Réalité

  • Mes chers disciples… Je vous présente Lymfan, fille de Selir. Elle est désormais officiellement la tutellée de Leïa Gin. Et elle lui fera honneur, n’est-ce pas?...

Les regards des huit autres disciples composant la classe étaient rivés sur la jeune fille. C'était le premier cours de Lymfan depuis qu'elle avait été prise sous l'aile de l'Avalionne. Elle avait reçu une belle toge blanche en tant que tutelle et s'était soigneusement préparée pour ce jour. Elle était presque jolie, maintenant qu'elle était bien coiffée, et ses cheveux noirs comme de la suie étaient devenus d'un beau châtain clair une fois soigneusement lavés.

Malgré les efforts qu'elle avait déployés pour arborer une apparence impeccable, son profil ne correspondait pas à celui des autres élèves. Dans sa posture, la forme de ses mains, et la façon dont les cernes profonds enfonçaient son regard triste dans son visage de fillette, on pouvait détecter une différence évidente. Lorsqu'on lui posa une question, elle répondit par un hochement de tête et un rougissement.

  • Hé bien, tu peux être fière de toi, reprit Telema Feleis, mielleuse. Tu as 12 vertiges, c’est ça?... à ton âge… Maîtriser le pavi… C’est un exploit sans précédent. Lymfan, fille de Selir, je te souhaite la bienvenue. Kymeria af fobene.

Quand la professeure s'inclina, tous les élèves reprirent en chœur: "Kymeria af fobene" - Mais avec bien peu d'entrain. L’atmosphère était tendue, pleine de méfiance; il était évident qu’ils étaient déjà au courant de l’arrivée de la jeune fille, et que ces adolescents issus de la haute noblesse n’acceptaient pas l’idée d’étudier avec une… une pouilleuse des campagnes du Nord, une malpropre renommée, dont on disait qu’elle se nourrissait du sang des rats qu’elle égorgeait dans les bas quartiers de Séclielle.

Ils étaient assis à même le sol, tandis que Telema les inspectait depuis un siège de pierre sombre. Une statue de la Chimère se dressait derrière elle, et la maestria partageait avec elle le même regard sévère et gracieux. La lumière entrait par une fenêtre de gypse opaque, et les sortait à peine des ténèbres ou la poussière voletait paresseusement.

  • Bien. Nous allons reprendre là où nous nous sommes arrêtés la dernière fois. Pouvez-vous me rappeler quelles sont les trois Tâches sacrées du maestro, Karrie?

Une pimbêche assidue se redressa religieusement (aux couleurs de ses vêtements, Lymfan comprit qu’il s’agissait d’une Sahis) et récita :

  • Diffuser les textes. Guider les laïcs. Exterminer les Désignés.
  • Bien, vous pouvez vous rasseoir. Clair, concis - Vous êtes bien une Sahis, ajouta-t-elle avec un regard complice. Elle s’adressa ensuite à nouveau à la classe. La dernière fois, nous avions évoqué l'histoire du Premier Avalion et du Fléau. Aujourd'hui, ce sera un cours assez différent de ceux que nous avons l’habitude de prendre. Mais d'abord, qui parmi vous a reçu l'Onction?

Les 8 autres élèves levèrent tous la main en même temps. Telema haussa un sourcil faussement surpris.

  • Ah, bien. Je suppose que ce sont vos familles qui vous l'ont procurée… Une deuxième question, maintenant. Lequel d'entre vous va m'expliquer ce qu'est l'État ?

Comme personne ne répondait, Telema finit par désigner Étius de l'index. Celui ci se leva d'un mouvement malhabile, et bégaya:

  • Le dépassement de tous les sens, Maître.
  • Ce n'est pas la réponse la plus précise qui soit, mais elle est juste. Lymfan, pouvez vous me préciser ce qu’on ressent, lorsqu’on entre dans l'État?

Surprise qu’on lui pose la question, Lymfan bégaya:

  • Je… je n'ai pas reçu l'Onction, Madame…
  • "Maître", corrigea Telema. Même si tu ne l'as pas reçu, tu dois savoir à peu près ce qu'est l'État, n'est ce pas?
  • … je sais qu'il faut entrer dans l'Etat pour faire de la magie...
  • De la Musique, répliqua sévèrement Telema.
  • …Et que, ceux qui sont dans l'État ont des pouvoirs, avait continué Lymfan.

La jeune fille tentait désespérément de garder son calme, mais l’attitude de Telema lui semblait si hautaine qu’elle sentait déjà son cœur battre de colère et son souffle se raccourcir. Oui, cette attitude… Elle lui faisait penser à Rémo Féléis.

  • Exactement, reprit Telema sans sembler remarquer l’irritation de la disciple. Seuls ceux qui reçoivent l’Onction entrent dans l’Etat; Seuls ceux qui peuvent entrer dans l'État sont capables de miracles. Mais encore? Simé, vous avez la réponse ?

Un garçon efféminé se redressa avec trop de grâce, et minauda:

  • Celui qui entre dans l'État voit l’invisible, hume l’inodore et effleure l’immatériel.
  • Ses sens se dépassent, confirma Telema, heureuse de l’avoir entendu réciter l’un des versets de Gabriel. Celui qui entre dans l'État distingue enfin la Réalité. Et, qui sont les seuls à ne jamais pouvoir entrer dans l'État?
  • Les pauvres? glissa un garçon.

Toute la classe éclata de rire, à l’exception de Lymfan, qui cligna des yeux. Même Telema avait esquissé un sourire narquois.

  • Les Désignés, corrigea-t-elle néanmoins. Ceux que la Chimère a marqué deviennent incapable d’entrer dans l’Etat. Et ceux qui n’ont, bien sûr, pas reçu l’Onction…
  • Je ne comprends pas vraiment ou vous voulez en venir, déclara alors Lymfan. Pourquoi énoncez vous des évidences?

La classe se réjouit à nouveau. Telema s’approcha de Lymfan d’un air grave.

  • On n’interrompt pas le Maître.
  • Ah? Mais, vous parliez plus, là…
  • Et surtout pas avec des questions stupides, abrégea Telema. Etius, expliquez à cette jeune fille pourquoi il est si important de revenir à ces bases.
  • Les cours de Telema sont des cours de méditation… On est supposé entrer dans l’Etat pendant toute l’heure, et écouter la Musique.

Etius avait parlé très vite, sans la regarder. Il avait clairement honte d’être associé à elle.

  • Quel petit couple attachant, lâcha Telema, déclenchant une troisième vague d’hilarité. La présence d’une jeune fille qui n’a pas reçu l’Onction perturbe en effet nos habitudes. C’est, hélas, l’Avalionne, qui m’as imposé de vous prendre avec moi dans ce cours; il m’est impossible de m’opposer à la volonté de la sainte descendante.” Telema avait dit cette dernière phrase avec un chagrin évident. Elle marqua un arrêt, et reprit: “Revenons-en au cours. L’Etat permet donc de distinguer la Réalité. Voir le monde tel qu’il est réellement… L’Etat permet d’utiliser le pavi à son plein potentiel, de lire les mots que le monde prononce et de s’en approprier le pouvoir. C’est le privilège de cette faculté qui fait des maestros les “Guides” légitime de la foule des laïcs. Cette masse ignare qui compose le peuple n’est vouée qu’au mal et à la perversion - les plèbes se ressemblent toutes, se remuent toutes dans la même fange crasseuse en agitant les mêmes faux principes - C’est le fardeau des siècles. Les systèmes de valeurs sont tous faussés par l’écho néfaste de ceux qui se sont trompés hier, et l’avenir est troublé par les erreurs fatidiques de ceux qui se tromperont demain. Mais c’est là que les maestros interviennent.

Les élèves étaient subjugués par le mépris virulent que la professeur laissait suinter. Lymfan, elle, crut relever des fautes de syntaxe et une certaine suffisance.

  • Lorsqu’un être atteint l'État, il voit au-delà des paradigmes… Elle bava presque le mot, en en savourant l’aspect distingué avec une subtilité d’abattoir. C’est cette faculté si précieuse qui fait de nous des élus, et qui doit guider vos propres pas: Nous prenons notre pouvoir du Vertige, et du continent interdit qui se trouve au-delà du Vertige. La Musique résonne des terres-astrales jusque dans nos régions bénies par Kym, et c’est elle, qui nous libérera des désignés. Aq Savar.
  • Aq Savar, répétèrent tous les élèves: Lymfan, elle, n’eut pas le temps de reprendre la prière.
  • Bien sûr, il ne suffit pas de recevoir l’Onction, continuait Telema… Certains demeurent incapable de maintenir l’Etat plus de quelques secondes, malgré le fait qu’ils l’ont reçu depuis des années… Et, disant cela, elle lança un regard lourd de sous-entendu à Etius, qui courba l’échine. D’autres encore ne semblent tout simplement pas avoir le sang nécessaire pour entrer dans l'État, malgré leur talent pour la lecture du pavi. Après tout, seuls les auditeurs peuvent donner l’Onction, et, même l’Avalionne ne peut pas outrepasser la juridiction du grand At Sahis.

Elle ne regarda pas Lymfan, mais les élèves le firent pour elle. Pour la jeune fille, c’en était trop.

  • Si les maestros sont les guides du peuple, pourquoi est-ce qu’ils n’en seraient pas issus?

Personne n’esquissa le moindre sourire. Telema n’accorda aucun regard à Lymfan, et continua:

  • Bien sûr, l’Etat permet aussi de sentir les odeurs inodores, mais certaines sont perceptibles même sans avoir reçu l’Onction.

Les éclats de rire mirent Lymfan hors d’elle. Elle se leva brusquement, et pointa un doigt accusateur vers la professeur.

  • “Et, puisque chaque Homme a une âme, chaque Homme est capable - Ceux qui disent le contraire s’écartent de ma voie.” Exorde de Gabriel, 13ème verset. Vous parlez du peuple comme d’une plèbe immonde, mais vous…
  • Asseyez-vous.
  • … Vous respectez même pas les principes les plus élémentaires de notre reli…
  • Silence!

Telema avait parlé avec si peu d’autorité que Lymfan marqua un arrêt.

  • Ha! Vous posez bien, mais dès que quelqu’un vous contredit, plus rien…

Telema réfléchit un instant. Si elle avait espéré s’entendre avec cette gamine, ses illusions s’étaient volatilisées. Elle ne se rendait même pas compte de sa suffisance, ou de l’aspect humiliant du moment qu’elle faisait passer à la petite fille. Pour elle, il s’agissait simplement d’exposer clairement l’ordre des choses. Elle ne dit pas le mot auquel tous avaient pensé dès que Lymfan était entrée dans la classe, mais répliqua avec douceur:

  • Il faut croire que l’apprentissage du pavi ne vous a pas appris les manières. Instruite, mais sans éducation...
  • Je…
  • Vous allez vous lever, et sortir de la pièce. Ensuite, vous irez au troisième étage, et vous entrerez par la grande porte bleue que vous trouverez au fond du couloir. Là, vous demanderez à voir At Sahis.

Il y eut un silence. Lymfan serra les poing, laissa glisser un regard hargneux sur les autres élèves qui se retenaient de rire, et sortit en trombe de la salle de classe. En marchant jusqu’aux escaliers, elle fulminait; Ils ne savaient pas qui elle était. Ce qu’elle avait vécu. Elle valait mieux qu’eux tous, et elle le prouverait; Oui, peut être, elle n’avait pas grandi dans des draps de soie, et n’avait jamais goûté aux épices exotiques de Ma’ek et du grand sud avant son premier repas avec Etius, qui avait grignoté le festin avec autant d’indifférence que s’ils avaient bu la soupe des bouchers.

Elle connaissait pourtant sa valeur - N’avait aucun doute quant à ses facultés. Elle allait leur montrer, à ces porcs habillés comme des princes! Bientôt, Leïa reviendrait, et elle se débrouillerait pour lui faire recevoir l’Onction. En gravissant les marches (Deux à deux, comme à son habitude), elle songeait déjà à ce qu’elle allait déclamer devant At Sahis. L'electeur de la capitale était connu dans le Supremat entier, et sa sagesse était légendaire: Elle savait qu'il la comprendrait, lui.

Oui, elle avait été renvoyée de cours, non pas à cause de son propre manquement, mais à cause de l'ignorance que Telema Féléis semblait pratiquer avec autant de ferveur qu'une discipline. Tout ce qu’elle avait fait, c’était citer les textes que cette nobliaude ne pouvait pas lire, ignare qu’elle était. Lymfan allait changer la mentalité du Séminaire, elle le savait - Les maestros s’étaient embourgeoisés, et elle sentait bien qu’ils étaient plus intéressés par la politique que par la Chimère, par les manières que par les principes. Arrivée au troisième étage, elle continua à se répéter les phrases pleines de verve et de panache qu’elle comptait servir à At Sahis - Angoissant à peine, alors même qu’elle allait rencontrer l’homme le plus puissant du pays, le dirigeant officieux du Suprémat depuis la Déchéance.

Quand elle arriva devant la fameuse porte bleue, un détail la fit pourtant tiquer. C’était une petite porte de bois usé, ou la peinture s’écaillait par endroit - Le loquet était rouillé, l’encadrure, abîmée par le temps. Peut-être At Sahis respectait-il, lui, les principes de dénuement et de modestie que Gabriel avait tenté d’inculquer aux Hommes…? Elle prit une profonde inspiration, et toqua à la porte.

Elle entendit le bruit d’un corps qui se lève, et des pas pesant s’approchèrent du seuil; Puis, la porte s’ouvrit. Une très forte odeur d’excrément et d’urine remplit d’abord les narines de Lymfan, qui plissa le nez de dégoût. Puis, une nouvelle odeur éclipsa la précédente, et une orbe humaine se leva dans l’horizon du seuil - Un obèse morbide, à la peau grasse, qui marinait dans sa sueur. Il avait la bouche légèrement entrouverte, et ses dents, rares et pourries, diffusaient une haleine terriblement fétide. Son sourcil unique se fronça alors, alors que son œil strabique dardait une lumière interrogatrice sur la gamine.

“Qu’estu veux, toi?

  • Je… Je suis censée voir At Sahis?...

L’astre odorant s’esclaffa quelques instants, mais fut vite rattrapé par une toux grasse qui le poussa à cracher un molard jaunâtre aux pieds d’une Lymfan hébétée.

  • At Sahis n’utilise pas ces chiottes-ci, dit-il après que son hilarité soit passée. Son pot d’chambre est au Kymérion. C’est la p’tite Féléis, qui t’envoie, hein…? Bordel. Elle a un d’ces derrière, cel’la. Bon, bah j’suppose qu’elle t’envoie pour m’aider. C’est bien gentil d’sa part. J’dois lui avoir tapé dans l'œil… Enfin, bref. Suis-moi.

Il se retourna sans plus de cérémonie, mais Lymfan ne lui emboita pas le pas.

  • Attendez, je suis élève, ici, moi. Je suis tutellée par l’Avalionne, et…
  • Et alors? Moi aussi, j’suis élève. J’suis l’apprenti d’Cassion Des Hauteurs, MOI, d’pus plus d’quinze vertiges, même. ça m’empêche pas d’faire c’qu’on m’demande - Et si on t’as envoyé ici, c’est forcément pour m’aider. Donc tu la boucles, et tu suis tonton Vortal.

Ainsi, Lymfan passa le reste de la journée à récurrer des pots de chambres appartenant aux maestros du séminaire, que, visiblement, l’obèse ne savait pas entretenir. Il lui déclara qu’il s’appelait Vortal - Qu’il était un homme du peuple, honnête et pieux. Il loua inlassablement ses propres mérites, tout en vidant les seaux de merde dans les canalisations de pierre qui se bouchaient parfois - Il expliqua avec beaucoup de prestige qu’il était un peu le microbe-gardien de cet endroit. C’était sa plus grande fierté que d’être concierge ici - Il était nourri, logé, et percevait même quelques pièces de cuivre de la part des maestros et des apprentis, quand il faisait bien son travail, ou que leurs transits se montraient particulièrement cléments. Il remarqua que Lymfan apprenait vite, et que les mouvements qu’elle faisait pour récurrer les seaux étaient d’une grande précision - Il la complimenta très gravement sur sa manière de rincer la merde, parce que c’était “pas commun, une p’tite fille qu’apprend si vite! Faut qu’j’me méfie, tu pourrais me piquer ma place…”

Notes du Premier Registre

Le Registre estime que, pour utiliser leurs pouvoirs, les maestros doivent entrer dans ce qu’ils appellent “l’Etat”. Quand ils entrent dans cette sorte de transe, ils deviennent capable d’effectuer une variété de miracles que même les mages sont incapables de reproduire. Il semble qu’un élément essentiel de son fonctionnement repose sur la dilatation des pupilles; En effet, un maestro aux yeux crevés n’a plus aucun moyen d’utiliser ses pouvoirs. Leurs yeux reçoivent une Onction qui permet de voir et de contrôler ce que les maestros appellent la “Musique”.

Ces concepts sont difficiles à saisir pour le commun des mortels, mais les quelques maestros qui composent le Registre sont trop têtus pour accepter de nous les expliquer plus clairement… Aussi, le Registre ne peut ici qu’estimer que les maestros sont définitivement des gens aussi bornés qu’agaçants.

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