Bon appétit

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  J'ai à peine touché à mon entrée, un méli-mélo de crustacés et poissons, par contre le vin coule à flot. Verre après verre les voix se font plus fortes, un brouhaha incessant couvre les conversations et emplit la grande salle. Nous parlons de tout et de rien, la conversation se focalisant surtout sur la magnifique mannequin russe en face de moi, une beauté froide qui n'a pas le quart du charme ensorcelant que possède Tania. Après l'entrée « de la mer » comme l'indique le menu, un magnifique morceau de viande rouge nous est servi accompagné de quelques légumes et pommes de terre. Je mâche sans appétit une bouchée de viande et fais glisser le tout d'une grande gorgée de champagne quand soudain le silence se fait. Plus le moindre tintement de couverts sur les assiettes, plus d'éclats de voix, plus de verres qui s'entrechoquent à la santé d'un tel ou d'un tel. La cacophonie ambiante est peu à peu remplacée par de légers murmures alors qu'un contingent d'hommes en costumes noirs prend possession des lieux. Certains portent une arme automatique en bandoulière.Le doigt posé sur la gâchette ils prennent position autour des tables. Je vous jure les mecs, j'y suis pour rien dans ces histoires de drogue ,me dis-je à moi-même sous l'effet d'une remontée chimique provoquée par l'apparition de cette armée. Puis, apparaît au bout des tables entouré de plusieurs officiels et de ses gardes, le big boss, le père de la patrie, le guide suprême, le président quoi.

Il déambule d'un air détendu mais solennel, saluant tour à tour les invités et échangeant quelques mots avec les convives les plus importants. Lorsqu'il arrive à ma hauteur je ne sais même pas si je me pose la question sur le moment ou si je me suis persuadé plus tard que mon geste était le fruit de cette réflexion « est-ce que ce simple couteau à viande que je tiens dans la main peut changer la face du monde, changer la destinée de millions de personnes ? ». Je me lève, lui tend la main droite afin d'échanger un salut amical au dessus de la table, l'attire à moi, il me regarde à peine notre poignée de main lui offrant une parfaite vue plongeante sur le décolleté de la mannequin Russe. Puis, comme mû par une autre entité, tenant fermement le couteau à viande, ma main gauche le frappe en pleine gorge. Sang, cris, odeur de poudre, douleur, sommeil. Fin de l'histoire.

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