fin de visite

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- Voilà, vous savez tout. Et si cette histoire ne vous plaît pas, honnêtement j'en ai plus rien à foutre, dis-je en soutenant le regard noir de costume gris. Quand à la suite je suppose que vous en savez beaucoup plus que moi.

Costume gris laisse planer un silence de plusieurs secondes rythmé seulement par le pianotage de clavier de son collègue, puis lorsque le bruit des touches cesse il prend la parole.

- Nous en avons terminé pour aujourd'hui, nous vous recontacterons peut être dans quelques jours. C'est bon pour vous docteur?

- Oui, tout à fait j'ai terminé, répond le mec qui est donc docteur, au-revoir Mr Grotoski, tenez bon, nous reviendrons.

- Rien n'est sûr , lui répond costume gris durement.

Ce soir-là, les jours suivants (et les nuits), les G.O. s'en donnent à cœur joie apparemment irrité par la venue de mes deux visiteurs. Une avalanche quotidienne de coups ponctuée de rires gras et d'insultes en mauvais anglais. J' en déduis que l'interdiction de m'adresser la parole est levée. Un matin, pourtant, je suis conduis à l'infirmerie dans un état que l'on peut qualifier de pitoyable. J'aperçois mon reflet dans le miroir accroché au-dessus du lavabo, jauni par les années et le non-respect d'une règle d’hygiène de base telle que laver le lavabo après y avoir jeté des dizaines de compresses imbibées de sang .Je reconnais à peine le visage qui me fait face, une large barbe cache avec peine les teintes violacées ou bleuâtres de ma peau. Traîné sur un lit je profite pour la première fois de soins médicaux, si l'on excepte bien sûr l'extraction (sans anesthésie) de deux projectiles de 9 mm de mon épaule et de ma cuisse, j'étais tombé dans les vapes en quelques secondes. Quel bonheur quand je constate que la petite infirmerie possède non pas une, mais deux fenêtres, je peux suivre la course de la lumière filtrant à travers les rideaux, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps. Je peux dire avec certitude que trois jours se sont écoulés.

  Le quatrième jour un gardien entre et me jette un rasoir sur le lit puis sort de l'infirmerie. Il attend sans doute derrière la porte impatient d'entendre les sons humides que je pourrais pousser en me tranchant la gorge . Je me lève tranquillement pour me raser devant le miroir.

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