- Mesdames et messieurs bonjour , Je suis très heureux d’être de retour sur le sol français (une salve d'applaudissement se fait entendre parmi la vingtaine de journaliste présent). Je tiens tout d'abord à remercier les autorités françaises qui ont permis mon rapatriement après des mois d’incarcération dans des conditions difficiles. Le président à pris personnellement en charge mon dossier et je ne le remercierai jamais assez pour le soutien que lui et son équipe m’ont apporté tout au long de cette épreuve.

  Je marque une pause, c'est pas mon genre de cracher dans la soupe mais là c'est tout de même un peu dur à avaler « le soutien » apporté se résumant à ......rien. Faignant le dit « soutien » le colonel me presse fermement le bras.

- On sait que l'émotion doit être grande, prenez tout votre temps, dit t-il en exerçant une pression douloureuse sur mon biceps m'intimant sans équivoque de continuer.

- Je tiens à remercier également toutes les personnes à travers le monde qui par le biais des réseaux sociaux ont exprimé le vœu de me voir revenir sain et sauf dans notre belle République Française. Grâce à votre mobilisation et l'appui indéfectible du gouvernement français ce vœux à pu être exaucé. Je suis très ému et très fatigué donc je ne répondrai à aucune question pour le moment. Merci encore à tous. Vive la France. Au revoir.

  Un brouhaha anime l'assemblé des journalistes, les questions fusent tel des aboiements. Le porte parole du gouvernement prend place sur la petite scène improvisé où je me trouvais quelques secondes plus tôt, d'un signe de la main il fait appel au calme.

- L'état de santé de Mr Grotoski nécessite quelques examens et il doit surtout se reposer, je vous demanderais donc de respecter son intimité pendant quelques jours. Il reviendra vers vous lors d'un entretien officiel dont nous n'avons pour l'instant pas fixé la date. Sous réserve de ne pas aborder les détails pour l'instant confidentiels de cette libération je suis prêt à répondre à quelques- unes de vos questions.

- Nous avons appris hier l'arrivée de Mr Grotoski, depuis combien de temps étiez vous en négociation avec le gouvernement russe ? demande un journaliste qui a joué des coudes pour se faufiler au premier rang.

- Depuis le début, la France avait pris contact avec la Russie pour s'assurer de l’intégrité physique de Mr Grotoski ainsi que de la bonne tenue de son procès. Comme vous le savez, suite au chaos provoqué par la disparition du président russe, le procès n'a jamais eu lieu et ne pouvait se tenir avant encore plusieurs mois. Compte-tenu des conséquences inattendues que son acte a entraîné, nous avons tout mis en œuvre pour que Mr Grotoski bénéficie de la protection de la France. Quelques groupes armés se revendiquant fidèles à l'ancien président ont mis sa tête à prix et tentent de prendre le pouvoir par la force, sa sécurité ne pouvait donc pas être assurée sur le sol Russe. En accord avec les autorités militaires et le gouvernement provisoire Russe nous avons donc procédé à son rapatriement .

- Un procès aura-t-il lieu en France ? demande un autre journaliste.

- Mr Grotoski n'a commis aucun acte répréhensible sur le sol français, sa mise en accusation ne peut émaner que des autorités russes. Comme je le disais précédemment le climat politique en Russie ne le permet pas à l'heure actuelle, il était donc illégal de garder Mr Grotoski en détention sans qu'une accusation et une sentence formelle ne soient établies.

- Que répondez-vous à ceux qui accusent la France et les États-Unis d'avoir orchestré l'effondrement de la Russie en commanditant cet assassinat ?

- Cela sous-entendrait que Mr Grotoski était en relation avec le gouvernement français avant son entrée sur le territoire russe et que son acte était prémédité ce qui n'est absolument pas le cas. En faisant correctement votre travail vous découvrirez que Mr Grotoski est une personne ordinaire ayant exercé plusieurs emplois mais n'ayant jamais reçu un entraînement ou des consignes relatives à ce genre de mission. Ce sera tout pour aujourd'hui, je vous remercie pour votre présence, conclut le porte parole du gouvernement.

Une clameur monte de l'assistance pour signifier que de nombreuses questions restent encore sans réponse. Voyant que l'agent technique occupé à démonter la scène ne leur en apportera pas, les journalistes finissent par se disperser. Dans la berline noire me conduisant à l’hôtel j'éteins la tablette où j'ai pu suivre la conférence en compagnie du Doc et du Colonel.

- C'est un bon début, annonce le Doc, vous avez quartier libre jusqu'à demain.

- Toutefois ne vous avisez plus de douter de ce que l'on vous dit de dire, ajoute le Colonel.

Nous constatons en arrivant à l’hôtel qu'un petit attroupement s'est formé devant l'entrée .

- Je pensais que personne n'était au courant de notre destination, nous allons prendre l'entrée de service dans l'autre rue, indique le Colonel au chauffeur de la berline.

- Qui sont ces gens ? dis-je.

- Des fans, Mr Grotoski, vous êtes une célébrité désormais il va falloir vous y faire, me répond le doc dans un grand sourire. Je pense qu'il serait préférable de rester à l’hôtel jusqu'à demain, désolé, pas de Paris by night ce soir.

- Un lit et un bon repas me combleront amplement.

  La première bière prise au bar de l'hôtel me fait l'effet d'un shoot d'alcool directement injecté dans le cerveau. Quel bonheur de reboire pour la première fois. Après une belle entrecôte et des frites arrosées d'un délicieux Côtes-du-Rhône je suis au paradis. A peine le temps de profiter de la sensation douillette d'un lit propre que déjà mes ronflements résonnent contre les murs de la chambre.