Victimes 2

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Un mois.

Il m'a fallu un mois pour revenir à une vie relativement normale. J'avais passé ces trente jours enfermée dans ma chambre, dans le noir. Je ne voulais voir personne. Je mangeais ce que mes frères me laissaient sur un plateau devant ma porte. Je ressassais tellement toutes les injustices de ce monde que je souffrais de terribles migraines.


Puis un matin j'étais sortie, lavée et habillée. Personne n'a compris ce qu'il s'était passé dans ma tête. Je repris mon travail d'aide à domicile et de fleuriste. Me mettant dans la peau de Madame-tout-le-monde, comme à mon habitude.


Les semaines passèrent rapidement. Avec une partie de mon héritage j'avais investit dans un alambic que j'avais placé dans mon garage.

J'avais toujours rêvé de distiller des plantes, et surtout, des plantes mortelles. Ma préférée, le laurier rose qui poussait en masse un peu partout autour de chez moi. Quelques digitales de temps en temps, du muguet en mai et de l'hellébore en hiver.


Je ne savais jamais ce que l'avenir pouvait me réserver. Et je ne m'attendais pas à faire mes prochains meurtres aussi rapidement après le premier.

Cela me démangeait depuis un moment.

Je me rendais deux fois par semaine chez un couple pour qui je devais faire l'entretien de la maison et du linge. L'un comme l'autre étaient odieux. Elle m'avait déjà violenté physiquement, me saisissant le poignet fortement un jour, puis le lendemain me frappait l'épaule ou derrière la tête. Je maîtrisais toujours ma colère et ma violence. J'avais fait remonter plusieurs fois l'information à l'administration.

Mais comme toute administration, le rendement, l'argent, le reste n'a pas d'importance. Seulement, ils ignoraient tous que j'étais sur le fil du rasoir à deux doigts de craquer...


Ce matin-là, la goutte d'eau a fait déborder le vase.

Venant chez eux pour le ménage, la vieille m'accusa de ne pas être à l'heure et que je repartirai plus tard pour étendre le linge. Ce à quoi le vieux ajouta « oui après tout ce n'est pas grave si tu rentres plus tard chez toi vu que plus personne ne t'attend ».

La colère avait serré ma gorge. Je ne tardais pas à écouter leurs insultes et me mis au travail. Plus tard dans la matinée alors que je passais la serpière, la vieille s'avança derrière moi et faillit glisser. Comme elle avait eu peur, elle commença à me frapper très fort dans le dos, le laissant sûrement des marques.

Et là, s'en était trop. La cave étant ouverte, je me retournai, contrai ses coups avec mes mains en lui saisissant les bras. Je la fis basculer et la poussa dans les escaliers. Cela fit un énorme fracas et elle poussa un grand cri. Je me précipitai en bas des escaliers pour être certaine de ne pas avoir loupée mon coup. Du sang s'écoulait dans les joints du carrelage, formant une flaque carmin. Sa tête était amochée à l'arrière et ses membres devaient être brisés. Elle me regarda avec terreur. La dernière lueur de vie quitta ses yeux, dans lesquels mon sourire sadique se reflétait.

J'inspirais un grand coup, arborant un regard terrifié. La mari étant en train de hurler à l'étage, je me précipitai pour lui dire d'alerter les secours, pendant ce temps, j'en profitai pour téléphoner à l'association d'aide à domicile pour laquelle je travaillai. Puis vérifiais bien qu'il n'y avait aucune trace de lutte, permettant aux autorités de conclure à l'accident domestique.

Je dis au vieux qu'elle avait glissé avec le sol mouillé. Par chance, les traces le confirmant, les pompiers et la police dépêchés sur place n'eurent pas de doute la-dessus.


Je fus arrêter une semaine pour cause de « choc traumatique », me permettant de mettre en place la suite de cette homicide, me faisant jubiler depuis longtemps...


Cinq jours plus tard, avec une paire de gants en latex, une charlotte pour enfermer mes cheveux et une longue veste, je revins en vélo pour être le plus discrète possible.

Sachant que le vieux ne fermait jamais la porte à clef, j'enlèvai mes chaussures à l'entrée, mis des surchaussures d'hôpital, puis me glissai dans sa chambre. C'était un homme qui avait eu des gros problèmes cardiaques dans sa vie. La méchanceté devait le ronger de l'intérieur...

Je lui fis une grande injection de laurier rose entre les doigts de pieds. Il ne se réveilla pas puisqu'il prenait toujours un somnifère pour dormir. J'attendis un moment avant de partir, vérifiant qu'il n'y avait plus de poul. Je fus satisfaite lorsqu'il n'y eut plus de battement. Je fis un constata de décès à 1h16 et m'empressai d'enfourcher mon vélo pour le noter dans mon journal.


Mes nuits furent très douces les jours suivants. Je lus dans le journal un matin, que le vieux avait été retouvé mort dans son lit par une voisine. Tout le monde conclue que le pauvre homme avait rejoint tranquillement sa femme.

Grand bien leur fasse...


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