Victime 5

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Un mois plus tard, ma meilleure amie sortait de l'hôpital. Elle allait heureusement beaucoup mieux.

Le« suicide » de l'ingénieur avait révélé plus d'une sombre affaire à son sujet, me confortant dans mon geste. Fanny n'était pas la première qu'il menait en bateau. L'une des filles avait même porté plainte pour viole sans qu'il n'y ait de poursuite. Il était aussi directeur de plusieurs abattoirs maltraitant les animaux avant de leur insuffler la mort. De plus, il avait perdu beaucoup d'argent au poker, laissant sa famille sans le sous et criblée de dettes.

Je repris le cours de ma vie relativement normalement. Ma soif de sang s'était calmée après mon dernier homicide. Jusqu'à ce que ma patronne fleuriste vienne se confier à moi...

Alors que nous fermions le magasin un samedi soir, elle m'avoua qu'elle risquait de fermer boutique car son comptable estimait qu'elle ne gagnait plus assez pour renflouer ses caisses.

Étonnée,en rentrant chez moi je fis quelques recherches sur le-dit comptable.

Je parvins à trouver des informations plus que douteuses à son sujet.

Il se félicitait, dans un article vieux de quatre ans, d'avoir fermé plusieurs magasins de quartier pour faire construire un immense centre commercial.

L'argent appelle l'argent puis le pouvoir...

Je lus dans un article parallèle qu'un cordonnier s'était suicidé quelques mois plus tard. Les journalistes et les autorités avaient immédiatement fait le lien avec la fermeture des magasins mais le comptable avait nié connaître le cordonnier.

Le pauvre comptable avait aussi eu deux incendies dans ses locaux à un ou deux ans d'écart. Pour les assurances ou pour faire disparaître certains dossiers compromettant, je me doutais que les deux étaient possibles.

Plus j'avançais dans mes recherches et plus je compris que nous avions affaire à un homme très malhonnête.

La semaine suivante, l'état de ma patronne s'était aggravé. Les cernes sous ses yeux gonflés en disaient long. Elle m'avoua être au bord du burn-out.

Mon sang ne fit qu'un tour, me faisant serrer les poings et les mâchoires.

La boutique fonctionnait très bien et nous avions une grosse clientèle.Il était impossible que les choses se soient dégradées aussi rapidement.

À la pause de midi, j'allais interrogé le boucher à côté, qui me confirma qu'il avait le même problème alors qu'il gagnait bien.Apparemment les taxes n'avaient cessé d'augmenter depuis quelques années.

Tout ceci fut aussi approuvé par la libraire de notre rue.

Je préparai mon plan d'attaque. Au vu de tout ce qui avait été dit,le comptable allait recommencé ce qu'il avait fait quatre ans auparavant.

J'avais repéré son bureau qui était en centre ville. Il était divorcé et ses enfants étaient adultes et loin. Parfait ! La victime idéale, personne ne s'inquiéterait trop rapidement de son absence.

Un soir, après mon dernier patient, je filais au pied de son immeuble.Le bureau

était allumé signifiant qu'il y était encore. Je m'en frottais les mains.

J'attendis une demi-heure dans ma voiture avant de le voir sortir. Il ne payait pas de mine. Un petit bonhomme rondouillard avec les cheveux grisonnants. Comme quoi, vraiment, l'enfoiré est monsieur tout le monde.

J'attendis qu'il me devance un peu pour ne pas éveiller ses soupçons. Il n'avait pas l'air tranquille étant donné qu'il regardait régulièrement autour de lui.

Il habitait deux rues derrière son bureau dans une maison style Corbusier, démontrant qu'il gagnait très bien sa vie.

Je me garai un peu plus loin. Pris mon sac à dos avec tout le nécessaire et sonnai chez lui. Il ouvrit la porte avec un air suspicieux. Je lui expliquai que je venais d'aménager dans le quartier et que mon chat s'était échappé à l'arrière de sa maison.

Il me demanda d'attendre-là et ferma la porte, mais pas à clef...

Comptant cinq secondes dans ma tête, le temps d'enfiler ma charlotte mes sur-chaussures et mes gants. Je pénétrai dans la demeure et attendis sagement qu'il revienne.

Il fut surpris de me voir dans l'entrée. M'observant des pieds à la tête, je lus dans ses yeux qu'il avait compris.

Il n'eut pas le temps de se précipiter sur le téléphone, je l'immobilisai, lui faisant une clef de bras puis lui donnant un coup à la tête avec ce qui me tomba sous la main, une petite Vierge en granite... Vraiment pas fait exprès !

Je n'avais pas frappé assez fort pour l'assommer mais suffisamment pour le faire saigner. Il paniqua, me demandant ce que je voulais.

Je lui expliquai tranquillement la raison de ma présence, le faisant trembler d'avantage. Me priant de l'épargner et de prendre l'argent dans son coffre. Son comportement m'exaspéra. Je me dépêchai de lui injecter la dose dans le cou et attendis que le poison fasse son effet. Après avoir pris son pouls, je fis bien attention de retirer toutes mes affaires en dehors de la maison. Vérifiant qu'il n'y avait aucun témoin, je rejoignis ma voiture et rentrant chez moi.

Le lendemain soir, mon frère me prévint qu'il y avait eu le meurtre d'un comptable. La secrétaire ne le voyant pas arriver au travail s'était inquiétée qu'il ne lui soit arrivé quelque chose, elle s'était rendu chez lui et l'avait trouvé au sol, mort. Les journalistes parlaient de vengeance à cause de ses affaires frauduleuses et tout ce qui avait été enterré les années plus tôt, ressurgit.

Ma patronne prit soin de trouver un vrai comptable et prit quelques jours de repos, cette histoire l'ayant beaucoup accablée.

La police passa à la boutique pour nous interroger tous. Nous demandant de les prévenir si nous nous rappelions de quelque chose de suspect. Bien entendu, personne n'avait rien vu ni entendu, me facilitant la tache.

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