80. Le renvoi

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Pdv de Jeff

Je supporte de moins en moins de voir Ely avec Dylan. Elle ne fait plus aucun effort. Je me dois de prendre une décision difficile. Ce sera le premier échec depuis la création de notre structure ouverte pour les jeunes difficiles ou placés. J'ai un sentiment de honte devant cet échec. Je ne suis plus fait pour être à la tête de cette école. Je vais devoir trouver un remplaçant.

Je n'accepterai jamais l'affront d'Ely. Soit je démissionne de mon poste, et je change d'horizon, soit je la renvoie dans une nouvelle structure. La rage me gagne, je ne sais même plus ce qui est bon ou non pour elle. Dois-je lui trouver une structure plus sévère ou moins sévère ? Je vais devoir justifier ce renvoi. Je ne peux pas dire que c'est à cause de mes sentiments pour Ely. Les questions me tournent dans la tête à toute allure.

Je suis interrompu par un lieutenant qui vient se plaindre du comportement une fois de plus d'Ely.

- Colonel Jeff, vous devez trouver une solution, Ely est de plus en plus ingérable. Elle insulte tous les instructeurs et se moque de nous à la moindre occasion. Nous ne pouvons pas continuer dans ces conditions.

- Je réfléchis justement à la renvoyer. Ely est un élément perturbateur et crée de l'agitation au sein de la structure.

En prononçant ces paroles, j'ai le cœur brisé. Je repense à Fred, et sa demande. Je ne suis même pas capable d'assurer ses dernières volontés. Je me sens si seul sans mon ami, celui qui m'a épaulé dans les bons comme dans les mauvais moments.

- Vous êtes sûr, jamais nous n'avons abandonné une de nos recrues. Je pense que nous pouvons trouver d'autres solutions avant d'envisager le renvoi.

- Nous avons déjà tout essayé.

Je ne suis même pas convaincu par mes propres paroles. Je suis au fond du gouffre. Je l'aime, elle ne peut pas rester une minute de plus sous mes yeux. Elle met en danger tout notre travail. Je ne suis plus l'instructeur qui a du cran, que les recrues craignent car elle passe son temps à me discréditer auprès de ses camarades, juste pour se rendre intéressante.

- Je pense que nous devons encore essayé, vous savez ce que signifie ce renvoi.

- J'en prends l'entière responsabilité. Ely quittera ces lieux, et le plus tôt sera le mieux.

- Bien, comme vous le désirez mon Colonel.

- Je la veux dans mon bureau à 14 heures précises.

Je viens de mettre fin à mon entrevue avec mon lieutenant. J'ai bien vu qu'il ne comprenait pas mon choix. Mais mon amour est plus fort que mon objectivité. Je ne peux pas risquer toutes ces années de travail acharné pour une fille qui en n'a rien à faire de moi. Elle s'est servie de moi, c'est inadmissible.

Je compose le numéro du juge pour trouver un nouvel endroit pour Ely. Je suis sidéré quand il m'annonce la remise en liberté d'Ely. Il n'a pas de place pour elle. J'avoue avoir dressé un portrait d'une jeune fille sage que je ne peux garder par rapport à la sévérité de notre établissement. J'ai beau négocié pour trouver un endroit décent pour elle, le verdict est sans appel, Ely doit quitter l'établissement ce soir.

Mais qu'est ce que j'ai fait ? Ely va être livrée à elle-même.

PDV d'Ely

Je retrouve Dylan à la sortie du dortoir. Il m'attend comme tous les matins depuis que je suis avec lui. Je pensais que le Colonel Jeff réagirait mais je ne récolte que mépris de sa part. Mais pourquoi il ne voit pas que je le provoque ouvertement ? Pourquoi il ne voit pas mon amour à son égard ?

Je suis prête à tout pour qu'il revienne. Je voulais seulement lui donner une leçon vis à vis de la nuisette d'une de ses ex. Et si cette nuisette n'avait jamais appartenu à ses ex ? Et s'il l'avait acheté pour moi tout simplement ? Après manger j'avouerai tout. En tant que soumise je sais que je serai punie. J'ai été trop loin. Je dois aussi dire la vérité à Dylan. Mon manège me ronge, je rends tout le monde malheureux. Je l'aime tellement.

J'entre en cours, le lieutenant se dirige vers moi. Pourtant je suis à la place que le Colonel Jeff m'a attribué.

- Le colonel veut vous voir à 14h précise dans son bureau.

- Oui lieutenant, j'y serai.

Le lieutenant est étrange, je le trouve calme et ému. Je dois me faire des idées.

Pendant les heures de la matinée, je compte les heures qui me rapprochent de la vérité. J'ai répété plusieurs fois ce que je vais dire au Colonel pour qu'il devienne mon Maître. Je le veux, je l'aime, je n'ai plus aucun doute. Je ne pense qu'à lui même quand je suis dans les bras de Dylan.

Je l'imagine m'imposer de me mettre en position d'attente, me tourner autour en réfléchissant à la punition qu'il va me servir pour toute cette mascarade à cause d'une nuisette.

Je surveille la grande horloge de la cour. Je n'ai pas beaucoup mangé ce qui n'a pas échappé au lieutenant qui surveillait le réfectoire ce midi. Mais il n'a rien dit. C'est de plus en plus bizarre, habituellement, je ne m'en serai pas sorti ainsi, et j'aurai dû retourner m'asseoir pour le terminer. La boule au ventre je frappe à 14 heures pile à la porte du Colonel. J'ai peur de sa réaction.

Il a le visage froid, celui qu'il abordait avec moi à mes tout débuts ici. J'attends son autorisation pour prendre place. Quand je réfléchis, et que je vois son expression, sa convocation n'a rien de rassurant.

Je perds toute mon assurance et j'attends le motif de ma convocation.

- Ely, ne vous asseyez pas, ce ne sera pas long.

Je suis étonnée par l'intonation qu'il emploie. Ce n'est plus le Jeff que je connais, c'est le colonel qui me parle. Je sens que la suite ne va pas me plaire. Je n'ose plus rien dire.

- Oui mon Colonel.

Il me regarde droit dans les yeux avant de poursuivre.

- J'ai appelé le juge, tu es libre cet après-midi. Je t'ai trouvé un foyer pour jeune ainsi qu'un lycée pour la poursuite de tes études.

Je ne comprends plus rien, mais qu'est ce qu'il raconte, je me laisse tomber sur la chaise. Je m'effondre, je ne veux pas, je voulais tout arranger.

- Tu peux aller faire tes valises, le lieutenant Nathan t'accompagnera dès que tu sera prête. Tout est déjà réglé. Je compte sur toi, pour te construire tu en es capable. Je te souhaite une bonne continuation. Vous pouvez disposer.

Il se tourne vers sa fenêtre en attendant que je sorte. Je suis anéantie, vidée. Jamais je ne m'en sortirai. En fait, il n'avait aucun sentiment pour moi, je n'étais qu'un jouet.

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