Chapitre III

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De retour chez moi, après avoir tranquillement dîné dans un mes restaurants fétiches, je me dirigeai vers le salon où je remarquai la télévision allumée. Curieux, il me semblait l’avoir éteinte avant de partir.

« Scandale à Paris, entendis-je, un tableau de l’exposition estivale temporaire sur les autoportraits du musée d’Orsay a été volé. Il s’agit plus précisément d’une œuvre de Georges Caneton, célèbre peintre du XVIIème siècle. Tout de suite le reportage de notre journaliste… ».

Puis l’écran s’éteignit. Déjà suffisamment choqué par l’information que je venais d’apprendre, je le fus encore plus en découvrant sur le canapé situé en face de la télévision une mince silhouette.

« Ah Nicolas, lança une voix, je t’attendais… »

Un long frisson parcourut alors tout mon corps. Cette voix me paraissait mielleuse, étrange…Comme si le diable parlait !

Soudain, la silhouette se leva, puis me fit face.

Et à cet instant je restai figé.

La personne que je découvris en face de moi était celle que je ne pensais jamais rencontrer : George Caneton lui-même !

Mon cœur battit la chamade. Mais comment se fit-il…Une phrase surgit alors dans mon esprit : « Mis à part être peintre, Georges Caneton s’intéressait aussi à la magie… »

Bon sang, ne me dites pas qu’il avait ressuscité par magie! Pincez-moi, je rêve ! Ce que je fis aussitôt, et il en résulta une grande douleur au bras. Non, apparemment, je n’hallucinai pas : George Caneton en personne se tenait à quelques mètres devant moi, un objet étincelant dans sa main droite.

Et cet objet, je le reconnus : il s’agit du rasoir, pointé vers moi ! Comme un poignard !

La sueur perla à mon front. Je comprenais maintenant le destin funeste qui m’attendait.

Pendant ce temps, mon adversaire, immobile, me fixait calmement de ses yeux diaboliques, son rictus démoniaque aux lèvres. Puis il prononça cette phrase qui m’eût de nouveau glacé le sang :

« Ah Nicolas, nous voilà enfin face à face…

– Vous devez faire erreur, rétorquai-je d’une voix tremblante.

– Non, non, je ne pense pas : vous êtes bien Nicolas Pinson, où devrais-je dire le descendant de Nicolas Poussin !

– Comment ?! Mais pas du tout !! Tenez, j’en ai la preuve ! »

Je sortis de ma poche mon portefeuille où se trouvait ma carte d’identité et, à ma grande stupeur, je m’appelais bien Nicolas Pinson ! Non ! Non ! Ce n’était pas possible ! Je rêvai forcément ! Il fallait que je sorte de ce cauchemar ! Il fallait absolument que je m’y évade !

« Voyez, continua mon interlocuteur, je ne me trompe jamais : vous êtes bien Nicolas Pinson et, malheureusement pour vous, je dois vous tuer.

– Mais vous êtes fou ! Arrêtez ! Je ne vous ai rien fait !

– Oh que si Pinson, vous avez commis une grave erreur et allez devoir mourir pour en payer les conséquences : votre aïeul a causé la mort de mon maître en épousant sa femme. Sa vengeance sera terrible, et il m’a créé pour l’exécuter !

– N’importe quoi ! Vous n’êtes qu’un vulgaire personnage de tableau ! Vous n’existez pas ! Seul moi vous vois et vous imagine !

– C’est ce que nous allons voir, assassin. Meurt pour avoir tué mon maître ! »

Puis sur ces mots il se rua droit vers moi, le rasoir en avant. J’esquivai aussitôt son attaque, lui arrachai vivement l’arme de la main pour la lui planter directement dans le bras droit. Le pseudo George Caneton poussa alors un cri atroce, assourdissant, avant de s’écrouler sur le sol, inconscient. Dorénavant, je me sentis soulagé. Cependant, à ma grande frayeur, j’ignorais le phénomène suivant : l’ennemi blessé que je pensais avoir vaincu avait recouvert ses forces assez rapidement. Et quand il s’était tenu devant moi, son ignoble rictus rayonnant toujours sur son affreux visage, je constatai que la blessure que je lui avais infligée avait complètement disparu ! L’angoisse s’empara à nouveau de moi. Je sentis mes mains tremblantes devenir moites. Mais comment fut-ce possible ? Par quels moyens cette blessure avait-t-elle pu se volatiliser en aussi peu de temps ? Ce n’était tout de même pas ce sortilège qui…

Comme je m’attendais à une nouvelle offensive de mon adversaire, je tournai rapidement les talons, puis une fois monté à l’étage essoufflé, je m’enfermai dans ma chambre à double tour. Je plaquai aussitôt mon oreille contre la porte. J’entendis le souffle rauque de mon poursuivant. Le bruit s’éloigna ensuite petit à petit, puis, plus rien. Je poussai alors un grand soupir de soulagement. Dorénavant, je n’avais plus rien à craindre et pouvais me coucher en toute tranquillité. Il n’existait plus aucune issue possible : ma chambre était complètement barricadée. L’ennemi devait obligatoirement abandonner.

Ravi, je m’apprêtais à m’allonger dans mon lit quand un étrange bruit parvint à mes oreilles. Semblable à une respiration animale.

Je tournai délicatement la tête et poussai un cri. George Caneton ne m’avait toujours pas quitté ! Son rasoir effleurait délicatement mon cou. Et ses yeux diaboliques me fixaient, avec son sempiternel infâme rictus.

« Vous devez mourir, lança-t-il de sa voix inquiétante, ne l’oubliez pas ».

Et ses dernières paroles prononcées, la créature se jeta sur moi.

***

Je me réveillai en sursaut. Mon cœur battait à une vitesse infernale. Mon corps était en sueur. Quel cauchemar épouvantable! George Caneton, ou plutôt son autoportrait, avait tenté de m’assassiner cette nuit dans ma chambre ! Heureusement, tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Je regardai mon réveil. Onze heures et demie ! Déjà !

À peine eus-je le temps de me lever qu’on sonna à la porte. Allons bon, de quoi s’agit-il ?

J’enfilai alors ma robe de chambre et rejoignit l’entrée. J’ouvris. Un livreur, un paquet à la main, se tenait devant moi.

« M. Paul H. … ?

– Oui c’est pourquoi ?

– Pour vous.

– Merci, mais de la part de qui ?

– Il me semble que le nom est inscrit sur le colis. Je vous laisse regarder tout cela en détail. Bonne journée. »

Puis il partit. Pendant un court instant, j’eus l’impression d’avoir remarqué un étrange sourire se dessiner sur ses lèvres…

Curieux, j’ouvris délicatement le paquet. Et à ma plus grande stupéfaction, je découvris l’autoportrait de mon rêve ! Non, pas possible ! Je l’examinai de plus près. Même traits, même nom. De plus, il me fixait avec ce rictus et ses yeux diaboliques qui me glacèrent le sang. Incroyable… ! Mais comment… ?

Au moment de refermer la porte, le téléphone sonna brusquement. Intrigué, je décrochai :

« Allô M. Paul H. … ?

– Oui, j’écoute ?

– Police monsieur, nous venons vous arrêter pour le vol d’une œuvre d’art du musée d’Orsay ! »

Abasourdi, je raccrochai.

J’aperçus alors un fourgon de police garé devant mon immeuble.

Et ainsi les ennuis commencèrent…

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